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Centre du Mali : Que de massacres malgré la présence de la Minusma
Publié le lundi 7 aout 2023  |  L’aube
Patrouille
© Autre presse par DR
Patrouille de la MINUSMA
Vendredi 26 juillet 2013. Tombouctou. Une patrouille de la MINUSMA pour assurer la sécurité du scrutin.
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Pendant ces dernières années, le Centre du Mali a enregistré une série de massacres et d’atrocités qui n’ont épargné les populations civiles de cette partie du pays. Dans le lot, on garde encore en mémoire, les deux odieux crimes en masse perpétrés (en 2019 et 2020) dans la localité d’Ogossagou, située dans la région de Mopti. Le bilan de ces massacres est très lourd : plus de 200 morts et plusieurs dizaines de blessés. Ces crimes enregistrés à Ogossagou et dans d’autres localités du Centre et du Nord, ont souvent été commis dans des zones où la Minusma était présente. Ce qui suscitait parfois colère et interrogations des populations sur l’utilité de la présence des casques bleus dans notre pays.

Depuis le dernier semestre de 2018, une détérioration sans précédent de la situation humanitaire a été observée au centre du Mali.

Dans la région de Mopti, la violence intercommunautaire croissante et la présence de groupes armés ont conduit à une crise de protection. Les meurtres et mutilations, les enlèvements, les détentions d’enfants pour des raisons liées à la sécurité, les attaques et les menaces contre les écoles et les enseignants, ainsi que les violences sexuelles et sexistes sont des préoccupations croissantes à Mopti…

Le vendredi 14 février 2020, une attaque d’une rare violence avait encore frappé Ogossagou. Bilan : Plus de 30 victimes et de nombreux blessés.

Cette furie meurtrière intervient après celle intervenue (toujours à Ogossagou) et qui avait fait plus de 174 morts.

L’attaque menée par une trentaine d’hommes armés, dans la nuit de jeudi à vendredi, a été favorisée par le retrait, quelques heures auparavant, de l’armée, a expliqué le chef du village. La commune a été partiellement incendiée, selon Aly Ousmane Barry. Les stocks alimentaires ont été détruits et du bétail emporté, d’après des témoignages…

Le gouvernement avait, dans un communiqué, condamné ces atrocités : « En cette douloureuse épreuve, le Gouvernement condamne avec la plus grande énergie cet événement malheureux, présente ses condoléances les plus émues aux familles des victimes et rassure que les investigations seront menées pour déterminer les circonstances de ces crimes, arrêter et traduire les auteurs devant les juridictions compétentes… ».

De son côté, la Minusma dit avoir appris que le village d’Ogossagou situé dans le cercle de Bankass, dans la région de Mopti a été attaqué : « L’attaque a coûté la vie à de nombreux villageois et a fait plusieurs blessés. Des maisons ont également été brûlées ».

« Dans le cadre de son Mandat de protection des civils, dès qu’elle a appris l’attaque, la MINUSMA a déployé une force de réaction rapide sur les lieux. En soutien au gouvernement malien, la mission onusienne a également fourni un appui aérien afin de prévenir toute nouvelle attaque et évacuer rapidement les blessés », précise la mission onusienne au Mali.

Pour rappel : le 23 mars 2019, l’attaque par des hommes armés de ce village peulh d’Ogossagou, avait fait au moins 174 morts civils…

En effet, la localité de Ogassagou-peulh, commune de Dialassagou (région de Mopti) avait été le théâtre, l’année dernière (mars 2019), de graves atrocités qui ont fait de nombreuses victimes. Selon un bilan, il y aurait plus de 174 morts et autant de blessés. Aussi, de nombreuses pertes matérielles sont signalées : cases brulés, greniers détruits, enclos de bétails détruits…
Cette paisible localité peulh avait été investie, tôt le matin du 23 mars 2019, par des assaillants armés jusqu’aux dents. Ceux-ci, ont, dans leur furie meurtrière, tiré sur tout ce qui bougeait. Ainsi, parmi les victimes, l’on dénombre de nombreuses femmes et des enfants. Un grand imam de la localité du nom de Baba Sékou Issa a été tué avec toute sa famille. Cette atrocité a également fait plusieurs dizaines de blessés dont certains ont été évacués vers Bankass et Dialassagou. Cette attaque a également visé un camp du DDR où étaient regroupés des éléments appartenant à une milice privée.

