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Intervention militaire contre la bande à Amadou Haya Sanogo : Quand ATT disait NON à la CEDEAO !
Publié le lundi 28 aout 2023  |  L’aube
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© Autre presse
Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
Renversé le 22 mars par la junte militaire l`Ex président du Mali, Amadou Toumani Touré
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« N’est pas ATT qui le veut ! » Ce qui n’était qu’une lapalissade est plus que d’actualité dans l’histoire politique en cours dans la sous-région ouest-africaine, notamment avec le récent coup d’Etat au Niger voisin. Patriote dans l’âme, humble jusqu’au-boutiste et fataliste, le président Amadou Toumani Touré (les 7 milliards d’êtres humains sur la terre le reconnaîtront sous les initiales d’ATT), renversé en 2012 dans ce qu’il est convenu d’appeler « le coup d’Etat militaire le plus stupide de l’histoire », disait Niet aux Chefs d’Etat de la CEDEAO qui n’excluaient pas une intervention militaire pour chasser les putschistes et le rétablir dans ses fonctions. Aujourd’hui, dans les mêmes circonstances intervenues au Niger, le président Bazoum « encourage » ses anciens pairs à user de tous les moyens pour rétablir l’ordre constitutionnel. Comme le Jour et la Nuit ! Pour le premier (ATT), aucun compatriote ne doit perdre la vie, même pas une goutte de sang, pour son pouvoir à lui, tandis que pour le second (Bazoum), le slogan semble être : « je veux mon fauteuil, à n’importe quel prix !».

Rappel d’étapes de ce qui s’est passé entre le 22 mars et le 8 avril 2012 et qui a épargné au Mali et à ses fils un bain de sang et des pertes en vies humaines. « N’est pas ATT qui le veut ! ».

Tôt le matin du mercredi 21 mars 2012, à la ville garnison de Kati une saute d’humeur au cours d’une rencontre entre le ministre de la Défense et les militaires, s’est vite transformée en mutinerie puis conclue, tard dans la soirée, par un renversement du pouvoir du président Amadou Toumani Touré. Les auteurs du putsch, réunis au sein du CNRDRE (Comité national pour le Redressement de la Démocratie et de Restauration de l’Etat) dirigé par le capitaine Amadou Haya Sanogo, annoncent officiellement la prise du pouvoir au petit matin du jeudi 22 mars 2012.

Des sanctions aux relents fatals ?

Comme on pouvait s’y attendre, les choses se précipitent au niveau de la CEDEAO. Le mardi 27 mars 2012, Sommet Extraordinaire de la CEDEAO se tient à Abidjan, en Côte d’Ivoire, sur la situation politique au Mali, notamment, les modalités d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.

Entre autres principales décisions prises par la Conférence Extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de la CEDEAO, on peut retenir: Dénier toute forme de légitimité au CNRDRE et exiger le rétablissement immédiat de l’ordre constitutionnel au Mali ; Rappeler au CNRDRE sa responsabilité en ce qui concerne la sécurité et la sûreté du président Amadou Toumani Touré ; Exiger que le CNRDRE libère tous les détenus politiques ; Suspendre le Mali de tous les organes de prise de décision de la CEDEAO, avec effet immédiat ; Informer le CNRDRE que la CEDEAO prendra d’autres mesures nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ; Autoriser la montée en puissance de la Force en attente de la CEDEAO pour parer à toutes éventualités;

Ce n’est pas tout. En cas de non-respect de ces décisions par le CNRDRE, des sanctions de tous ordres ont été adoptées. Les plus pertinentes : la suspension du Mali de toutes les instances de la CEDEAO ; la fermeture des frontières des Etats membres de la CEDEAO avec le Mali; le gel des avoirs des différents responsables du CNRDRE et de leurs associés dans les pays membres de la CEDEAO ; la fermeture au Mali de l’accès des ports des pays côtiers de la CEDEAO ; le gel des comptes du Mali à la BCEAO ; le non approvisionnement des comptes de l’Etat malien dans les Banques privées à partir de la BCEAO ; le gel des concours financiers à partir de la BOAD et de la BIDC.

En cas de non-respect par le CNRDRE de ces décisions, le communiqué final mentionne que ces sanctions mentionnées devraient être appliquées dans un délai maximum de 72 heures, au plus tard le lundi, 2 avril 2012.



L’adresse d’ATT à ses compatriotes

Quand le président ATT eut connaissance de ces décisions depuis sa retraite secrète, il en mesura toutes les conséquences au double plan économique et financier sur le quotidien des Maliens, mais aussi sur le bain de sang que pourrait engendrer une éventuelle intervention militaire avec « la montée en puissance de la force en attente de la CEDEAO pour parer à toute éventualité ».

Alors, ATT prit son stylo pour s’adresser à ses concitoyens :

« Le mercredi 27 mars 2012, j’ai suivi avec un grand intérêt le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, tenu à Abidjan sous la présidence de son président en exercice, son excellence le Président Alassane Dramane Ouattara, Président de la République de Côte d’ivoire.

