Les militaires qui ont renversé le président Mohamed Bazoum ont dénoncé une menace « d’intervention militaire imminente à Niamey» fomentée selon eux par la Cedeao, alors que l’organisation ouest-africaine a tenu une rencontre le dimanche dernier à Abuja.
Selon un communiqué lu par un membre de la junte, Amadou Abdramane, à la télévision nationale, « l’objectif de cette rencontre est la validation d’un plan d’agression contre le Niger, à travers une intervention militaire imminente à Niamey en collaboration avec les pays africains non membres de l’organisation et certains pays occidentaux. Nous rappellerons une fois de plus à la Cedeao ou tout autre aventurier notre ferme détermination à défendre notre patrie. »
La Cedeao, à laquelle appartient le Niger, s’est réunie dimanche dernier en «sommet spécial » à Abuja pour évaluer la situation, avec des sanctions à la clé.
Les putschistes avaient déjà mis en garde sur « les conséquences qui découleront de toute intervention militaire étrangère », évoquant «l’attitude belliqueuse » d’« anciens dignitaires terrés dans des chancelleries en collaboration avec ces dernières ».
Une manifestation de soutien à la junte a lieu le dimanche dernier à Niamey, qui est restée relativement calme, malgré l’interdiction par les putschistes de se rassembler. Des centaines de personnes ont marché, brandissant de nouveau des drapeaux russes, en direction de l’Assemblée nationale.
À l’origine de cet appel à manifester, le mouvement civil M62, qui avait déjà protesté contre l’opération Barkhane de l’armée française au Sahel et au Sahara.
Mohamed Bazoum continue sa séquestration dans sa résidence privée au palais présidentiel par sa garde rapprochée, dont le chef, le général Abdourahamane Tchiani, est désormais le président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP).
Youssouf Konaré
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Turbulences au Niger :
Entre fermeté de la France et sentiments pro-russes
La situation politique tumultueuse au Niger continue de faire les gros titres à l’international. L’annonce par l’Élysée de la fermeté du président français Emmanuel Macron face à la crise, conjuguée à la montée des sentiments pro-russes au Niger, esquisse un paysage politique complexe et imprévisible.
La France durcit le ton, la Russie gagne du terrain
Face aux tensions grandissantes au Niger, Emmanuel Macron « ne tolérera aucune attaque contre la France et ses intérêts », a déclaré l’Élysée. Une réponse « immédiate et rigoureuse » est prévue en cas d’attaques contre ses citoyens. Cette réaction survient dans un contexte de manifestations de soutien aux rebelles et à la Russie qui se multiplient à Niamey, la capitale du Niger.
La CEDEAO prend position
La Communauté des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est également exprimée sur la situation au Niger, déclarant un potentiel blocus économique et des restrictions de transport. Elle donne aux rebelles une semaine pour ramener le président déchu au pouvoir, sans quoi « toutes les mesures » peuvent être appliquées, y compris militaires.
Quel futur pour le Niger ?
Dans ce contexte incertain, le Niger se trouve à la croisée des chemins. Le pays doit non seulement faire face aux conséquences potentiellement dévastatrices du blocus envisagé par la CEDEAO, mais également naviguer entre les intérêts de la France et ceux de la Russie.
En attendant, la situation actuelle met en lumière la complexité des défis auxquels est confronté le Niger.