L’ultimatum lancé par la CEDEAO à Niamey est arrivé à expiration hier, dimanche 6 août, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle intervention militaire de certains pays membres de la CEDEAO au Niger. Les chefs d’état-major de l’organisation sous-régionale ont déjà annoncé le ton, le vendredi 4 août 2023, après une réunion tenue à Abuja. Derrière les gesticulations des dirigeants de cette organisation sous-régionale, la réalité est que l’on s’achemine vers une agression militaire contre le Niger. Cette agression commanditée par la France n’a autre objectif que de sauvegarder des intérêts français dans ce pays voisin. Après la destruction de la Libye, Paris, par le truchement de ses marionnettes de la CEDEAO, semble prête à tout pour rééditer le scénario exécuté en Lybie.
Le 30 juillet 2023, en imposant de lourdes sanctions à Niamey quatre jours après le renversement de Mohamed Bazoum, la CEDEAO avait donné 7 jours pour rétablir l’ancien président Bajoum dans ses fonctions, sous peine de d’utiliser “la force”. Et à l’issue d’une réunion à Abuja, Abdel-Fatau Musah, commissaire chargé des affaires politiques et de la sécurité de la Cédeao a affirmé que les chefs d’état-major de la Cedeao ont défini les contours d’une éventuelle intervention militaire contre les autorités nigériennes, selon un responsable de l’organisation régionale. « Tous les éléments d’une éventuelle intervention ont été élaborés lors de cette réunion, y compris les ressources nécessaires, mais aussi la manière et le moment où nous allons déployer la force » a affirme le responsable.
Cette agitation de la CEDEAO, une organisation décrédibilisée, à vouloir intervenir au Niger par la force suscite beaucoup interrogations et de supputations. L’organisation sous-régionale s’est plutôt illustré ces derniers temps en fermant les yeux sur les dérives autoritaires des membres du syndicat des chefs de l’État qui ne sont ni plus ni moins que des coups d’État contre la loi fondamentale des pays. Cette Cedeao à laquelle il est reproché de ne défendre que les intérêts des têtes couronnées, au lieu d’être une organisation au profit des peuples qui ploient sous le joug de la mal gouvernance et de la confiscation des libertés, qui sont devenues la marque de fabrique de nombre de dirigeants.
Alors comment comprendre son empressement de « rétablir la démocratie » au Niger que par le faut d’être en service commandé de la France. Car au fil du temps, la Cedeao n’a cessé de perdre sa crédibilité et de faire figure de satellite pour Paris.
L’ancienne puissance coloniale française pousse à une intervention militaire au Niger en dépit de tout bon sens. A cet effet, ma chef du quai d’Orsay, Catherine Colonna, a déclaré : « Ils feraient bien de prendre la menace d’intervention militaire par une force régionale très au sérieux»,
Aussi, la France refuse de se plier à la décision des nouvelles Autorités nigériennes dénonçant des accords de coopération dans le domaine de la sécurité et de la défense avec la France : «Les forces françaises présentes au Niger» le sont «à la demande des autorités légitimes du pays, sur la base d’accords signés avec les autorités légitimes de ce pays pour aider à la lutte contre le terrorisme», a affirmé la diplomate qui précise que, depuis le changement de régime , la France a seulement «suspendu [sa] coopération militaire et [sa] coopération civile» avec le Niger. «La situation est calme pour ce qui concerne nos forces» et il est «important qu’elle le reste», a mis en garde la chef du Quai d’Orsay.
Cette attitude belliqueuse de la France prouve qu’elle n’a pas tiré de leçon du chaos libyen dont elle est la principale responsable. En effet, c’est Paris, en l’occurrence Nicolas Sarkozy en 2011, qui a déclenché le chaos libyen. En allant bien au-delà de la résolution de l’ONU sur le sujet avec une intervention militaire visant à liquider Khadafi sans avoir préparé l’après. On connaît la suite : un pays qui a sombré dans le chaos, toujours sans pouvoir politique national, en quête de sécurité et de stabilité politique, en proie à la division et aux tensions claniques et tribales. Une situation interne qui a des répercussions directes sur l’environnement régional, puisque l’éparpillement des armes de l’ex-armée loyaliste et l’ancrage de foyers djihadistes constituent autant de sources de déstabilisation pour les voisins maghrébins, Mali, Burkina ? Niger etc plongeant ainsi tout le sahel dans le chaos.
Dès lors, les dirigeants de la CEDEAO doivent savoir qu’ils n’ont pas l’accord de la majorité des Africains pour intervenir militairement au Niger et que le peuple du Niger dans sa majorité soutient le CNSP. Qu’ils nous épargnent un autre bain de sang et une déstabilisation à la libyenne dont le Niger n’a pas besoin. Ce sont les mêmes (France, Etats-Unis, OTAN) qui avaient détruit la Libye (sans l’accord des Africains), qui sont aujourd’hui en flèche pour détruire le Niger. Après le désastre libyen, les Africains refusent que le Niger soit le prochain sur cette liste. A défaut, bonjour le chaos !