Personnellement, j’adhère aux propositions de sortie de crise, qui seront soumises au Mali, par une délégation des chefs d’Etat ; crise dont les conséquences multiformes seront désastreuses pour notre cher pays, déjà très éprouvé.

Aussi, le retour rapide à une vie constitutionnelle (l’ordre institutionnel, la remise en place des institutions de la République et le respect des libertés publiques) s’impose comme une nécessité absolue.

Le cas ATT, ne pose aucun problème. Je me soumettrai aux décisions retenues pour l’intérêt et la sauvegarde de la démocratie ; démocratie à laquelle j’ai pris une part importante dans l’édification et la consolidation, avec et parmi tant de démocrates.

C’est en Homme, sans haine aucune, mais plutôt en patriote sincère :

– Que j’exhorte toutes les Maliennes et tous les Maliens de l’intérieur comme de l’extérieur, aux amis du Mali à adhérer, soutenir les propositions de sortie de crise, pour notre patrie, et pour mes chers amis, les enfants, que je ne peux oublier, surtout dans les grandes épreuves.

-Aux forces armées et de sécurité et para militaires, j’en appelle à leur sens du patriotisme et de la mesure, pour dépasser vos incompréhensions et vous consacrez rapidement à notre mission cardinale : «Sauver le Mali ». Ainsi que :

– A mes chers compatriotes

– Aux institutions de la République

– Aux Démocrates des partis politiques

– Aux communautés religieuses

– A tous les réseaux de la société civile

– Aux légitimités locales, et communicateurs traditionnels

– Aux vaillantes femmes maliennes des villes et des campagnes

-Aux Maliens de l’extérieur, partout dans le monde.

-A la jeunesse malienne, dans toutes ses composantes et catégories

-A nos braves travailleurs du Mali

Qui ont toujours répondu à l’appel de l’histoire de notre pays. »

Sans commentaire ! Les Maliens ont capté, mémorisé et suivi ces sages conseils donnés par celui qu’ils ont aimé, adulé et porté au sommet de l’Etat ; celui qui leur avait bien rendu la monnaie.

Sauver le Mali une deuxième fois

Certes, ce « message écrit à la Nation » apaisait les éventuelles tensions socio-économiques et politiques mais n’éteignait pas totalement une intervention militaire de la CEDEAO parce que l’ordre constitutionnel demeurait toujours rompu. La solution ? Consentir à une démission volontaire. Ce que fit le démocrate ATT en adressant sa lettre de démission, « sans pression », à la CEDEAO, tout en sachant que c’est une mutinerie qui l’a mis dans l’impossibilité d’exercer mes fonctions de président de la République. Texte intégral :

« En ce moment critique de l’histoire de notre pays, qu’il me soit permis d’avoir une pensée profondément douloureuse pour les populations des régions de Tombouctou, Gao et Kidal, en particulier mes amis les enfants qui souffrent du fait de l’occupation inacceptable de cette partie de notre territoire.

A la suite de l’élection du président… de la République en Avril 2007, les Maliennes et les Maliens m’ont renouvelé leur confiance. En application des dispositions de l’article 37 de la Constitution du 25 février 1992, j’ai pris fonction le 08 juin 2007 pour un mandat de cinq (05) ans.

Dans le prolongement des acquis de mon mandat précédent, j’ai consacré toute mon énergie et toute mon imagination à la satisfaction exclusive des besoins essentiels de mes compatriotes et à la réalisation d’un Mali émergent. Aujourd’hui, il ne me revient pas de dresser le bilan de mes deux quinquennats. Les historiens s’en chargeront. Toutefois, depuis quelques mois, notre pays est en proie à des convulsions sur le triple plan sécuritaire, politique et social. Cette situation a atteint son paroxysme les 21 et 22 mars 2012, lorsqu’une violente mutinerie de la garnison militaire de Kati m’a mis dans l’impossibilité d’exercer mes fonctions de président de la République.

C’est pourquoi, dans l’intérêt supérieur de mon pays, j’ai l’honneur de demander qu’il vous plaise de recevoir ma démission et, subséquemment, de constater la vacance de la présidence de la République conformément à l’article 36, alinéa 2 de la Constitution susvisée.

Ce faisant, j’adresse mes sincères remerciements à toutes les Maliennes et à tous les Maliens qui m’ont fait confiance, m’ont accompagné durant le temps que j’ai passé à la tête de l’Etat et qui continuent d’œuvrer pour le rayonnement d’un Mali éternel.

Enfin, je demande pardon à toutes celles et à tous ceux qui ont pu souffrir du fait des actes que j’ai posés, sans intention de nuire, durant mes deux mandats.

Je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma considération très distinguée. »

C’est ça l’Homme ATT, l’ami des enfants ! Aujourd’hui, le cours des événements politiques dans la sous-région nous offre un tout autre tableau avec le refus de démissionner du président nigérien, Mohamed Bazoum, renversé le mercredi 26 juillet par des putschistes. Au contraire, le président déchu s’accroche à un mince espoir de revenir au pouvoir, au prix de tous les sacrifices y compris le sang de ses concitoyens. « N’est pas ATT qui le veut ! ».

Hamady

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