Cher grand-père, après les discours officiels pour faire du Général un mentor national, le vendredi dernier, une promotion de l’Ecole militaire interarmes, sort avec son nom. Un coup dur à l’histoire de la démocratie. Une foudre sur la mémoire de 1991 et son lot de martyrs. Et cela dans le silence assourdissant des partis politiques et des démocrates.
Cher grand-père ! Qu’on nous dise la vérité. Qu’en est-il de Modibo Kéita. Qu’en est-il du 22 septembre 1960 ? Qu’en est-il des luttes pour l’indépendance et la décolonisation des Modibo Kéita, Kwame Nkrumah et Sékou Touré ? Qu’en est-il de l’histoire de l’US-RDA, de Mamadou Konaté ? Ses hommes qui portent le nom de pères des indépendances !
Oui grand-père ! Qu’on nous dise. La marche tant flattée des années 1960. Les grands chantiers de développement, d’indépendance économique, politique et culturelle tant flattés sous Modibo Kéita et compagnons, n’étaient-ils pas vrais ? Les grandes entreprises nationales, les infrastructures et les grandes réalisations des années 1960 étaient-ils faux ?
Dire que le Mali a connu sa souveraineté nationale et son indépendance qu’entre 1960 et 1968 est-il vrai ou faux ? Modibo Kéita est-il un mythe ou une réalité. Le 19 novembre 1968 était-il un frein ou juste un autre départ ? Entre Modibo et Moussa qui avait tort ? Moussa a-t-il bien fait d’arrêter Modibo, le 19 novembre ?
Cher grand-père ! Même si on déteste aujourd’hui la démocratie et que l’on préfère les 23 ans de règne de Moussa, les 23 ans de calvaire, d’abus, de monopole commercial et de règlement de compte. Les 23 ans de diktat d’un groupe militaire, un diktat politique et économique. Le déni de réalité doit-il nous pousser jusqu’à donner raison au 19 novembre ?
Même si on décide d’enterrer le 26-Mars, il ne faut quand même pas mettre le 19 novembre dans l’oubliette. Oui ! Le malheur du 19 novembre 1968. Car c’est aussi rejeté le 22 septembre de l’indépendance et le 20 janvier de la souveraineté. C’est rejeter Modibo Kéita et aussi Mamadou Konaté. Nos pères de l’indépendance !
Tout compte fait, cher grand-père, au Mali, après le 22 septembre 1960, l’indépendance, nous, c’est le 26 mars 1991, la démocratie. Rien ne va changer cela. Rien ! C’était ma 212e lettre. A mardi prochain ! Inch’Allah !