Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération
Après Barkhane, la Minusma quitte officiellement le Mali. Le vendredi 30 juin dernier, le conseil de sécurité de l’Onu a accepté à travers la résolution 2690, la demande des autorités de la transition du Mali, le retrait sans délai de la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma). Ce départ ne sera pas sans conséquence, mais le gouvernement, à travers le ministre des Affaires étrangère et de la coopération internationale, Abdoulaye Diop a donné l’assurance que cet impact sera atténué progressivement.
En effet, malgré un effectif considérable, 15 056 dont 11 676 militaires et 1590 policiers déployés sur le territoire, repartis sur une douzaine de site opérant à l’Ouest, l’Est, le Nord, le Sud et le centre du pays, la Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la Stabilisation au Mali (Minusma), n’a pas parvenu à répondre aux attentes des populations, après 10 ans de présence. Une situation qui a motivé les autorités du pays et la population à demander son départ sans délai. Cependant, elle est perçue comme la mission de l’ONU la plus coûteuse en terme d’argent et de perte en vie humaine. Certainement une raison de plus aux membres du conseil de sécurité de l’Onu de voter à l’unanimité la demande de retrait de sa mission au Mali ?
Pour les Maliens, l’éléphant annoncé est arrivé avec un pied cassé. Alors que le pays reste en guerre contre le terrorisme. Les autorités du Mali estiment que ce combat ne sera gagné qu’avec les forces de défense et dé sécurité du pays avec le concours des populations et des pays limitrophes. C’est pourquoi ils ont jugé nécessaire de prendre leur destin en main.
Pour rappel, de 6000 en 2013, La Minusma est passée de 9883 en 2015, puis 15747 en 2021. A la date de son retrait, elle compte 11 676 militaires, 1590 policiers et 1792 civils, soit un effectif total de 15 056. malgré, des civils continus d’être tués, des villages entièrement brûlés. C’est le 1er juillet 2013, soit 10 ans après, que la mission internationale de soutien au Mali sous la conduite africaine (MISMA) est devenu la Minusma. Après ce transfert, le pays comptait sur une force multidimensionnelle intégrée pour l’aider dans la sécurisation de son territoire, la protection de ses populations pour sa stabilisation. Mais la déception fut grande, malgré le nombre croissant de son effectif. Et de son implantation géographique dans les localités de Kidal, Tessalit, Gao, Bamako, Aguel-hoc, Ménaka, Ansongo, Tombouctou, Ber, Goundam, Mpti, Sévaré, Douentza. Désormais, le pays s’entend prendre en main sa destinée avec l’aide de ses partenaires dans le plus grand respect. Certes, le retrait amorcé de la Minusma suscite quelques inquiétudes sur le plan sécuritaire, économique et humanitaire, mais le gouvernement donne l’assurance que le vide sera combler de manière plus confortable qu’avant. Tout est prêt ou en cours pour atténuer l’impact de ce départ sur la population malienne.
« Ce n’est pas une décision hâtive. C’est une décision qui s’inscrit dans la volonté du gouvernement de se prendre en charge. Vous avez vu qu’on ne s’est pas lever un matin pour demander le départ de la Minusma. Depuis plus de 18 mois l’Etat a changé le paradigme sécuritaire du Mali en se focalisant sur le renforcement des capacités des forces de défenses et de sécurités. En mettant une nouvelle stratégie et des opérations d’envergures. Il y a eu des efforts, il y a eu des résultats. Et c’est ce qui nous fonde aujourd’hui de penser aujourd’hui que nous sommes en mesure de combler tout vide éventuel qui pourrait se créer. Déjà sur le terrain nous sommes à l’offensive dans beaucoup d’endroit. Ça ne sera certainement pas facile, mais je pense qu’il est important de se situer dans une perspective de long terme en comprenant que la sécurité du Mali sera désormais entre les mains des Maliens», a expliqué Abdoulaye Diop, le chef de la diplomatie malienne.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt, la Minusma contribuait au Mali en terme d’emploi, avec 859 nationaux sur les 1792 civils de la mission. En outre, elle représentait aussi, le désenclavement intérieur à travers les moyens aériens de transport (troupe et civil). sans oublier l’assistance humanitaires auprès des populations vulnérables, le financement des projets à impact rapide et sa contribution significative à l’économie locale.
A en croire le ministre Diop, le gouvernement a mis en place une stratégie pour atténuer l’impact de ce retrait sur la population malienne à Bamako et à l’intérieur du pays. Même s’il reconnaît que ça ne sera pas total, mais il a donné l’assurance que les équipes ont commencé à travailler à ces questions. « Dans les jours à venir, nous allons prendre attache avec les compatriotes qui sont concernés, les écouter et voir ensemble qu’est-ce qui peut être fait pour atténuer l’impact de cette mesure sur eux», a-t-il souligné.
En tout cas, en demandant le retrait sans délai de la Minusma, le Mali reste fidèle à ses principes qui guident désormais l’action publique dans notre pays, à savoir : le respect de la souveraineté des choix stratégiques du Mali et des intérêts du peuple Malien.
Le soutien de la Chine et de la Russie
Le conseil de la sécurité des Nations Unies a voté le vendredi 30 juin dernier à l’unanimité, le retrait de la Mission onusienne au Mali. Au cours de la réunion, la Chine et la Russie ont salué le respect de la souveraineté du Mali. « Nous manifestons notre soutien à Bamako dans le cadre de son aspiration a endossé l’ensemble des responsabilités et à jouer un rôle de premier plan pour la stabilité de l’Etat du Mali. Nous sommes favorable à ce que le retrait de la mission se fasse de manière coordonner et organiser en étroite collaboration avec le pays hôte. La Russie continuera d’apporter au Mali une aide globale de sorte à normaliser la situation dans le pays dans le cadre d’une collaboration bilatérale », a déclaré le représentant de la Russie au conseil des nations unies.
Pour la représente de la Chine, elle souhaite que le secrétariat élaborera des dispositions concrètes relatives à la réduction du personnel et des casques bleues depuis à son retrait conforment à sa résolution afin de garantir un retrait bien organisé de la Minusma. « Les nations unies devraient continuer de coopérer étroitement avec le gouvernement malien. Cette année, 398 éléments de nos ONPE se sont vus remettre la médaille d’honneur pour l’Afrique. Nous en sommes fiers. Et nous continuons de travailler avec le Mali en respectant son intégrité territoriale et sa souveraineté», a indiqué la représente de la Chine au conseil des nations unies.