La conférence des présidents de la Plateforme Espérance nouvelle « JIGIYA KURA » a rendu public, le 23 août 2023, un document de presse sur la marche de la transition au Mali depuis 2020. Selon ce regroupement de partis politiques, d’associations et d’organisations non gouvernementales, piloté par l’ancien ministre, Housseini Amion Guindo dit Poulo, les prix des denrées de première nécessité ont flambé et continuent de flamber et la population commence à s’impatienter. Sur le plan sécuritaire, la Plateforme JIGIYA KURA indique que le nombre de victimes continue de croître et le sang des Maliens continue de couler dans presque toutes les régions du Mali. « De toute évidence, le tandem « Assimi-Choguel» a des difficultés à mener la Transition à bon port avec l’architecture actuelle des instances dirigeantes de la Transition », révèle le document de presse de la conférence des présidents de la Plateforme Espérance nouvelle «JIGIYA KURA».
« Mali Trois ans de transition, Entre immobilisme et recul », c’est le titre de ce document de presse de JIGIYA KURA de 3 pages. La Plateforme rappelle que la Transition en cours au Mali a débuté le 18 août 2020 à la suite de la chute du régime IBK. Avant d’ajouter que le Comité National pour le Salut du Peuple (CNSP), qui a entériné ce changement de pouvoir, a annoncé une Transition politique de 18 mois qui a débuté le 25 septembre 2020 avec l’investiture de Bah N’DAW dans ses fonctions de Président de la Transition, Chef de l’État du Mali. Avant d’être officiellement dissout et avec un regard de la CEDEAO, le regroupement de Poulo indique que le CNSP a mis en place tous les organes de la Transition avec la configuration dirigeante suivante : Bah N’DAW, Président de la Transition ; Colonel Assimi GOÏTA, Vice-Président ; Moctar OUANE, Premier ministre ; Colonel Malick DIAW, Président du CNT. « Bah N’DAW a pris les rênes du pouvoir dans un environnement très instable, voire très turbulent. Mais il avait la faveur des pronostics pour atteindre les objectifs qu’il s’est assigné dans son discours d’investiture et dans sa Lettre d’orientation au Gouvernement afin de réussir la Transition.
Après 9 mois, les incompréhensions et l’incohérence entre les organes de la Transition, d’une part, et entre ces derniers et certaines structures (M5-RFP, UNTM, une partie de la société civile, etc..), d’autre part, ont fini par créer un climat de blocage au sommet de l’État. Ainsi, ce bras de fer qui opposait les militaires de l’ex-CNSP, d’une part, et le Président de Transition et son Premier ministre, d’autre part, a abouti aux évènements du 24 Mai 2021. Les conséquences directes ont été la démission de Moctar OUANE et de son Gouvernement suivie de celle du Président Bah N’DAW en présence des émissaires de la CEDEAO », souligne la Plateforme JIGIYA KURA.
La proclamation de Assimi GOÏTA comme Président de la Transition par la Cour Constitutionnelle et sa prestation de serment devant la Cour suprême font des militaires de l’ex-CNSP les principaux dirigeants des organes – exécutif et législatif – de la Transition. Dans la foulée, le poste de Premier ministre a été confié au M5-RFP qui a choisi Choguel MAÏGA pour siéger à la Primature. Afin de garantir le succès de la Transition et, satisfaire ainsi le grand espoir qu’a suscité son avènement, la Plateforme JIGIYA KURA souligne qu’il conviendrait de prendre en compte par le Président GOïTA les attentes essentielles de la majorité des populations maliennes, notamment : un fonctionnement plus efficient de l’Administration publique, notamment par la prise en charge adéquate des missions régaliennes de l’État (Éducation, Santé, Sécurité, justice…) ; donner un gage de respect des engagements initiaux (l’indépendance vis-à-vis de la classe politique, l’unité de l’armée, l’éradication de la corruption et de l’impunité) ; l’amplification de la lutte antiterroriste et la réunification subséquente du territoire national avec comme objectif primordial et principal « l’arrêt de l’écoulement de sang et de la mort de Maliens, tous bords confondus » ; la réorganisation de la vie politique et le renforcement de la Démocratie.
