Lundi dernier, une délégation officielle conjointe Mali-Burkina Faso s’est rendue à Niamey pour apporter leur soutien au Niger. Le Mali et le Burkina ont même manifesté leur disponibilité à envoyer des troupes à Niamey en prévision d’une éventuelle intervention militaire annoncée par la CEDEAO. Suite à cette décision des autorités de la transition malienne, nous avons sillonné la ville de Bamako afin de recueillir les avis de la population.
Moussa Diaby affiche son accord pour une intervention militaire et plaide néanmoins pour la négociation au préalable. «Ils me doivent tout mettre en œuvre afin de résoudre cette situation de façon pacifique. Si cette solution n’aboutissait pas et au cas où la CEDEAO choisirait le recours à une intervention militaire je crois qu’il est de notre devoir de soutenir le Niger. L’Afrique est fatiguée de cette ingérence. Si la guerre est le seul moyen de retrouver sa souveraineté, alors qu’on le fasse», a martèle notre interlocuteur en relevant toutefois qu’une solution négociée s’impose par le fait que nous n’avons pas encore fini avec la lutte contre le terrorisme sur notre territoire et la nécessaire conservation de nos effectifs pour les besoins nationaux.
Pour Mohamed Diarra, en revanche, ce conflit est inévitable. «Que l’affrontement entre nos pays et La CEDEAO se fasse une bonne fois pour toutes, trop c’est trop. Il n’est plus question de négociation parce que si l’on reste passif la zone des 3 frontières serait fortement vulnérable alors là il serait plus question du Niger, nous allons tous payer les pots cassés et les terroristes vont gagner de plus en plus de terrain. Ce qui serait une catastrophe pour nous», explique-t-il. Abondant dans le même sens, Aboubacar Bamadio estime pour sa part que la CEDEAO n’a plus sa raison d’être. «S’il ne tient qu’à moi nous devons d’abord dissoudre la CEDEAO. Ils veulent faire une intervention militaire contre le Niger au nom de quoi ? Pas la démocratie quand même, du moment que la Transition est soutenue par le peuple nigérien, je ne vois pas l’intérêt», a-t-il confié en s’interrogeant sur la passivité de la CEDEAO aux manipulations de constitution pour un troisième mandat. Et de soutenir au passage que la démocratie n’est pas faite «pour nous africains car elle est instrumentalisée par les occidentaux pour leurs intérêts». Quant à l’envoi de militaires CEDEAO au Niger, il estime que les autorités de transition du Burkina et du Mali ont le devoir de lier la parole à l’acte en y répondant par l’envoi de troupes en soutien au Niger. «Si le Niger est touché c’est le Mali qui est touché et c’est le Burkina Faso qui est touché également», a-t-il argumenté. Même son de cloche du côté de Cheick Traoré : «Je pense qu’ils ont pris une très bonne décision et je suppose que si le Niger a un problème c’est comme si le Mali avait un problème. Il est de notre devoir, nous peuples maliens, de soutenir nos autorités de la Transition sur cette lancée parce que en cas de conflit au Niger l’envoi de troupes là-bas est une manière pour nous de nous protéger contre les répercussions que pourrait engendrer cette intervention de la CEDEAO».