Pour autant, dès le lendemain de leur revers subi à Kiev, les présidents Cyril Ramaphosa de l’Afrique du Sud, Macky Sall du Sénégal, Hakainde Hichilema de la Zambie et Azali Assoumani des Comores (actuel président en exercice de l’Union africaine) sont allés à Saint-Pétersbourg ‘’plaider la paix auprès du président russe’’. Ils étaient accompagnés des représentants de leurs homologues du Congo, d’Ouganda et d’Egypte.
Conscients que leur démarche était vouée à l’échec, pourquoi ont-ils continué leur ‘’mission’’ en Russie? N’y aurait-il pas une autre raison à leur randonnée? L’évidence est la dépendance des pays africains du blé et de l’engrais des deux belligérants. 16 pays du continent noir dépendent à plus de 56 % du blé de l’Ukraine et/ou de la Russie. 26 autres n’ont pas encore atteint ce niveau de dépendance. Idem pour les engrais russes et ukrainiens qu’ils sont nombreux à importer.
Les enjeux sont donc très importants pour l’Afrique. Si leurs dirigeants n’interviennent pas auprès de ces deux grands producteurs mondiaux, les pays africains risquent d’être sevrés de centaines de milliers de tonnes de blé et d’engrais ! Donc affamés !
Ainsi pour de nombreux analystes, c’est plutôt pour des intérêts africains que nos dirigeants se sont rendus chez Zelensky et poutine. Même si l’initiative de la tentative de ‘’médiation africaine’’ est censée être le fruit de plusieurs mois de travail, avec l’appui de Jean-Yves Olivier de la Fondation Brazzaville et du Sud-africain, Ivor Ichikowitz. Lequel se présente comme un philanthrope par le biais de la Fondation qui porte son nom, alors qu’il dirige également le groupe d’armement Paramount Group.
La real politik nous amène à admettre que la mission des Chefs d’Etat africains à Kiev et Saint-Pétersbourg vise plutôt l’obtention d’un accord sur les céréales et fertilisants russes et ukrainiens. Espérons que leurs efforts ne seront pas vains. Et que les cargaisons ne soient pas cette fois-ci détournées par des pays occidentaux aussi nécessiteux !