Des villages sont brûlés. Des paisibles citoyens continuent d’être, encore une fois, froidement assassinés par les ennemis de la paix, les terroristes. Après avoir longuement gardé le silence, les habitants de Bandiagara, dans le Pays Dogon, ont décidé de manifester le mercredi 9 août, pour exprimer leur ras-le-bol. En la matière, un des jeunes leaders appelle les plus hautes autorités à la prudence et estime qu’il y aurait, à ce niveau du pays, quelqu’un qui bloque ou ralentit certainement les ordres militaires en vue de sauver les civils.
A Bodio, un village situé au pays dogon, 17 civils ont été récemment tués par des terroristes. Le village a été également incendié. Des explications ont été alors données en la matière par Adaman Diongo, président du collectif des associations de jeunes du pays dogon (CAJPD). « Les 17 civils ont été tués parce que les militaires envoyés pour la sécurité de Bandiagara n’ont pas fait leur travail. L’attaque du village de Bodio a commencé à 16 heures jusqu’à 20 heures, sans aucune intervention militaire », explique Adaman Diogon dans une vidéo récente publiée pour la circonstance. D’après lui, l’ordre a été bel et bien donné aux militaires sur place qui n’ont pas voulu se rendre sur le lieu d’attaque. « Nous avons reçu l’information que l’ordre a été donné aux militaires d’intervenir à Bodio, mais ils n’ont pas pu s’y rendre », dénonce-t-il dans la même vidéo. A entendre le jeune président, il y a un coup dans la recrudescence de l’insécurité au pays dogon. Il y aurait, ajoute Diongo, « quelqu’un qui bloque les ordres militaires au pays dogon ». C’est partant de ce constant lamentable qu’une manifestation a été tenue, le mercredi 9 août à Bandiagara, au Pays dogon, par des jeunes, des enfants passant par des personnes âgées. Ils étaient, encore une fois, nombreux à battre le pavé dans les rues pour dire non à l’insécurité galopante. Une situation survenue au moment où presque tous les Maliens sont persuadés de la montée en puissance des Forces armées de la quatrième République. Mais hélas ! La nouvelle tendance laisse simplement dire que les terroristes poursuivent avec leurs missions. Cela, doit-on le rappeler, en dépit des équipements de dernières générations que disposent les vaillants soldats du pays. A qui incombe la faute si les interventions se font parfois tardivement ? En tout état de cause, le président du collectif des associations de jeunes du pays dogon a été succinct. Il revient, de ce fait, aux responsables hiérarchiques de mener leurs enquêtes pour tirer au clair cette histoire.
Six (6) blessés dont un cas grave à la suite de la manif d’hier
Comparativement aux autres zones, tout porte à croire que l’insécurité augmente de plus en plus dans cette partie du Mali. La preuve est que la population de Bandiagara commence à prendre sa patience en mal. Au cours de la manifestation du 9 août dernier, on pouvait lire certains messages de détresse sur leurs banderoles. « Non au silence face aux tueries des civils » ; « nous sommes fatigués de compter nos morts » ; « halte aux tueries des innocents » ; « pour notre droit à la paix et à la sécurité, la sécurisation des personnes et de leurs biens, nous en appelons aux plus hautes autorités ». Pendant que des manifestants se limitaient à la réclamation de la sécurité dans le pays dogon, d’autres fustigeaient, quant à eux, le gouverneur, le maire et même la jeunesse. « A bas le maire. A bas le Gouverneur. A bas la jeunesse », scandaient certains. « Nous voulons le départ du Gouverneur de Bandiagara, en l’occurrence Sidi Mohamed El Béchir » ; « on veut la paix au pays dogon. Rien ne vaut que la paix », poursuivaient d’autres. Au nombre des centaines de manifestants, ils annonçaient être fatigués des assassinats qui ne finissent toujours pas. « Nos villages sont brûlés presque tous les jours. Nos parents, amis, connaissances et proches sont assassinés par les terroristes. Nos animaux sont emportés par les forces du mal », déploraient les manifestants de Bandiagara. Pour sa part, le gouverneur de la nouvelle région a tenté de rassurer les habitants en colère. « Nous nous (population et Etat) battons tous pour la même cause. Nous travaillons nuit et jour pour la sécurité de tout le monde. Nous vous prions, dit-il, de vous calmer et d’éviter que les ennemis nous séparent ». « Le monde entier nous regarde. Nous sommes et demeurons les citoyens de ce même pays », indique le gouverneur aux manifestants de Bandiagara. Les dernières informations montrent que la manif d’hier a dégénéré. Selon plusieurs sources, le bilan fait état de six (06) blessés dont un cas grave parmi les manifestants.
Notons que c’est cette même question de blocage des ordres qui avait été la cause des contestations contre l’ancien président feu Amadou Toumani Touré.