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Rétrocession des camps de la Minusma : L’Armée occupera le terrain
Publié le lundi 14 aout 2023  |  L’Essor
Patrouille
© AFP par PHILIPPE DESMAZES
Patrouille de l`armée malienne et française à Goundam
Patrouille de l`armée malienne et française entre Goundam et Tombouctou
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Le retrait de la Minusma a bien débuté. Autorités maliennes et dirigeants de la Mission onusienne travaillent main dans la main pour mener à bien le processus. En éxécution de la résolution 2690 du Conseil de sécurité, les deux parties ont mis en place des groupes de travail qui œuvrent conjointement pour que tout se passe en bon ordre dans le délai imparti de six mois. Les experts maliens et onusiens sont en concertation régulière. La semaine dernière, une réunion s’est tenue pour échanger sur le projet d’accord relatif à l’encadrement juridique de la rétrocession des camps militaires de la Minusma aux Forces armées maliennes (FAMA).

Cette concertation n’est pas de trop. Car la rétrocession de la Minusma ne se passe pas sans remous. Pas entre les Casques bleus de la Mission onusienne et les militaires maliens. Mais entre ces derniers et divers groupes armés qui écument les Régions du Nord et du Centre du pays. Si la rétrocession du camp d’Ogossagou s’est passée sans anicroche, celle de Ber, entamée la semaine dernière, a suscité une certaine tension.

Des groupes armés se sont mis en tête d’empêcher les Forces armées maliennes (FAMa) de prendre possession de l’emprise située dans cette localité de la Région de Tombouctou. Or les FAMa y arrivent en vertu des arrangements décidés entre les Nations unies et le Mali dans le cadre du retrait de la Minusma. Au-delà de ces arrangements, les Forces armées nationales doivent avoir le droit de se mouvoir sur l’ensemble du territoire national. L’Accord pour la paix et la réconciliation n’a-t-il pas comme finalité d’assurer le contrôle du territoire par les Forces nationales de défense et de sécurité ?

Aucun groupe armé, surtout pas les signataires de l’Accord de paix, ne devrait s’arroger le droit de faire d’une partie du territoire national une enclave inaccessible aux autorités nationales. Se mettre au travers du processus de retour de l’ensemble du territoire sous le contrôle de l’État, relève ni plus ni moins du terrorisme.

24 TERRORISTES NEUTRALISÉS- Voilà qui explique la réplique foudroyante opposée par l’Armée, vendredi dernier à Ber, à «une tentative d’incursion dans leur dispositif et à des tirs de harcèlement des Groupes armés terroristes (GAT)». En révélant ces événements dans un communiqué, la Direction de l’information et des relations publiques de l’armée (Dirpa), a fait état d’un bilan de 24 terroristes neutralisés. Du côté de l’Armée, on déplore la perte de 6 soldats. Les FAMa ont récupéré, après la fuite de l’ennemi en débandade, 18 AK-47, 12 motos et du matériel militaire.

Les FAMa assurent que ni les menaces ni les attaques terroristes ne les détourneront de leur mission de sécurisation de l’ensemble des citoyens maliens aux quatre coins du territoire. «Les FAMa, respectueuses de leur mission de défense de l’intégrité du territoire national, de la sécurisation des personnes et des biens, resteront fidèles à leurs engagements et ne ménageront aucun effort pour le bien-être des populations de Ber prises en otage par les groupes armés terroristes», souligne le communiqué de la Dirpa.

Il va sans dire que l’Armée malienne s’installera à Ber comme partout où la Minusma lui rétrocèdera ses emprises. Ceux qui voient l’arrivée des Forces nationales de défense et de sécurité comme la fin de leur règne de potentats locaux, ne manqueront pas de s’agiter. Mais le Mali a demandé solennellement devant le monde entier aux Nations unies le départ d’une mission qui a achevé de faire la preuve de son inefficacité. Il est hors de question que l’État montre une quelconque faiblesse dans le processus de ce retrait.

Surtout que beaucoup de voix sceptiques glosent sur la supposée incapacité des Forces armées maliennes à combler le vide laissé par les Casques bleus dans les régions de Gao, Mopti, Douentza, Bandiagara, Ménaka, Tombouctou, Kidal, etc. Les détracteurs ne mettent pas en avant le fait que 1.734 Casques bleus des contingents britanniques, suédois et égyptiens ont déjà quitté le Mali.

Bien sûr, il est prévisible que les forces obscurantistes et les ennemis de la paix soient tentés de profiter de la période de transition entre le départ des Casques et l’installation des FAMA pour mener des actions terroristes. C’est ce qui explique les événements dramatiques intervenus la semaine dernière dans la Région de Bandiagara et ayant provoqué des manifestations dans la capitale régionale. Des événements du genre ne manqueront pas les jours et les semaines à venir. Mais la détermination des autorités maliennes à ne plus sous-traiter la sécurité des Maliens finira par prendre le dessus.

ÉNORMES CARGAISONS- Les individus et les forces occultes qui profitent du malheur de nos concitoyens vivant dans les zones de tension, n’ont pas intérêt au retour de la paix. Beaucoup ont fait le choix de tirer profit de l’économie de guerre et font commerce sans scrupule avec les groupes terroristes.

L’ampleur de ce trafic criminel est, de temps à autre, révélée au grand public à l’occasion des saisies par les Forces de défense et de sécurité des énormes cargaisons de matériels et de produits de consommation destinées aux groupes terroristes. La semaine dernière, l’Armée a annoncé la saisie de deux camions remplis de pièces détachées de motos. Cette saisie a été précédée de plusieurs autres dont les suites n’ont malheureusement pas fait l’objet de communications fiables.

Avec des véhicules et des motos par centaines, les groupes armés ont besoin d’énormes quantités de carburant, de pièces de rechange, le tout assuré par une logistique bien organisée. Cette organisation s’appuie forcément sur des individus vivant dans les villes et pour qui les vies humaines ne sont rien à côté de leurs intérêts égocentriques.

Les groupes terroristes sont aussi en connexion avec les organisations et même les puissances extérieures. C’est ce qui explique l’installation de leurs repaires dans les zones frontalières. Ces liens peuvent être coupés grâce à une coopération sincère entre les pays concernés. Les changements intervenus à la tête des trois pays constituant l’épicentre de la crise sécuritaire au Sahel constituent un facteur favorisant les actions coordonnées des différentes armées.

Les bonnes relations entre les militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger militent en faveur d’une meilleure gestion de la zone des trois frontières où les divers groupes armés ont élu domicile. L’arrivée des militaires au pouvoir dans les trois pays, bien qu’accueillie par des inquiétudes pour la démocratie, favorise une dynamique porteuse d’espoir pour la paix.

Rédaction Lessor

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L’Essor N° 17187 du 17/5/2012

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