Cheickh Ahmed Tijane Sow, est un étudiant malien aux USA, ses amis l’appellent P-vo Al-Coran ou P-vo Sinatra. Il est président et membre fondateur de l’A.E.M.U qui est la toute première association des étudiants maliens des USA. Sow est vice-président de SINATRA FAMILY, l’un des premiers mouvements des jeunes leaders à travers les réseaux sociaux.
Aujourd’hui, il pense qu’ils représentent mieux la jeunesse malienne que le ministère en charge de la jeunesse. Ce jeune malien talentueux est également le président initiateur d’une fondation «Volunteers For Life» qui est une petite fondation, qu’il a mise en place, avec certains amis de bonne volonté, pour venir en aide aux enfants les plus démunis de la société malienne à retrouver les bancs de l’école. Avec lui, nous avons fait le tour de ses activités, la situation au pays et l’organisation de l’association des étudiants maliens aux USA.
Comment parvenez-vous à faire toutes ces activités en plus des études ?
Cheickh Ahmed Tijane Sow : Je commencerai tout d’abord par le nom d’Allah, Le Tout Miséricordieux et Le Plus Miséricordieux qui nous a accordé Sa Grâce pour que cette interview ait lieu. Merci à vous également, de m’avoir accordé cette interview dans votre journal. Je dirai que se porte bien la fondation. Nous avons un deuxième volet qui s’occupe de la sensibilisation des chefs de famille à faire des rues pavées dans les différentes communes du district de Bamako comme à Missira et Médina Coura et à lutter contre l’insalubrité. J’allais oublier, je suis l’auteur d’une chronique de Facebook «Il était une fois P-vo et son Home boy» que je vous invite désormais à lire. Je suis le modérateur principal de l’émission «Démocratie Kene» de Radio AMAW, la principale radio de l’Association des Maliens de Washington DC, depuis sa création il y a environ 3 ans de cela. À mon actif, j’ai eu à interviewer presque tous les représentants de tous les grands partis politiques maliens et plusieurs personnalités : à savoir des diplomates, des maires, des députés, des ministres et même des candidats à la précédente élection présidentielle. Les dernières personnalités qui figurent sur mon calendrier du mois passé sont entre autres MM. Soumaïla Cissé, candidat de l’URD à la présidentielle 2013 et Habib Dembélé dit Guimba national, candidat à la présidentielle de 2002. Parallèlement à tout ce que je viens de citer, je travaille avec une ONG américaine à Anchorage, Alaska du nom de «Hope Community Ressources». Etant donné que je suis un des membres de l’Association des étudiants maliens des USA, ce qui insinue en réalité ma présence parmi les étudiants. Après avoir effectué des études de droit à la Faculté des Sciences juridique, économiques et sociales de Casablanca au Maroc, je suis à la fin de mes études de Business International ici aux USA.
Comment êtes-vous organisé et comment ça fonctionne ?
Très belle question. On dit que les hommes les plus extraordinaires de ce monde sont souvent ceux qui sont très désorganisés parfois. Dixit la grand-mère de Peter Parker dans le célèbre film «Spiderman I» Rire ! En ce qui concerne mon côté organisation, je le conjugue tout simplement au présent de l’indicatif en disant que chaque chose a son temps, tout comme chaque matière a son heure en classe avec des cartables différents.
Comment avez-vous suivi la présidentielle qui a vu la victoire d’IBK ?
Cette élection présidentielle, à mon avis, a été perçue par une grande partie de la population comme un rêve qui venait d’être réalisé. Un facteur qui nous pousse à dire que ce qui prévaut aujourd’hui et qui prévalait hier était cette sauvegarde de notre très chère jeune démocratie, qui fut acquise dans un bain de sang un Vendredi 26 Mars 1991. C’est pour vous dire que nous n’admettrons jamais que quelqu’un tente de nous la marauder et cela au prix de notre existence. Et pour rien au monde, nous n’oublierons cette date qui fut déjà gravée dans nos mémoires. Mais il faudra noter que si un candidat X ou Y gagne, c’est le Mali qui vient de signer son grand retour à la vie constitutionnelle normale. Cela est un paradigme et doit être le salut de tout bon républicain et démocrate.
Et le vote des Maliens des USA, comment s’est-il passé ?
