Le Niger vit en ce moment une situation dramatique et régressive. Le putsch en cours est un essai, qui devient, dans notre contrée la mode, pour s’emparer du pouvoir sans le peuple et contre ses intérêts.
A Dieu, la reddition des comptes, quand on ne doit son fauteuil qu’à ses armes et à son audace. Voilà qu’on peut désormais, consciemment, se servir des mains et des pieds dans les caisses de l’État et de ses prestiges, pour ce qu’on pense avoir mérité par le pari de sa vie.
L’armée nigérienne a rallié le groupuscule de putschistes pendant que le peuple, médusé, reste dans l’expectative. Des petites manifestations pour et contre n’incarnent pas le peuple.
La société internationale a condamné le putsch et cherche d’abord à trouver un dénouement pacifique. Cela risque d’être un vœu pieux. Il faut agir. Car ce qui est en jeu, est plus grand que le Niger.
Quelle que soit la raison, si ce putsch passe, ce sera probablement la fin de la légitimité populaire en Afrique de l’Ouest, durant un bon moment.
Tous les militaires, de tous les pays africains, du moins ouest-africains, vont tenter leur chance contre les civils au pouvoir. Le malheur, c’est qu’ils font généralement pire que ceux-là.
Qu’on ne compare pas la situation au Niger à celle du Mali du 18 août 2020. De grâce, non ! Il y a eu au Mali, une insurrection populaire, qui a donné un mot d’ordre de désobéissance civile, suivi jusque dans les casernes, malgré le fait que feu-IBK aurait comploté avec un certain groupe d’officiers. Alors qu’au Niger, il n’y a eu aucune insurrection populaire, ni de désobéissance civile suivie par le peuple.
Une manifestation de l’opposition politique n’est pas une insurrection populaire. Une manifestation d’une frange de la population pour exprimer son mécontentement et exiger des réformes, n’est pas comparable à une insurrection populaire qui demande la démission du Président.
D’ailleurs, sans les armes et la baïonnette sous les régimes militaires, vous verrez les mêmes scènes de protestation. Un régime fait toujours des mécontents.
La question, c’est de savoir si le mécontentement est général et si c’est des réformes ou le départ du régime que le peuple dans sa majorité “manifeste” demande.
Ce qui s’est passé au Niger a tout l’air d’un mouvement d’humeur, de militaires assoiffés du pouvoir, et ça, nous devons le dénoncer d’où qu’il vienne. Car personne ne pourra plus gouverner dans de pareilles situations.
Le Communiqué de l’État-Major nigérien des Armées vient de nourrir les graines d’un nouveau type de terrorisme : vous êtes le premier, vous et votre groupe, à prendre le Président et sa famille en otage, vous êtes le nouveau chef ou faiseur de chef.
Quel Président, dans ce contexte, civil ou militaire, de la République ou de la Transition, aura-t-il son attention focalisée sur la lutte contre l’insécurité qui frappe les populations ? Ne songera-t-il pas en premier lieu et surtout à sauvegarder son pouvoir contre cette nouvelle forme de terreur ? Ne s’armera-t-il pas d’abord pour ça ?
Ainsi, en plus du terrorisme islamiste, y-a-t-il désormais un terrorisme militaire que les autorités nationales (élues ou non élues) dans notre région devront combattre.
A l’avènement de la démocratie dans les années 90, c’est la crainte d’une telle menace qui a motivé certains de nos gouvernants à faire le mauvais choix de démanteler et de diviser nos Armées.