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Edito : Une guerre qui déstabiliserait l’Afrique de l’Ouest !
Publié le jeudi 10 aout 2023  |  Le Pelican
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« Si dans une semaine, les putschistes du Comité National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ne libèrent pas le président déchu du Niger pour le remettre dans ses fonctions, la CEDEAO va aller en guerre contre ce pays », c’est la quintessence de la résolution du sommet extraordinaire de la conférence des Chefs d’Etat de de la CEDEAO, tenu à Abuja au Nigéria le 30 juillet 2023.

Pour concrétiser leur menace, ces Chefs d’Etat ont instruit à leurs Chefs d’Etat-major de mener une opération militaire spéciale dite « Restauration de la Démocratie » au Niger. Quatre pays dont : le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Benin mais surtout le Nigéria vont fournir l’essentiel des troupes. Les USA, la France et d’autres pays occidentaux, qui tirent les ficelles de la CEDEAO, se sont officiellement contentés de débourser de l’argent pour soutenir la cause. Alors leurs forces spéciales sont déjà présentes au Niger. Face à cette menace d’invasion contre leur voisin, le Mali et le Burkina avertissent qu’en cas d’intervention militaire de la CEDEAO, leurs armées rentreront aussi en belligérance, « par légitime défense », pour soutenir l’armée nigérienne.

À l’issue de son ultimatum qui a expiré le dimanche passé, la CEDEAO n’est toujours pas allée en belligérance contre le Niger. Ce, malgré que l’ex président ne soit ni libéré encore moins remis dans ses fonctions. Est-ce donc à comprendre que les pays contributeurs de troupes de l’opération « Restauration de la Démocratie » au Niger, auraient été intimidé par la menace de belligérance des armées du Burkina Faso et du Mali. Dont des sources affirment qu’elles seraient lourdement déployées aux frontières nigériennes, soutenues par des contingents militaires russes ?

La mise en garde de l’Algérie, autre voisin du Niger et acteur majeur dans le Sahel, qui a estimé, par la voix de son président Abdelmadjid Tebboune, qu’une intervention contre le Niger serait une “menace directe” contre son pays, aurait-elle dissuadée les Chefs d’Etat va-t-en-guerre de la CEDEAO ? Ou tout simplement l’organisation sous-régionale n’est pas allée en belligérance, parce que le Sénat nigérian, plaidant en faveur d’une résolution pacifique de la crise, aura exprimé son désaccord à toute intervention militaire contre le Niger ?

Une chose est bien réelle, lors du débat sur l’option d’une intervention de l’armée nigériane au Niger, une majorité de sénateurs, notamment ceux du nord frontalier, ont soutenu que son impact serait négatif sur les relations entre les deux pays. Dont les populations sont transfrontalières. Or, il faut forcément le feu vert des sénateurs au président nigérian pour que l’armée fédérale puisse aller en guerre. Ce qui semble difficile à obtenir. Dès lors, toute intervention militaire de la CEDEAO contre le Niger, sans l’armée d’Abuja, est quasiment impossible. Encore qu’il n’est même pas évident que l’armée nigériane soit aussi forte que l’on laisse croire.

De toute façon, le Niger n’est ni le Libéria ni la Gambie, car les militaires de ce pays du Sahel, sont des professionnels aguerris au combat. Au regard donc de toute cette réalité, il y a, de plus en plus, une forte chance que l’option militaire de la CEDEAO, pour résoudre la crise politique nigérienne, puisse céder in fine la place au profit du dialogue. Un autre facteur en défaveur de l’option militaire est la suivante : la menace d’intervention militaire de la CEDEAO au Niger, n’a pas été prise à la légère par les dirigeants militaires putschistes du Mali et du Burkina Faso. Tant, les deux pays voisins ont tout de suite compris qu’ils seraient, eux aussi, concernés par cette intervention militaire si jamais elle a lieu.

Dans l’hypothèse où cette soi-disant opération militaire « Restauration de la Démocratie » parvenait à se concrétiser au Niger, en atteignant ses objectifs, Il y aurait une forte chance qu’elle se poursuive au Mali et au Burkina Faso. Ce faisant, ces deux pays voisins du Niger n’avaient logiquement d’autres choix que de lui apporter leurs soutiens militaires en cas d’intervention de la CEDEAO. Alors, faut-il en déduire que cette solidarité militaire affichée du Mali et du Burkina au profit du Niger, va beaucoup peser sur l’esprit va-t-en guerre de certains pays de la CEDEAO ?

De toute évidence, si la guerre contre le Niger a lieu, elle pourrait indéniablement déstabiliser l’ensemble des pays du Sahel, déjà en lutte contre le terrorisme international. Même ceux du Golfe de Guinée en feraient les frais. Pendant qu’une telle situation de chaos, renforcerait plutôt les intérêts économiques et stratégiques des pays occidentaux en Afrique de l’Ouest. N’est-ce pas pourquoi, la France et les USA, en perte de vitesse en Afrique, notamment dans les pays du Sahel, s’obstinent à pousser la CEDEAO dans une guerre par procuration contre le Niger, au lieu de l’aider à combattre le terrorisme international ?



Gaoussou Madani Traoré

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