Paradoxalement, je n’ai malheureusement pas voté à défaut d’une carte Nina et de ma position géographique très distante à savoir l’Alaska qui est la dernière frontière du monde, avant d’arriver au Pôle Nord. En réalité, j’ai été enregistré à l’ambassade, mais le fait de ne pas pouvoir voter est quelque chose que je ne considère nullement pas comme un quelconque complexe ; car j’ai eu à guider un bon nombre de votants vers le candidat de mon choix qui, de mon point de vue, était le meilleur candidat, le candidat de la situation actuelle et du changement. C’est un lieu pour moi d’inviter nos autorités actuelles à redoubler d’efforts, afin que chaque Malien, où qu’il soit, au-dedans ou au-dehors, puisse s’acquitter de son devoir de citoyenneté. C’est très important !
Quels commentaires faites-vous sur la victoire d’IBK face à Soumaïla Cissé ?
IBK est mon nouveau président de la République parce qu’il est le choix de la majorité de mon peuple. C’est un devoir patriotique de respecter le verdict des urnes, mais il ne figurait point dans la liste des candidats de mon choix à cause de cette ombre qui couvrait ses liens avec la junte militaire. La preuve flagrante est la présence du Gal. Moussa Sinko Coulibaly dans son gouvernement qui fut l’un des premiers acteurs de ce coup d’Etat et qui a hasardeusement attiré nos attentions vers son candidat le jour de la publication provisoire des résultats de la présidentielle 2013 pendant cette transition. Nous ne sommes pas étonnés qu’il soit maintenu à son poste, malgré son implication dans ce coup d’Etat. Et après tout, on a osé lui confier notre ministère stratégique en charge des affaires électorales qu’est celui de l’administration territoriale. Quelle belle démocratie ? Quelle belle transparence ? Il faudra quand même confesser que le code de popularité d’IBK reste indéniable, mais je dis toujours que ce n’est pas avec une popularité qu’on va gouverner un pays comme le Mali plongé dans une crise sans précédent de son histoire. Et jusque-là aucun projet de société ne nous a été exhibé, à moins que quelqu’un ne me prouve le contraire.
Cependant, il est fondamental de savoir que les défis majeurs à relever sont énormes et tout ce que nous pouvons simultanément faire pour notre président, c’est de prier pour qu’il soit réellement à la hauteur des attentes. Ce que j’estime chez IBK, ce sont ses beaux discours qui nous comblent d’espoir et surtout cette brave fermeté de «l’empire mandingue» inespérément recherchée chez son prédécesseur déchu en son temps. J’espère bien que les ramages des oiseaux de Koulouba ressembleront à leurs plumages.
Selon vous qu’est-ce qu’IBK doit faire si la popularité ne suffit pas ?
Mais nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge, tant que certains points ne sont pas vigoureusement révisés par le gouvernement et sans équivoque ni complaisance. À savoir : la justice pour tous, la sécurité des biens et des personnes pour la stabilité du pays, la réconciliation nationale digne du nom, avec la présence de tous les ex-chefs de l’Etat ; rétablir rapidement l’école malienne, la création de l’emploi des jeunes, redémarrer l’économie avec le retour de nos investisseurs internationaux ; la sauvegarde de la démocratie dans la plus grande transparence par les législatives, la lutte contre la corruption et l’impunité ; assurer la méritocratie en mettant l’homme qu’il faut à la place qu’il faut ; restaurer l’autorité de l’Etat dans le plus grand respect de la justice et du droit de l’homme.
Vous suivez l’actualité au pays, les attaques dans le nord et la situation à Kati. Qu’est-ce que ça vous inspire ?
Les attaques perpétrées à Kidal et Tombouctou sont d’une ignominie inexplicable. Ces actes sont purement et simplement déplorables. Après des enquêtes franches, des répliques doivent être immédiatement menées pour stopper rapidement de telles barbaries en République du Mali. Nous sommes indignés et nous nous inclinons devant la mémoire des victimes. La mutinerie survenue à Kati ne me surprend guère, car seuls les médiocres encouragent la médiocrité. Si les premiers mutins sont promus aux grades supérieurs et nommés ministres, alors pourquoi on s’étonne tant que cela inspire d’autres et les pousse à se comporter de la même manière ? Si le président tient à sa promesse, il profitera de cette occasion opportune pour assainir la scène politique et se débarrasser de tous ces mutins du premier groupe du 22 mars 2012 et du deuxième groupe du 1er octobre 2013. Il faut obligatoirement arrêter toutes ces promotions sans valeur et considérer un peu la méritocratie en accordant la promotion aux militaires seuls qui ont été déployés pendant cette crise.
Avez-vous un mot de la fin ?
Qu’Allah vous bénisse M. le journaliste, ainsi que votre famille ! Qu’Allah veille sur le Mali et donne l’amour de ce pays à nos autorités ! Merci.