Aveu d’impuissance ou manque de volonté ?

D’aucuns ont relevé la situation complexe dans laquelle se trouve la Mali depuis une décennie, marquée par la présence de groupe terroristes extrémistes dont les attaques constituent, d’ailleurs toujours, un véritable défi pour le pays. Dans ce contexte, la communauté internationale, à travers la mission onusienne et/ou Barkhane, Takuba, devait continuer de fournir au Mali, selon ses besoins et en respectant les principes de la Charte de l’ONU, tout l’appui et l’assistance technique dont de notre pays avait besoin pour restaurer et garantir la stabilité et la sécurité des civils.

Pour l’expert de droit de l’Homme au Nation unies, M. Tine affirmait d’être aussi préoccupé par l’impact dévastateur que la crise et le conflit continuaient d’avoir sur les populations civiles dans la période couverte par son rapport, la Minusma faisant état d’un nombre de civils tués étant passé de 584 en 2021 à 1277 en 2022, tandis que le nombre de cas de violence basée sur le genre est passé de 9540 cas en 2021 à 14 264 en 2022…

Au chapitre des recommandations, M. Tine a exhorté le Mali et la communauté internationale à repenser les réponses à la crise multidimensionnelle à laquelle fait face le pays, en mettant l’accent sur des stratégies intégrées garantissant la sécurité humaine, le développement et le respect des droits humains. Il avait souligné l’importance pour la communauté internationale de maintenir les liens avec le Mali et de les renforcer, car garantir la sécurité du Mali, épicentre de la menace terroriste, c’est garantir la sécurité régionale, a-t-il insisté.

En clair, les soldats des casques bleus se sont toujours contentés du rôle du médecin après la mort et même du mal a assuré la sécurité de ses contingents. En effet, le Mali connait depuis 2018 une hausse des crimes de guerre et des violences contre les populations civiles, en particulier dans les régions du Centre (Mopti et Ségou). En dépit des engagements et de l’ouverture d’enquêtes, la justice a toujours tardé à être rendue aux victimes et/ou à leurs familles, et l’impunité règne toujours, écrivait Amnesty International dans son rapport publié le 13 avril 2021.

Le rapport de 64 pages d’Amnesty International, Mali. Des crimes sans coupables : analyse de la réponse judiciaire aux crimes dans le Centre du Mali, avait fait l’état des lieux des enquêtes concernant plusieurs crimes commis dans plusieurs localité du Centre de notre pays depuis 2018, et identifié différents obstacles institutionnels et légaux contribuant au déni de justice et de vérité pour les victimes.

Malgré les engagements des Autorités maliennes et de la Minusma, plusieurs enquêtes judiciaires, comme portant sur les tueries d’Ogossagou et de Sobane Da, ont peu avancé ou sont au point mort, alors que les victimes continuent de réclamer justice, tout en craignant des représailles en l’absence de mesures de protection.

Ainsi, plusieurs enquêtes sur des massacres ou des confits intercommunautaires emblématiques concernant des crimes commis depuis 2018 sont au point mort. C’est le cas notamment des enquêtes portant sur les homicides illégaux et exécutions extrajudiciaires, dont certains constituent des crimes de guerre, commis à Ogossagou, (157 personnes tuées en mars 2019 et 35 en février 2020), Sobane-Da (35 personnes tuées en juin 2019), Nantaka (25 personnes tuées en juin 2018), Massabougou (9 personnes tuées en juin 2020), Binédama et Yangassadiou (respectivement 37 et 15 personnes tuées en juin 2020).

Bref, face aux manques de résultats sur le terrain, les Autorités de la transition ont finalement demandé le retrait des soldats de l’ONU sur notre sol.

Mohamed Sylla

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