Des fois marginalisées par la société, les veuves sont, pour la plupart, considérées comme des femmes malchanceuses, voire maudites. Elles font l’objet de maltraitance absolue dans les concessions et certaines finissent par être chassées par leurs belles-familles.
Attristées par la mort de leurs conjoints, blessées psychologiquement, vulnérables financièrement et marginalisées des fois par la société, certaines veuves vivent un calvaire à Bamako même si d’autres tombent sur des épaules consolatrices.
“J’ai perdu mon mari en août 2022. Depuis son décès, je ne vends que de l’eau pour subvenir à mes besoins et à ceux de ma famille. Le fonds récolté ne suffit pas. Pis, je ne touche plus correctement ma pension qui a été interrompue alors qu’il m’arrivait d’attendre six mois pour la toucher. Malgré mes démarches et les assurances des services en charge de la question, la situation n’est toujours pas réglée. Ma belle-famille se trouve au village. Elle ne connait pas grand-chose à la vie en ville comme Bamako, mais elle m’appuie avec des sacs de maïs qu’elle cultive”, explique Awa Sidibé qui dit se débrouiller également dans la coiffure féminine pour pouvoir faire face aux charges familiales.
“Mon mari est décédé alors que j’étais enceinte de mon quatrième enfant. Au 40e jour de son décès, j’ai accouché. Ça n’a pas été du tout facile pour moi, mais je tente de tout supporter avec un mental fort et une foi inébranlable en Dieu. L’homme a une responsabilité dans la famille. La femme seule ne peut pas tout faire. En cette période difficile, nous remercions sincèrement notre président Assimi Goïta, car lors de la fête de Tabaski il nous a offert des moutons, des sacs de riz, des bidons d’huile. En outre, nous l’exhortons à trouver des solutions à notre problème de pension car une attente de plus de six mois est difficile à supporter”, lance Hawa en guise de cri du cœur.
Il y a aussi le témoignage émouvant d’Hawa Kamissoko. Une veuve qui a quasiment les mêmes doléances à adresser aux autorités du pays : “Je suis veuve depuis douze ans maintenant. Mon mari a perdu la vie lors de l’attaque rebelle à Aguelhok le 24 janvier 2012. Depuis cette tragédie, la vie n’est plus rose chez nous bien que nous bénéficiions de quelques appuis notamment du Service social de l’Armée. Ma situation a été compliquée d’autant que j’ai par la suite perdu mon beau-père qui m’assistait dans l’élevage de volaille pour subvenir à mes besoins. Cette double peine a aggravé la situation pour moi. Compte tenu de la situation difficile, je lance un appel aux autorités étatiques de renforcer l’élan de solidarité avec notamment un clin d’œil particulier sur l’éducation de nos enfants afin d’éviter qu’ils basculent dans la débauche ou de grandir dans la haine avec le sentiment de ne rien savoir des circonstances de la mort de leur père”.
A l’inverse des homonymes Hawa, toutes les veuves ne bénéficient pas de la même compassion de leur entourage. “Je suis veuve depuis trois ans maintenant. J’ai été abandonnée par ma belle-famille après le décès de mon mari. Pourtant, de son vivant, sa famille me soutenait à 100 %. Mais, aujourd’hui, je n’ai qu’une belle-sœur qui m’apporte son assistance de temps en temps notamment lors de la fête de Tabaski”, témoigne Penda Coulibaly en sanglots.
“Cela fait cinq ans que je suis veuve. Depuis la mort de mon mari, ma belle-famille ne fait absolument rien pour m’aider ni pour mes enfants. Je n’ai pas de travail et je me débrouille avec ma pension de chaque mois en plus de vendre de l’eau pour pouvoir m’en sortir. Mais je ne gagne pas assez de ce commerce. Je n’ai même pas de maison, mais je squatte un terrain dont je ne sais encore pas si j’en serais chassée”, s’inquiète Awa Traoré.