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Entre Nous : Les martyrs des 10, 11 et 12 juillet 2020…
Publié le lundi 10 juillet 2023  |  Le challenger
Cérémonie
© aBamako.com par AS
Cérémonie de prière à la mémoire des victimes du M5-RFP
Bamako le 28 Août 2020, l`Imam Dicko a organisé une cérémonie de prière à la mémoire des victimes M5-RFP au palais de la culture.
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Juillet 2020 – juillet 2023 ! Il y a exactement trois ans, le mot d’ordre de désobéissance civile décrétée par le M5- R.f.p à l’issue d’une manifestation pacifique au Monument de l’indépendance a débouché sur de graves violences et des dégâts matériels considérables à l’Assemblée nationale et l’Ortm. De nombreux particuliers ont perdu leurs biens.

L’épicentre de la violence fut le quartier Badalabougou et ses alentours où les jeunes manifestants, voulant protéger l’Imam Mahmoud Dicko d’une éventuelle arrestation, ont affronté pendant plusieurs heures les forces de sécurité. Plus de manifestants, jeunes pour la plupart, ont perdu la vie. D’autres manifestants ont été blessés et en garderont les séquelles à vie. Ces événements tragiques ont endeuillé la nation entière.

Les Maliens qui manifestaient à l’appel du M5- R.f.p et de son autorité morale de l’époque, l’Imam Mahmoud Dicko, se battaient pour une meilleure gouvernance, une justice impartiale, une répartition équitable des ressources publiques, la fin de l’insécurité, la réduction du train de vie de l’Etat, la lutte contre le chômage, etc.

Voilà trois ans que le régime d’Ibrahim Boubacar Kéita (Puisse son âme reposer en paix !) a été renversé. Les jeunes officiers du Cnsp ont pris le pouvoir. Après une période de bisbilles, le M5-R.f.p a été associé à la gestion des affaires publiques. Si le Président de son Comité stratégique occupe depuis plus de deux ans le poste de Premier ministre, d’autres cadres du mouvement sont au Conseil national de transition (C.n.t). Certains étaient jusqu’à la date du 1er juillet 2023 membres du gouvernement sans oublier ceux casés dans les cabinets ministériels et chez le Premier ministre.

Trois ans après, le mouvement contestataire est disloqué. Le M5-RFP est mort de sa belle mort. L’ancienne autorité morale est devenue la bête noire des autorités de transition pour ses prises de position. La lutte unit, le pouvoir divise, dit-on.

Alors, question : les personnes tombées sous les balles les 10, 11 et 12 juillet 2020 sont –elles considérées comme des martyrs ? Ces martyrs sont-ils morts pour rien ? Voici les regards croisés du Président du Comité stratégique du M5-R.f.p, Dr Choguel Kokalla Maïga et de l’ancienne autorité morale du Mouvement, l’Imam Mahmoud Dicko.

Le 5 juin dernier, lors du 3ème anniversaire du mouvement insurrectionnel, le Premier ministre, chef du gouvernement, Dr Choguel Kokalla Maïga, a dressé un tableau reluisant de l’atteinte des objectifs de lutte. Il a évoqué un bilan sécuritaire qui se passe de commentaires avec la montée en puissance des Forces Armées et de Sécurité du Mali depuis la rectification de la trajectoire de la Transition. Il a mentionné des reformes dans le domaine de la justice pour mieux lutter contre la corruption, la mise en place de l’Autorité indépendante de gestion des élections, la mise en œuvre intelligente de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. Le Premier ministre ne fait nulle part allusion aux martyrs du 10, 11 et 12 juillet 2020, à plus forte raison le point du dossier ouvert au niveau du Tribunal de grande instance de la Commune III de Bamako avant le départ d’Ibk.

Le 16 juin 2023, l’ex-autorité morale du M5-R.f.p a fait une sortie assez musclée contre les autorités de transition. L’Imam Mahmoud Dicko a dénoncé une trahison de la mémoire des jeunes morts en martyr. Pour lui, la corruption à ciel ouvert, le népotisme et le clientélisme continuent encore dans le pays. La justice malienne, a-t-il souligné, est instrumentalisée et mise au service des militaires pour réprimer toute personne qui ose dire non. «On ne peut pas lutter pour la justice, la dignité et l’honneur et que des gens se regroupent pour confisquer notre lutte et notre liberté».

Par Chiaka Doumbia
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