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Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de la cma sur les 8 ans de l’accord : “L’application de cet Accord peut réellement mettre fin à ces rébellions cycliques”
Publié le jeudi 22 juin 2023  |  Mali Tribune
Réunion
© aBamako.com par Momo
Réunion de niveau décisionnel des parties maliennes à l`Accord d`Alger
Bamako, le 08 février 2021. Le Giz, la Minusma et le ministère malien de la Réconciliation nationale ont ouvert à l`hôtel Radisson, une réunion dite de niveau décisionnel des parties maliennes à l`Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d`Alger, sur certains aspects de Défense et de Sécurité
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Mohamed Elmaouloud Ramadane
Huit ans après sa signature, l’Accord de paix issu du processus d’Alger continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Quels sont ses acquis ? Qui est à l’origine de la non mise en œuvre de l’Accord ? Comment relancer cet Accord qui est censé mettre fin à des décennies de rébellion au Mali ? Mohamed Elmaouloud Ramadane, porte-parole de la CMA, répond à nos questions. Entretien.

Mali Tribune : L’Accord de paix entre dans sa 8e année consécutive. Quels sont les acquis ?

Mohamed Elmaouloud Ramadane : Les acquis sont la non-belligérance entre les parties signataires. Depuis, les mouvements signataires ne se sont jamais attaqués aux Forces armées maliennes. Donc c’est un acquis. Mais il faut noter que les objectifs principaux de cet Accord restent très loin d’être atteints surtout sur les piliers politico-institutionnels et défense sécuritaire.

L’Accord, lorsqu’il a été signé a nourri beaucoup d’espoir pour la population malienne en général et particulièrement celle des régions du Nord croyant qu’il va mettre fin aux problèmes et qu’elles vont en récolter les dividendes de la paix. Malheureusement, nous sommes toujours au point de départ. On peut dire que les acquis sont minimes, mais il reste beaucoup à faire. Je pense que les parties signataires doivent faire de la mise en œuvre de cet Accord leur priorité, car beaucoup de problèmes trouveront leurs solutions dans cela. Sur le volet politico-institutionnel et pendant tout ce temps, le gouvernement nous a fait savoir qu’il ne peut pas être mis en œuvre tant que la Constitution n’est pas révisée. Aujourd’hui, une nouvelle Constitution est déjà actée et qui ne prend pas en charge malheureusement ces dispositions qui doivent être mises en œuvre parce qu’elles ne sont anticonstitutionnelles. Je crois que nous avons raté une chance de les prendre en charge. Après, ce sont les experts juridiques ou constitutionnalistes qui nous diront demain que la Constitution ne sera pas un obstacle pour la mise en œuvre de ces dispositions. Cette nouvelle Constitution sera une difficulté pour la mise en œuvre de l’Accord. En clair, nous pouvons constater l’absence réelle d’une volonté politique pour la mise en œuvre de l’Accord sinon nous avons eu une occasion pour en finir une fois pour toute avec cet Accord et faire face à d’autres problèmes qui se pointent à l’horizon.

Mali Tribune : Tantôt le gouvernement accuse la CMA d’être à l’origine de la non mise en œuvre de l’Accord et la CMA dit de même. Concrètement, qui est à l’origine ?

M E. R. : Aucune partie n’accepte d’être indexée comme fautive dans la mise en œuvre de l’Accord. Mais si vous regardez, les parties signataires sont les premiers responsables de la mise en œuvre de l’Accord. La communauté internationale est la garante de la mise en œuvre de l’Accord.

Mais parmi ces parties signataires, c’est le gouvernement du Mali qui est le premier responsable. C’est-à-dire, c’est le gouvernement qui détient les instruments juridiques pour permettre l’application des dispositions particulières de l’Accord. C’est le gouvernement qui dispose aussi des ressources financières pour permettre l’application de l’Accord. C’est le gouvernement qui gère l’administration pour prendre des décisions afin d’aller à la mise en œuvre de l’Accord. Raison pour laquelle on dit que le gouvernement est le premier responsable de la mise en œuvre de l’Accord. Les mouvements, même si souvent ils sont accusés ne disposent pas des manœuvres pour appliquer l’Accord.

