Remaniement, réaménagement, ajustement : à lequel de ces trois mots faut-il coller l’épithète ‘’gouvernemental’’. Les plus grands observateurs de l’actualité politique au Mali ont été pris de court par la sortie de plus de dix membres du gouvernement, contre deux permutations, et l’entrée dans la nouvelle équipe de douze nouvelles personnalités. Personne, même pas les gens plus doués qui savent d’ordinaire scruter à la loupe les moindres faits et gestes du Président de la Transition, n’a vu venir ce toilettage opéré un samedi, jour férié dans l’exécutif gouvernemental. Colonel Assimi Goïta, au regard de la situation intérieure marquée par un puissant activisme débridé et tenant compte des inimitiés crypto-personnelles croissantes singulièrement dans le landerneau politique national, non sans perdre de vue les hostilités et les menaces que les ennemis de l’extérieur ne cessent de faire peser sur le Mali une chape de plomb visible partout, ne s’est pas accommodé de ce que l’on appelle tradition cérémonie de présentation de démission du gouvernement, qui se termine généralement par la reconduction du Premier ministre sortant, avec la charge de mener des consultations en vue de la composition d’un nouveau gouvernement. A quoi bon cette perte de temps quand on sait que ce sont surtout les acteurs d’hier coupables de prédations et de nombreux crimes imprescriptibles contre la patrie qui s’agitaient le plus pour entrer par effraction dans une nouvelle équipe gouvernementale ? Ces pirates d’hier, qui avaient presque réussi à recevoir sur leurs âmes sales du parfum de la virginité, se sont crus être les corsaires adoubés par les autorités pour agir dans la légitimité. Mais le Président de la Transition, colonel de son état, est le chef de cette classe politique que Pr. Ali Nouhoum Diallo a qualifiée de plus intelligente que l’ancienne classe des politiciens professionnels. Assimi Goïta, en toute discrétion, vertu indispensable à la refondation d’un pays trahi, pillé, blessé, sucé jusqu’à son sang vital, a envoyé paître tous les importuns de la République. Il n’y a qu’à bien regarder, tous les nouveaux ministres sont des technocrates issus de la société civile et des ex-conseillers du PT. Pas parmi eux de politiques qui défraient la chronique en raison de frasques qui indignent. De même, en retournant le miroir, on voit bien que tous les ministres issus du M5-RFP, sauf Ibrahim Ikassa Maïga, ont été remerciés par le Président de la Transition. On ne le chagrinera pas en lui demandant les raisons, celles-ci sont certainement diverses, mais on comprendra qu’en tant que clé de voûte de toutes les institutions de la République, a opéré ainsi pour de raisons.
Une certaine lecture affinée que le Président Goïta, dans la perspective des prochaines élections, qui se dérouleront dans le cadre nouveau de la quatrième République, a voulu avoir les mains libres avant ces précieuses. Le Premier ministre, Dr. Choguel Kokalla Maïga, demeure à son poste, le contexte réel, n’en déplaise à ceux qui lui cherchent noise au fil des jours, milite bien pour cela. Il a été procédé à la mise en place d’un organe indépendant en charge de l’organisation des élections, en l’occurrence l’Autorité Indépendante de Gestion des Élections (AIGE) et ce, conformément aux conclusions et recommandations des Assises nationales de la Refondation (ANR). Étant donné que le Gouvernement n’intervient plus directement dans l’organisation des élections, la question du maintien ou non d’un Premier ministre politique ou technocrate ne se pose pas. C’est plutôt la volonté de parvenir à un changement irréversible dans la gestion des affaires de l’Etat tant attendu par les Maliens dans leur grande majorité qui est mise en exergue à travers le maintien du Premier ministre Choguel Kokalla MAIGA. Contrairement à ce que croient certains agités, éternels impudents, le Président Goïta n’est pas un naïf, il a le Mali dans son cœur, il a une haute conscience de la charge qui est la sienne en ces moments du délicat tournant historique pour notre patrie et il met toute l’abnégation qu’il faut pour éviter au Mali d’être jeté dans les ravins creusés par les ennemis de l’extérieur. Il sait que le peuple a confiance en lui, qu’il l’adule et qu’il est prêt à le suivre dans les combats les plus opiniâtres. Les Maliens lui sont attachés viscéralement, ils le lui ont prouvé le 14 janvier 2022, à Koutiala, à Nioro du Sahel, à Ségou le 13 juin dernier, au Stade du 26 mars le 16 juin. La quatrième République, c’est pour lui l’occasion parer le Mali des couleurs de la vertu, de l’espoir, du développement. Lisons ainsi la composition du nouveau gouvernement rendu public le lendemain du coup de pied administré à la Minusma et à son parent français et à ses parrains onusiens.