Le 27 août, le chef de Yerewolo-Debout sur les remparts, de retour d’un voyage en Iran, Adama Diarra dit Ben Le Cerveau s’était prêté à cœur ouvert aux questions d’un confrère sur les ondes d’une radio de la place. Soutien indéfectible de la transition, il y insiste sur le respect du délai de la Transition, dénonce les arrestations extrajudiciaires ainsi que la montée en puissance des femmes d’affaires. A ses yeux, une nouvelle prolongation de la Transition serait synonyme d’une éventuelle sanction de la Cedeao et portera un coup dur au peuple malien qui n’est pas prêt à supporter un nouvel embargo après celui de 2021. Le président du mouvement Yerewolo, sans donner plus de détails, a également annoncé un événement important pour le mois d’octobre à venir. Évaluant par ailleurs la révolution malienne, il a attribué une note de 15/100 à la Transition dans le même élément devenu viral sur les réseaux sociaux. Sa sortie tonitruante n’échappera à la vigilance du procureur anti-cybercriminalité, qui le fera convoquer par la Brigade d’investigation judiciaire (BIJ). La suite est connue : Adama Ben Diarra écopera d’un mandat de dépôt au bout de sa longue audition pour «atteinte au crédit de l’Etat». Membre du Conseil National de Transition, l’organe législatif de la Transition, il a été présenté quelques jours plus tard au procureur sans que son immunité ne soit levée, sans doute parce que l’affaire est mise au compte du flagrant délit pour lequel l’immunité n’intervient pas.
A la barre, la tête pensante de Yerewolo s’est défendu en ces termes «Je n’ai jamais eu l’intention de porter atteinte au crédit de l’État, ni hier, ni aujourd’hui. D’ailleurs, je ne le ferai jamais. Les sanctions que je subis, mon salaire du CNT que je concède aux victimes, les tournées que j’ai effectuées à l’intérieur et à l’extérieur du Mali, les interventions que je fais auprès des ministres et autres autorités en faveur des gouvernés, c’était juste pour protéger la Transition des éventuels colères et frustrations de la population. J’ai peur que si je ne porte pas la voix de ceux qui se sentent mal, d’autres porteront ces voix et les utiliseront à des fins de déstabilisations. Si mes propos ont été mal compris ou mal interprétés monsieur le procureur, je m’en excuse» Une demande de clémence entonnée par ses avocats mais fermement rejeté par le parquet qui a requis contre lui le maximum : trois ans de réclusion dont deux ans fermes et un an avec sursis. En attendant son sort définitif prévu pour jeudi prochain, Adama Ben Diarra demeure écroué à la Maison central d’arrêt et risque une condamnation qui, par-delà la perte de son poste au CNT, peut mettre en cause l’avenir de son mouvement.