« La trajectoire de la transition ne répond pas aux aspirations des Maliens »
Suite aux explications données par Assimi GOÏTA pour justifier les évènements du 24 Mai 2021, ajoute le document de presse, le nouveau Président de la Transition a renforcé son capital de confiance et s’est donné la faveur des pronostics pour atteindre les objectifs qu’il s’est assigné dans son discours d’investiture et dans sa Lettre d’orientation afin de réussir la Transition. Dans cette dynamique, le Premier ministre Choguel MAÏGA et son équipe ont initié un Plan d’Actions du Gouvernement (PAG) en 4 axes, qui sont : Le renforcement de la sécurité́ sur l’ensemble du territoire national, Les Réformes politiques et institutionnelles, L’Organisation des élections générales ; et la promotion de la bonne gouvernance et adoption d’un pacte de stabilité́ sociale.
Selon la Plateforme JIGIYA KURA, après plus d’un an passé à la Primature, le Chef de file des « tombeurs civils » du Président IBK peine à mettre en œuvre son PAG, d’une part, et à garder l’unité au sein de son mouvement M5-RFP, d’autre part. Certains caciques du M5-RFP l’accusent d’avoir ignoré leurs « légendaires 10 points » et les « victimes ». « Et l’attente des populations est tellement grande que le peu de points positifs à l’actif du duo Assimi-Choguel n’est pas significatif aux yeux du peuple malien. Les prix des denrées de première nécessité ont flambé et continuent de flamber et la population commence à s’impatienter face au mutisme des autorités. La lutte contre la corruption et l’impunité ne donne pas les résultats escomptés. Il semblerait que la justice peut faire mieux, notamment avec une accélération dans le traitement de certains grands dossiers de corruption », souligne JIGIYA KURA. Sur le plan sécuritaire, ajoute le document de presse, le nombre de victimes continue de croître et le sang des Maliens continue de couler dans presque toutes les régions du Mali.
Selon JIGIYA KURA, cette tendance pourra s’amplifier avec le départ inattendu de la MINUSMA et l’inévitable reprise des hostilités avec certains mouvements signataires de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation. Ladite Plateforme a fait savoir que le délai prévu pour l’organisation des élections législatives et présidentielle est désormais hors de portée. « De toute évidence, le tandem « Assimi-Choguel » a des difficultés à mener la transition à bon port avec l’architecture actuelle des instances dirigeantes de la transition. Concomitamment aux pressions internes d’une partie de la classe politique et d’une partie du M5-RFP, notamment la frange anti-Choguel, la CEDEAO tente de raisonner les autorités pour respecter le délai de la Transition.
Cependant, le peuple malien est encore dans l’attente de l’amélioration des conditions de vie – voire le recul et/ou la fin de la détresse sociale – promises par les nouvelles autorités post-régime IBK. D’où la question légitime et fondamentale relative à un changement partiel et/ou total de l’équipe gouvernementale. Il est évident que la trajectoire actuelle de la Transition ne répond pas aux aspirations des maliens et n’est pas parvenue à donner espoir dans la sécurisation du pays. Mais le Colonel GOÏTA a le devoir de respecter sa parole d’officier pour permettre l’organisation des élections dans le délai imparti », a indiqué JIGIYA KURA.
Selon ladite Plateforme, il revient au Colonel GOÏTA de trouver la solution par l’adoption et la mise en œuvre de nouvelles orientations axées sur la sécurisation du pays, au retour du Mali dans le concert des nations et l’organisation d’élections permettant le retour à l’ordre constitutionnel. JIGIYA KURA a indiqué que ce troisième Round de la transition doit se faire de façon consensuelle et inclusive entre toutes les couches de la population malienne devant permettre une gouvernance apaisée, condition sine qua non pour l’organisation d’élections crédibles et transparentes.