La rencontre de Bamako doit permettre de peaufiner la faisabilité du projet avant d’entamer la recherche de financements. Les relations de coopération entre notre pays et la république de Guinée prennent une nouvelle dimension. Une importante délégation venue de chez notre voisin du sud se trouve dans nos murs pour discuter des rapports provisoires sur un éventuel projet d’interconnexion électrique Mali-Guinée. Les deux parties se sont retrouvées hier au Centre de recherches sur l’énergie solaire (CRES) autour d’une table pour étudier le tracé de la ligne et évaluer l’impact environnemental et social du projet d’interconnexion électrique de 225 kv reliant nos deux pays. La réunion, présidée par le ministre de l’Energie et de l’hydraulique, Mamadou Frankaly Kéita, enregistrait la présence du directeur national de l’Energie, Sinaly Diawara et celle de son homologue de l’Energie du Mali, Tidiani Kéita.
Le président du conseil d’administration de EDM, Ousmane Issoufi Maïga, le coordonateur du projet Mali-Guinée, Thierno Oumar Barry et plusieurs autres responsables du secteur de l’énergie de nos deux pays participent également aux discussions. Prévues pour se tenir deux jours durant, celles-ci vont essentiellement porter sur la cartographie physique de ce qui devrait constituer le parcours de la ligne devant relier les réseaux électriques de nos deux pays.
L’objectif visé par la rencontre est de disposer de rapports d’études de faisabilité pertinentes, indispensables à la recherche de financements pour la réalisation dudit projet. Les présentes discussions consacrent le cadre des études de préinvestissement du projet, objet de la rencontre. D’un montant global d’environ 2 milliards de Fcfa, les études portant sur le projet sont financées à plus de 92% par la Banque africaine de développement (BAD). La mise en œuvre du projet comprend la réalisation de 920 kilomètres de ligne haute tension dont 300 kilomètres en territoire malien, la construction de quatre nouveaux postes, l’extension de deux autres postes en république de Guinée et la réhabilitation d’un poste dans notre pays.
Le projet d’interconnexion Mali-Guinée s’inscrit dans les lettres de cadrage du Système d’échanges d’énergie électrique ouest africain (WAPP). Ce programme d’intégration sous-régionale par la production et la distribution solidaire d’électricité offre un espoir certain aux populations des 14 pays membres très souvent en butte à des difficultés d’alimentation en énergie. « Il s’agit là d’un programme ambitieux dont l’objectif est de permettre la production et le transport de l’énergie dans l’espace sous-régional dans un cadre solidaire et mutuel. C’est en ce sens que le WAPP trouve toute sa signification et son importance. Car le système met en place un dispositif qui donne la possibilité aux Etats d’échanger leur surplus d’énergie en cas de besoin », a expliqué le coordonateur du projet au WAPP, Thierno Oumar Barry, tout en soulignant la pertinence du projet.
Celui-ci représente un signal fort d’amitié et de coopération entre nos deux pays frères, souligne de son côté Mohamed Lamarana Ba, point focal du projet côté guinéen. L’expert a énuméré tous les bienfaits que la mise en œuvre devrait apporter à nos peuples, avant d’insister sur la volonté de nos dirigeants de renforcer davantage les liens entre nos deux pays.
Le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, Mamadou Frankaly Keita a, lui également, rappelé les relations séculaires d’amitié et de coopération entre le Mali et la Guinée, deux pays que lient la géographie et la culture. Il a indiqué que la rencontre de Bamako constituait la suite logique de celle de Conakry qui a consacré le lancement de cette initiative il y a environ sept mois. Le projet d’interconnexion des réseaux électriques de la Guinée et du Mali est l’un des maillons du Système de transport d’énergie de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest, destiné à favoriser les échanges d’énergie entre nos différents pays, a estimé le ministre. Certes, la volonté politique qui anime nos gouvernements est manifeste, mais ne saurait à elle seule concrétiser véritablement tous les paramètres requis pour la réalisation de l’initiative. Disposer d’un potentiel économique ne suffit pas. Il faut aussi faire l’évaluation technique, économique, financière et sociale dans une perspective de développement durable indispensable à l’optimisation des investissements, a souligné le ministre, tout en remerciant la BAD pour son accompagnement constant auprès de nos gouvernements respectifs.
Notre pays est en passe de devenir le carrefour énergétique dans la sous-région. La jonction du futur projet avec celui déjà existant avec la Côte d’Ivoire constituera la grande boucle énergétique sur l’Océan atlantique dont le Mali sera le point de couplage.