Mali Tribune : En avril dernier, des avions de l’armée ont survolé plusieurs zones sous contrôle de la CMA. Est-ce une violation de l’Accord de paix ?

M E. R.: Lorsque les avions avaient survolé les positions de la CMA dans certaines localités notamment à Kidal, il y avait une tension entre les parties signataires parce que les mouvements suspendent toujours leur participation dans le mécanisme et les commissions de suivi de l’Accord. Chaque partie se regarde en chiens de faïence. Donc pour chaque partie, d’un moment à l’autre, elle sera attaquée par l’autre partie.

Dans ce contexte, il est bien d’éviter de telles provocations. C’est pourquoi nous avons dit que c’est une violation de l’Accord. Ce survol, est une violation grave qui pouvait faire dégénérer la situation. Heureusement que cela ne s’est pas répété et que chacun s’est retenu. Certes, la confiance n’est pas revenue entre nous pour le moment. Mais chacune des parties réitère son attachement à l’Accord, bien que la rupture soit là. Plus cette situation dure, plus cela a des conséquences sur le processus de paix.

Mali Tribune : Avec toutes ces bisbilles, comment relancer l’Accord ?

M E. R.: Oui avec toutes ces bisbilles, on peut relancer cet Accord. Mais pour le relancer, il faut une réelle volonté politique de la part des autorités, mais aussi un accompagnement de la communauté internationale. Cet Accord peut réellement mettre fin à ces rébellions cycliques. Tous ces problèmes que vous voyez depuis 1963, chaque fois qu’il y a eu une rébellion, on signe un Accord. Mais après quelque temps, on le met dans les oubliettes, raison pour laquelle on n’en finit jamais avec une rébellion. Je pense qu’il faut trouver une solution adéquate. La solution doit être l’application à la lettre de l’Accord, comme cela a été signé de part et d’autre.

Mali Tribune : Pensez-vous que la Médiation internationale réussira à donner un coup de fouet à l’Accord pour sortir de l’impasse ?

M E. R. : C’est à nous de donner un coup de fouet pour sortir de l’impasse. La Médiation internationale peut juste nous aider à ramener les autres à la table des négociations en cas de rupture. Mais je crois qu’il faut juste respecter les engagements que nous avons signés devant la communauté internationale et le peuple.

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane

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MICRO-TROTTOIR

Ce qu’ils pensent de l’Accord d’Alger

Abdoulaye Maïga (juriste) :

“Je pense que l’administration Choguel Kokalla Maïga doit tout faire pour relancer cet Accord. Depuis huit ans la mise en œuvre de cet Accord stagne. De même, la CMA doit aussi relâcher du lest et s’entendre avec le gouvernement”.

Hamma Ag Aguissa (enseignant) :

“Huit ans après sa signature, je pense que cet Accord est vide de sens étant donné que les acteurs principaux n’arrivent toujours pas à s’entendre sur sa mise en œuvre. Pour moi, il nous faut un nouvel Accord signé avec bonne foi par toutes les parties”.

Moussa Traoré (étudiant) :

“Pour moi, cet Accord est mort de sa belle mort. La preuve, depuis 8 ans ni le gouvernement moins encore la CMA n’arrive à se surpasser pour mettre en œuvre l’Accord censé ramener la paix”.

Drissa Camara (activiste) :

“Le Mali avait signé cet Accord le couteau sur la gorge. Et aujourd’hui, il est confronté à sa mise en œuvre. La CMA veut une application stricte de l’Accord alors qu’en réalité, ce n’est pas possible, ça met en péril l’unité de la nation. A mon avis, il faut déchirer cet Accord et réécrire un nouvel Accord qui garantit une paix juste et durable pour tous les Maliens”.

Propos recueillis par

Ousmane Mahamane
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