Les derniers évènements de Kati ont fait comprendre aux autorités l’impérieuse nécessité de nettoyer Kati qui selon le président de la République « ne fera plus peur à Bamako, pas à Koulouba en tout cas ». Si les instructions données pour rétablir la sécurité dans le district de Bamako et dans la zone de Kati et redonner du crédit à l’institution militaire sont louables, il n’en demeure pas moins qu’elles créent d’autres malaises.
Après l’arrestation du colonel Youssouf Traoré et du capitaine Amadou Konaré, deux officiers très influents du défunt Comité militaire de Réforme, on a comme l’impression que les autorités s’affairent à sécuriser le capitaine, plutôt le « Généralissime » Amadou Haya Sanogo. C’est ainsi qu’il aurait été demandé au ministre de la Défense de trouver une maison conviviale et digne du rang d’un Général de Kati.
Le ministre des Domaines de l’Etat n’a pas trouvé mieux que le bureau de l’ancien président de la République, ATT, pour reloger le général Amadou Haya Sanogo qui serait en navette entre Kati, la SE et son ex- quartier général (QG). Avant Sanogo, le colonel-major qui occupait les bureaux d’ATT avait gentiment pris le soin de jeter dehors les affaires personnelles de l’ancien président, avant d’être lui mis à la rue au profit du général Sanogo.
Au-delà des faits, qui ne plaident pas certainement en faveur de la réforme de l’institution militaire et du rétablissement de la justice si chers au président de la République, deux choses sont à noter :
1- L’incohérence des autorités:
Amadou Haya Sanogo n’est pas hors du centre d’intérêt des enquêtes sur les récents évènements de Kati. Les enquêtes en cours devront clarifier si c’était contre la volonté du général Sanogo que le fameux Comité de réforme était devenu une structure supra nationale qui s’est accaparée, entre autres, des droits des blessés de guerre et autres budgets alloués à l’achat des pièces de rechange des engins déployés sur le terrain . Pourquoi veut-on le (Sanogo) mettre au-dessus de la « mêlée » pendant que ses deux autres camarades croupissent en prison ? Où est l’équité dans la déclaration du gouvernement de faire toute la lumière sur cette affaire qui coupe le souffle au peuple ?
2- La violation des principes élémentaires.
Depuis l’avènement de la troisième République, tous les anciens présidents ont droit à un cabinet, donc un bureau et un logement offerts par l’Etat. C’est en application de ces actes législatifs que les présidents Moussa Traoré et Alpha Oumar Konaré jouissent pleinement de leurs droits dans leurs demeures sises respectivement à Djikoroni et à Sotuba. *
On a aussi comme l’impression que la volonté de faire occuper les bureaux d’ATT par Sanogo est une tentative de déchirer une page de l’Histoire. Quoi qu’on dise, ATT a été président du Mali pendant 9 ans et 9 mois. A ce titre, il doit jouir de ses prérogatives d’ancien chef de l’Etat, ce jusqu’à preuve du contraire.
En tout cas, la restauration de l’autorité de l’Etat et la fin de l’impunité passent d’abord par l’application des principes simples de droit. La mise en place d’une armée républicaine passe elle aussi par l’application du statut général des militaires qui consacre le respect de la hiérarchie.
Alors, Comment comprendre qu’un Général d’Armée de surcroit ancien président de la République puisse être délogé au profit d’un Colonel-major lui aussi mis à la rue au profit d’un « Général » vraisemblablement dénoncé pour des faits proscrits par la hiérarchie militaire ?
*Konimba Diarra