Oui grand-père ! Désormais, c’est la “militarocratie” en marche en Afrique de l’Ouest. Après la démocratie qui passe par le vote et les élections des dirigeants pour l’exercice du pouvoir dans la séparation stricte entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire face à une presse libre et un peuple de droit, nous voilà à la “militarocratie”.
Oui grand-père, si en démocratie, on doit élire un président parmi des candidats et suivant leur programme, en “militarocratie”, le dé se jette entre les bataillons militaires les plus armés ou la garde la plus proche du président. En démocratie, on organise des élections entre des candidats connus avec des programmes et les citoyens qui votent. Au final un président est élu.
En “militarocratie”, la jurisprudence est connue. Un groupe de militaires se lève un beau matin, car le pays va mal, la demande d’emploi est plus forte que l’offre d’emploi. Des gens se plaignent. Tout le monde n’est pas satisfait. Et puis paf, un groupe de militaires, forces spéciales ou garde présidentielle, font tomber le président et s’approprient le pouvoir et le partage comme un gâteau : président de Transition, de conseil des ministres du gouvernement et des directeurs.
Si en démocratie, on publie un programme et on bat campagne pour convaincre avec un projet de société sur la base duquel, on est élu, en “militarocratie”, c’est le contraire. Tu renverses d’abord le président, tu t’arroges toutes les prérogatives et c’est après que tu donnes ton programme. Le ton est connu. Mauvaise gouvernance, corruption, népotisme, etc.
L’autre slogan, A bas la France, A bas l’Occident, Vive la Russie. L’Occident est la cause de tous nos problèmes, les rues qui sont sales, les enseignants mal payés qui enseignent excellemment bien les élèves. Les magistrats qui disent tellement le droit, que notre justice semble divine. La corruption et le népotisme qui ont tué chez nous la méritocratie. Tout ça c’est la faute à l’Occident.
Et alors, l’Occident A bas, A bas la France. Vive la Russie. Notre sauveur ! Et la “militarocratie” s’installe. Elle est applaudie par même des docteurs en droit public. Oui ceux-là mêmes qui devraient continuer de réfléchir à comment améliorer nos modes d’acquisition et d’exercice du pouvoir. Ce sont ceux-là, qui sont au premier rang de la défense de la “militarocratie”. Sous l’émotion ! A bas l’Occident ! Vive la Russie !
Et alors une guéguerre nait entre la démocratie et la “militarocratie”. Si en démocratie être militaire, c’est jurer de ne jamais faire la politique ni chercher à prendre le pouvoir par la force et de respecter les lois de la République, en “militarocratie”, le plus armé et le plus avantageux, n’ont qu’un seul but. Faire tomber le président et s’emparer du pouvoir, faire semblant d’aimer le peuple en usant de subterfuges.
Et aujourd’hui, l’avenir se joue entre la démocratie et la “militarocratie” en Afrique de l’Ouest. Celle qui remportera la bataille, règnera très longtemps. S’il faut escalader les murs ou passer par les urnes pour prendre le pouvoir, l’avenir dictera le comportement à tenir. Ce qui est sûr, si la “militarocratie” passe, vive les conquêtes du pouvoir par les armes !
Et que perdrait un militaire qui, au lieu d’aller en guerre, tenterait sa chance d’être président par un coup d’Etat ? Vivra qui verra ! A mardi prochain pour ma 208e lettre.