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Le dilemme de la CEDEAO au NIGER Intervenir ou s’abstenir ?
Publié le lundi 14 aout 2023  |  L'Alternance
Niger:
© Autre presse par DR
Niger: réunion des chefs d`état-major de la Cedeao samedi au Ghana
Des soldats nigériens montent la garde alors que des partisans du Conseil national nigérien pour la sauvegarde de la patrie (CNSP) se rassemblent pour une manifestation à Niamey le 11 août 2023 près d`une base aérienne française au Niger.
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Le cercle de la gestion du pouvoir en Afrique de l’ouest serait vicieux. Les interruptions volontaires de gouvernance se multiplient, et point d’alternatives n’est disponible afin de trouver une solution à une situation bien complexe. Face à un tel désarroi, la CEDEAO perd de plus en plus en crédibilité. Le dernier putsch au Niger aurait été la goutte d’eau qui fit déborder le vase. Une intervention militaire s’annonce imminente. En même temps, l’on dit privilégier la piste diplomatique, car étant contre toute violence. Le dilemme est là. Intervenir militairement au risque de faire des victimes innocentes ou prioriser la solution politique négociée et donner la latitude aux putschistes de gagner en force et en popularité.
Il s’agirait donc d’un exercice de dissuasion qui pourrait, assez vite, basculer dans la force active. Pour le moment, il semblerait que la CEDEAO se préparerait, peaufinerait les derniers réglages. En même temps, l’on lorgne du regards Niamey, espérant peut-être, une ultime lueur de raison de la part des auteurs du coup d’État. Il s’agirait donc d’un exercice d’équilibrisme qui pencherait plus vers l’option militaire. La CEDEAO ne peut assister aux putschs sans sévir, et ce, de manière ferme. Le cas du Niger devrait servir d’exemple et envoyer un message clair à tout militaire qui aurait l’intention de profiter d’un quelconque prétexte, pour s’accaparer du pouvoir.
Pour les dirigeants de la CEDEAO, il faut se hâter, de manière appliquée, afin de mettre toutes les chances de réussite de son côté. Ils doivent aussi faire face à une forte vague de critiques qui les frappent depuis plusieurs années. Ils seraient à la solde de l’Occident et ne privilégieraient pas l’intérêt de leur peuple.
Sauf que, la force et la crédibilité de la CEDEAO, dépend aussi des pays qui la composent. Aujourd’hui, l’on attribue l’organisation sous-régionale aux seuls pays ayant des présidents démocratiquement élus ; en oubliant presque les autres États gérés par des pouvoirs dites de Transition qui font aussi partie de l’organisation.
A chaque situation de crise politico-institutionnelle, ce sont les pays qui ont un gouvernement assis de manière légale, ensemble ou de manière individuel, qui deviennent les arbitres. En 2012, l’on se souvient des nombreux déplacements du ministre Djibirl Bassolé à Bamako afin de dialoguer avec les putschistes d’alors. Aujourd’hui, malheureusement, le Burkina est du côté sombre de la pièce.
En tout état de cause, les coups d’États, sont rarement salutaires. Les condamner est une question de principe et démontre notre niveau d’attachement à la République et à l’orthodoxie institutionnelle. Ils sont les symptômes d’une gouvernance qui aura failli, d’un système en totale déphasage avec les réalités du pays, mais aussi, de l’opportunisme d’une certaine classe, civilo-militaire, beaucoup plus téméraire que foisonnante d’idées prometteuses pouvant faire sortir de pays de la tourmente.
Ahmed M. Thiam




CEDEAO Versus général Tchiani
A la guerre comme à la guerre
Le général Tchiani, chef de la junte militaire au Niger semble déterminé à aller jusqu’au bout de son aventure sans issue. Après son forfait, celui d’avoir attenté aux institutions républicaines, il vient de mettre en place un gouvernement et n’entend pas céder d’un iota le fauteuil qu’il a usurpé. Comme une sorte de défiance à la CEDEAO et à la communauté internationale, le Président autoproclamé du Niger a la ferme volonté de résister et même de se battre contre la CEDEAO pour préserver sa chapelle. Ni les gravissimes sanctions contre son peuple, ni la menace d’une intervention ne lui ont fait reculer et semble être prêt à se battre jusqu’au bout. La CEDEAO, après avoir décidé, lors du sommet extraordinaire tenu le jeudi 10 Août 2023, d’actionner sa force en attente va-t-elle passer à l’action pour déloger les putschistes ? Quelles pourraient être les conséquences d’une intervention militaire au Niger ? La Communauté sous régionale, jouant sa crédibilité, voir sa survie va-t-elle céder à la pression de la junte et ses soutiens ?
