L’Office du Niger par sa capacité constitue aujourd’hui le plus grand bassin rizicole du Mali avec 25% de la production nationale. Composé de 7 zones de production. Ce plus grand bassin de production, conformément à son plan initial et sa vocation est considéré comme le plus grand grenier de l’Afrique de l’Ouest. Mais, hélas, celui-ci est confronté aujourd’hui à un problème de manque d’engrais, malgré la subvention de l’Etat à hauteur de plusieurs milliards de FCFA.
Ce manque d’engrais subventionné, selon un certain nombre d’observateurs du monde agricole est dû à la mauvaise gestion des appels d’offres et des procédures de passation du marché de la fourniture d’intrants agricoles au Mali. La situation de la présente campagne 2023-2024 dont il s’agit n’as cessé de défrayer la chroniques et l’actualité du Mali plus particulièrement dans les zones Office du Niger. Les paysans de ces zones, depuis un certain moment, n’ont cessé et continuent de se plaindre du manque d’engrais subventionné chez certains fournisseurs retenus, notamment DPA (Doucouré Partenaire Agricole) et KO2. Selon la situation de cette subvention à la date du 1er septembre 2023, 70% des engrais subventionnés sont toujours attendus. Quant aux cautions techniques, environ 75% ont été livrés aux producteurs par les agents de l’Office du Niger et les 25% autres ne le sont pas encore. Cette situation est devenue aujourd’hui très inquiétante chez les exploitants agricoles dans ces différentes zones de l’Office du Niger. Ce qui va jouer considérablement sur les rendements à l’hectare.
Selon Yaya Coulibaly, 2ème vice président de la Chambre d’agriculture locale de Niono, la campagne agricole de cette année dans les zones Office du Niger est presque gâtée à cause du manque d’engrais subventionné chez certains fournisseurs retenus, notamment DPA et KO2. Ces deux fournisseurs, selon notre interlocuteur, ont été choisis par l’ancien ministre du Développement rural, Modibo Keita au détriment d’autres fournisseurs compétents, sachant bien qu’ils n’ont pas les moyens nécessaire pour satisfaire les besoins des paysans. ‹‹Malgré que nous avons nos cautions techniques dans nos mains, la plupart d’entre nous passent leur temps devant les magasins de certains fournisseurs retenus, notamment DPA et KO2 en espérant avoir leur sacs d’engrais subventionné››, a déploré Yaya Coulibaly. Cette situation, selon lui, est le résultat de la mauvaise gestion des appels d’offres et les procédures de passation, afin de choisir des fournisseurs crédibles, capables de satisfaire les besoins des paysans en engrais à temps. Par rapport à la signature des cautions techniques, il estime qu’à la date de ce vendredi 1er septembre 2023, environ 75% ont été signés et livrés aux producteurs par les agents de l’Office du Niger.
Quant à la livraison d’engrais subventionné par les fournisseurs retenus, Yaya Coulibaly expliquera qu’à la date du 1er septembre 2023, seulement 30 à 45% ont été livrés aux producteurs. Le grand nombre est toujours en situation d’attente avec quel espoir, a dit Yaya Coulibaly. ‹‹ Les vraies raisons de ce manque d’engrais s’explique tout simplement par le fait que ces deux fournisseurs retenus, DPA et KO2, pour ce marché au détriment d’un fournisseur potentiel et naturel, Gnoumani Sa, n’ont ni la capacité technique, ni financière pour exécuter correctement ledit marché››, a laissé entendre Yaya Coulibaly, avant d’interpeller les plus hautes autorités face aux comportements méprisable de certains responsables de l’Etat à l’égard des paysans en privilégiant leurs intérêts personnels au détriment des intérêts collectifs surtout lors des signatures des contrats de la fourniture d’intrants agricoles subventionnés.
Sur 17000 tonnes d’engrais, selon Samba Diallo, un responsable de l’Alliance des syndicats agricoles nationaux du Mali, seulement 1200 tonnes ont été attribuées à la Société Toguna qui a d’ailleurs exécuté le contrat avant le délai initialement prévu. Et le plus grand nombre a été attribué à des fournisseurs tel que DPA et KO2 qui n’arrivent toujours pas er exécuté le marché, a déploré Samba Diallo. Dans leur pratique, il s’agit de DPA et KO2, selon Samba Diallo, ce n’est pas de donner des engrais aux producteurs, mais, c’est de bénéficier de l’argent de la subvention de l’Etat en complicité avec certains responsables de l’Etat. ‹‹ Nous voulons bannir cette pratique mafieuse à laquelle certains fournisseurs d’engrais s’adonnent, afin de s’enrichir sur le dos des pauvres paysans, à travers le marché de la subvention d’intrants agricoles››, a promis Samba Diallo.
‹‹La visite du nouveau ministre de l’Agriculture, Lassine Dembélé, dès sa prise de fonction à Niono le jeudi 27 juillet dernier nous a donné l’espoir, qu’il va vite réparer le dégât que son prédécesseur du Développement rural, Modibo Keita a causé par rapport à la gestion et aux procédures d’appel d’offres de la subvention d’intrants dans les zones Office du Niger. Mais, hélas, malgré le constat fait par le ministre Lassine Dembélé lui-même de la défaillance de la fourniture des engrais subventionnés par certains fournisseurs retenus notamment DPA et KO2, il n’arrive toujours pas à prendre une décision concernant cette situation, conformément à sa lettre adressée aux fournisseurs retenus par rapport au respect du délai initialement prévu››, a déploré Moussa B Bouaré, délégué de l’Office du Niger, avant de mettre en garde le ministre Lassine Dembélé en ces termes : ‹‹ Nous avons dit au nouveau ministre de l’Agriculture, qu’il a mis son pied sur de la peau de banane, s’il ne fait pas attention, il tombera. Si la campagne de cette année réussit, ça sera à son honneur, mais, si elle échoue, c’est lui qu’il va prendre le nom, car l’État est une continuité››.
Avant de quitter, nous avons visité quelques champs de riz à Niono précisément au km26 qui n’ont même pas reçu un kilo d’engrais.