Pendant qu’au sud on n’a pas fini de «saluer» la signature du « Pacte de stabilité » sociale et de croissance qui promet un climat social calme et propice aux affaires, la température monte au nord du pays et l’urgence sécuritaire est de nouveau pressante au centre, notamment à Bandiagara. La paix reste l’otage des balles assassines.
A tension ! Regain de tension entre groupes armés et les Forces républicaines depuis que le processus du retrait de la Minusma a été enclenché. Précisément dès le début de la cession de ses bases à l’Etat du Mali, cette cession étant l’un des derniers actes de la Minusma qui obéissant aux «principes» de la mission onusienne de céder ses bases et installations à l’Etat régalien, donc à l’Armée nationale.
Selon le mouvement signataire de l’accord, la force onusienne doit «quitter» sans «céder». La nature a horreur du vide. Se retirer sans céder serait alors synonyme de laisser un camp libre, livré à la convoitise de deux positions armées (les Famas et les mouvements armés). Ce qui serait contraire à la vocation d’une mission de paix.
Le lundi 28 aout dernier, l’Onu s’est «inquiétée» de l’aggravation de la situation sécuritaire, notamment avec la reprise des hostilités au Nord du pays. Le ministre de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, chargé de l’Accord pour la paix et la réconciliation, Colonel-major Ismaël Wagué, s’est montré alerte vis-à-vis des dernières prétentions. Dans un communiqué en date du lundi 28 août, il a «invité» les «frères» des mouvements signataires de l’Accord pour la Paix à «revenir» dans le processus de paix, en vue de «surmonter» les défis actuels par la voie du «dialogue».
Cette sortie du département en charge de la paix et de la réconciliation n’est pas anodine. Surtout, qu’il s’agit du communiqué N°0001, signé du ministre Colonel-major Wagué en personne.
Au moment où l’Etat reste confronté à plusieurs crises -économiques, sécuritaire – au centre, notamment à Bandiagara, il ne faut plus que les efforts de paix cèdent aux sirènes de la violence et de la reprise des hostilités. Dans son mémorandum rendu public le mardi 22 août 2023, un consortium des organisations de la société civile, composé du Conseil national de la société civile, de la Caisse Associative des femmes opératrices (Cafo), du Conseil national des jeunes (Cnj), a émis le vœu que soit relu l’Accord pour la paix au Mali issu du processus d’Alger.
Si le retrait de la Minusma va certes rabattre les cartes de l’ «occupation», une vérité demeure : l’insoumission de Kidal, enjeu majeur de la souveraineté et de la réconciliation, continue toujours d’irriter. Encore que les mouvements armés ne cessent de glisser des cailloux dans les rangers des colonels depuis décembre 2022, avec l’annonce par la Cma de suspendre sa participation aux travaux du Comité de suivi de l’accord, ainsi que de toutes les instances chargées de la mise en œuvre de celui-ci.