La junte militaire qui a pris le pouvoir le 26 juillet 2023 a opté pour la ligne dure en récusant toute proposition diplomatique de retour à l’ordre constitutionnel émanant de la CEDEAO et de la communauté internationale. Cette posture belliqueuse, aventuriste, voire suicidaire de la junte ne fera qu’exacerber la tension et pousser l’organisation sous régionale à mettre en œuvre son plan d’intervention militaire pour déloger le général Tchiani et ses frères d’armes, auteurs du coup d’état. En sommet extraordinaire le jeudi 10 Août 2023, la CEDEAO a encore réitéré sa ferme volonté d’agir pour rétablir le Président de la République démocratiquement élu, en l’occurrence Mohamed Bazoum, à ses fonctions. Privilégiant la diplomatie, Ahmed Tinubu Bola, président en exercice de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, se dit déterminer à rétablir l’ordre constitutionnel au Niger et semble monter sur ses grands chevaux pour sonner le glas des coups d’Etat sur l’espace CEDEAO. Le Niger va être son entrée à la matière, donc il n’aura nullement pas droit à l’erreur. C’est pourquoi en cas d’échec de la diplomatie la CEDEAO passera en action pour remettre Bazoum à sa place, ou tout au moins signer le retour à l’ordre constitutionnel.
A la question de savoir si la CEDEAO interviendra militairement, la réponse est on ne peut plus clair, car la force sous régionale en attente sera constituée, si l’on s’en tient au communiqué final du sommet extraordinaire tenu le 10 Août 2023 à Abuja au Nigéria. Beaucoup de pays ont exprimé leur volonté de fournir des contingents et d’armes à la force d’intervention. Le géant nigérian sera la tête de proue de cette force sous régionale et c’est lui qui fournira le plus gros du contingent. Doit-on en arriver jusqu’à la belligérance ? Si seulement le général Tchiani et ses frères d’armes mesuraient les conséquences d’une intervention militaire il aurait réfléchi mille fois avant de s’engager sur cette voie périlleuse et sans issue.
Quelles pourraient être les conséquences d’une intervention militaire au Niger ? Une intervention militaire pourrait non seulement mettre en danger la vie du Président Bazoum, mais aussi et surtout pourrait avoir des dégâts collatéraux énormes. Elle pourrait causer involontairement la perte en vies humaines, voir un carnage de la population civile. L’intervention militaire pourrait également être un facteur déclencheur d’une guerre tribale, ethnique, voire régionale. Elle pourrait même occasionner une certaine propension terroriste voire une rébellion armée. En dépit de tous ces périls en la demeure nigérienne, pourquoi la junte s’entête à défier la CEDEAO ? Que dire des conséquences des sanctions en cours imposées par la CEDEAO et qui impactent négativement sur la vie du peuple nigérien.
La Communauté sous régionale, jouant sa crédibilité, voir sa survie va-t-elle céder à la pression de la junte et ses soutiens ?
Tout porte à croire que si la CEDEAO renonçait à intervenir militairement sous prétexte de minimiser les conséquences sur le Niger, elle perdrait sa crédibilité et sonnerait le glas de son existence en tant qu’organisation. En effet, faisant cela elle court trois risques majeurs, le premier serait la fin de l’organisation et de surcroit de la démocratie en Afrique de l’ouest. Le deuxième risque serait sans nul doute la propension des coups d’Etat dans tous les pays car ceux qui l’ont perpétré n’ont jamais été sanctionnés. Le troisième risque serait la montée en puissance des extrémistes qui profiteront de la crise liée au coup d’Etat. Donc la CEDEAO, pour sa survie, ne doit nullement pas reculer pour quelque motif que ce soit.
En somme, la guerre entre la CEDEAO et le Général Tchiani ne devrait pas avoir lieu. Donc il revient au second de comprendre que l’heure des putschs est révolue et que seule la démocratie reste la meilleure alternative pour un développement économique et social.
Youssouf Sissoko



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