La lutte contre le trafic de drogue connait peu d’exemples de succès probants dans le nord du Mali avec l’incapacité de l’Etat et de ses partenaires de venir à bout du fléau. La rétrocession des camps de la Minusma, suivie de patrouilles d’envergures, sera une aubaine pour les forces armées maliennes, pour se lancer dans des opérations consistant à désorganiser ou à couper la route de la drogue.U
Selon des chiffres de l’ONUDC publié il y a quelques années, les quantités de drogue qui transitent dans le nord du Mali à destination de l’Europe sont importantes. Du Burkina Faso, la drogue transite pour et par le Mali.
Selon l’itinéraire décrit par l’Office central des stupéfiants du Mali, la drogue emprunte l’axe Bobo-Dioulasso-Koury (Mali). De Koury, une quantité est fournie à Ségou pour ravitailler des villes du centre et du nord. En transitant par le nord, elle emprunte des axes régionaux puis se retrouvent en Europe.
Aussi, se souvient-on qu’en 2009, un avion-cargo rempli de cocaïne a atterri en plein désert au nord du Mali. L’équipage s’est volatilisé, ainsi que le chargement.
Selon Crisisgroup, une institution de recherche, le trafic de drogue au Nord du Mali cause des niveaux de violence sans équivalent dans la sous-région. Cela à cause de l’incapacité de l’Etat malien à contrôler cette zone et a rendu le narcotrafic particulièrement concurrentiel, tandis que la circulation d’armes de guerre florit. Ce trafic, poursuit le crisisgroup est à la fois une source de financement des groupes armés de toute nature et une cause d’affrontements.
La débandade de l’Etat au Nord a amené les trafiquants à se rapprocher des différents groupes armés, y compris parfois jihadistes, pour que la drogue continue de circuler.
Et de souligner que le trafic de drogue particulièrement concurrentiel suscite de graves violences et entrave l’application de l’accord de paix de 2015.
Le redéploiement de l’armée malienne dans plusieurs de ses positions où elle n’avait plus mis pied depuis 2012, sera un facteur pour lutter de façon efficace contre les bandes de trafic de drogue. En plus de pourchasser les terroristes, les FaMas pourront se donner également comme mission de détruire les sanctuaires ou à défaut désorganiser le trafic de drogue, en coupant le pont entre les petits groupes. Certains avancent qu’il n’y a pas de frontière entre terroriste et trafiquants de drogue car la finalité pour les deux, c’est ôter la vie à des paisibles citoyens qui se trouveraient sur leurs chemins. En sommes, la rétrocession des camps de la Minusma aux forces armées maliennes, sera capitale pour mener une lutte sans merci contre les narcotrafiquants dans le nord du pays.
L’institut de recherche avance que la lutte contre le trafic de drogue dans le Nord du Mali reste limitée et inefficace. « La plupart des acteurs publics nationaux et internationaux reconnaissent qu’elle est nécessaire, mais beaucoup se déchargent de cette responsabilité au motif souvent recevable qu’elle ne relève pas de leurs compétences ». Sur le terrain, la lutte contre le narcotrafic apparait comme un enjeu secondaire que les acteurs internationaux font passer bien après la mise en œuvre de l’accord de paix. La réticence à s’engager plus résolument contre les narcotrafiquants s’explique en partie par la complexité des réseaux et la crainte d’interférer avec des intérêts d’affaires qui remontent potentiellement jusqu’au sommet de certains Etats de la région.