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Le silence assourdissant des partis politiques: Ne sont-ils pas de facto favorables à une prolongation du délai de la transition ?
Publié le lundi 4 septembre 2023  |  L’Alternance
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© aBamako.com par MS
Conférence de presse du cadre d`échange des partis et regroupements de partis politiques
Bamako, le 11 décembre 2021 le cadre d`échange des partis et regroupements de partis politiques a tenu à la maison des aînés une conférence de presse
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C’est au moment où le doute et l’incertitude planent sur le respect du délai de la transition, que les partis politiques s’emmurent dans un silence assourdissant sans rien exiger, ni se préparer pour les joutes électorales. Leur attitude ressemble fort curieusement à une résignation à la situation de léthargie dans laquelle le Mali se trouve aujourd’hui. Sinon comment comprendre qu’à moins de six mois de la fin de la transition qu’aucun état-major des partis politiques ne soit dans la mouvance de la campagne en choisissant au moins son porte étendard. En tout cas aucun parti politique ne donne l’impression d’être prêt pour la bataille électorale. Ni l’ADEMA PASJ, ni l’URD, ni le RPM, ni YELEMA, ni les FARE ANKA WULI, encore moins le PARENA et le CNID, pour ne citer que ces quelques partis, ne sont nullement en mouvement, ne serait-ce que pour galvaniser leurs troupes en remontant leur moral afin qu’ils se préparent pour la bataille électorale. A quand alors le réveil de la classe politique pour jouer le rôle qui est le sien, à savoir l’animation de la vie politique et la conquête et l’exercice du pouvoir d’Etat ? La baisse de la popularité de la junte militaire au sein de l’opinion va-t-elle être une occasion à saisir pour les leaders politiques afin de se faire une nouvelle virginité ?
En dépit de la baisse drastique de la popularité du Colonel Assimi Goïta, aucun leader politique ne sort la tête de l’eau pour combler ce vide et pouvoir convaincre l’opinion, à défaut de la séduire. Les hommes politiques paniqués et étourdis par le sévère jugement de l’opinion, ne font que raser toujours le mur. Cette attitude peu amène donne un tel élan aux autorités que le Président de la transition peut continuer allègrement à faire ce qu’il veut sans aucune opposition. C’est parce qu’’il n y a rien devant, comme aimait dire l’ancien Président ivoirien, Laurent Gbagbo, que les autorités actuelles de la transition ont leur schéma, celui d’une énième prolongation du délai de la transition. En tout cas si elles venaient à respecter le délai ce serait sous la pression de la CEDCEAO, mais pas celle de la classe politique. En effet, Après les avoir ignoré lors du réaménagement du gouvernement sans daigner les consulter, le Colonel Assimi Goïta et ses compagnons d’infortunes pourraient également procéder à une rallonge de la transition sans être importuné par les partis politiques qui non seulement sont en situation de précarité, mais aussi et surtout ont maille à partir avec une opinion remontée en bloc contre eux.
A quand alors le réveil de la classe politique pour jouer le rôle qui est le sien, à savoir l’animation de la vie politique et la conquête de l’exercice du pouvoir d’Etat ?
A ce rythme le réveil ne serait pas pour demain matin d’où la nécessité pour la vielle garde de passer la main à la nouvelle génération afin qu’elle continue le combat. Il y a des jeunes loups aux dents longues au sein de tous les partis politiques signifiants et qui sont capables de tenir le flambeau allumé par leurs aînés. Pour rappel le pays est dirigé par des jeunes officiers nés dans les années 80. Ils ne sont pas de la même génération que la plus part des leaders politiques, nés au Soudan français ou aux premières heures de l’indépendance du Mali. Ces officiers sont très jeunes et n’ont pas la même vision du monde que leurs aînés, donc une raison de plus pour ces derniers de céder la place aux jeunes. En tous les cas il faudrait que les jeunes comprennent que le pouvoir ne s’octroie pas, mais il s’arrache, souvent au prix d’énormes sacrifices. Il est grand temps que la transmission du flambeau se fasse pour qu’il y ait un autre son de cloche. Le changement de paradigme s’impose aujourd’hui en politique au Mali car tous les leaders politiques sont soit dans des beaux draps eu égard à leurs gestions ou encore sont fatigués physiquement. Donc la balle est dans le camp de la jeune génération pour relever le défi. Elle doit se montrer responsable et digne de confiance, pour non seulement corriger les errements du passé, mais aussi et surtout s’ériger en alternative crédible avec des propositions concrètes de sortie des crises
La baisse de la popularité de la junte militaire au sein de l’opinion va-t-elle être une occasion à saisir pour les leaders politiques afin de se faire une nouvelle virginité ?
La classe politique a une occasion idoine de se faire une nouvelle virginité, car les tenants actuels du pouvoir sont en chute vertigineuse dans les sondages. Mais malgré c ette impopularité ils demeurent plus populaires que les leaders politiques. Surtout ceux qui ont géré le pays pendant ces dernières décennies. Ils sont d’autant plus populaires que les hommes politiques que malgré les grosses erreurs, les promesses non réalisées et surtout au regard de la crise sociale, une écrasante majorité les préfère aux leaders politiques en lesquels on a fait porter le chapeau de tous les maux dont souffre le Mali. Aujourd’hui la classe politique a besoin d’un oiseau rare, audacieux, intègre et désintéressé par la chose publique, à l’image d’Ousmane Sonko du Sénégal, pour donner non seulement du fil à retordre aux autorités de la transition, mais aussi s’ériger en solution alternative aux différentes crises qui secouent le pays.
En somme, la classe politique malienne souffre d’un déficit de leadership éclairé et ferme pour non seulement préserver les précieux acquis de la démocratie contre l’autocratie, mais aussi et surtout pour rompre avec les vieilles habitudes qui ont pignon sur rue au Mali depuis belle lurette. Elle doit exiger le respect du délai de la transition aux autorités. Car nombreux sont les maliens à penser que si Assimi Goïta devrait respecter le délai de la transition ce serait sous la pression de la CEDEAO, mais pas celle de la classe politique qui s’affaisse dans le cachot du désespoir.

Youssouf Sissoko

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