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Après un crime de guerre contre des civils ayant fait plus de 111 morts : L’Algérie à l’épreuve des soupçons sur la CMA dans l’attaque du bateau «Tombouctou»
Publié le jeudi 14 septembre 2023  |  Le Matin
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© aBamako.com par S.A
Point de presse animé par le ministre malien des affaires étrangères et de son homologue algérien
Bamako, le 26 août 2021. En fin de mission à Bamako, le ministre algérien des affaires étrangères M. Ramtane LAMAMRA a, conjointement animé un point de presse avec son homologue malien, M. Abdoulaye DIOP.
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Si pour de nombreux observateurs l’attaque du 7 septembre 2023 contre le bateau le «Tombouctou» -«un crime de guerre» selon la Fédération internationale pour les droits humains-FIDH- risque de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation national (APR, signé en mai et juin 2015 entre le Mali et les supposés mouvements rebelle de Kidal), il faudra compter aussi sur l’Algérie qui joue son va-tout pour sauver un accord dont ce pays est le parrain.

L’Algérie a fermement condamné, dans un communiqué publié vendredi dernier (8 septembre 2023), les attaques terroristes qui ont frappé notre pays jeudi dernier (7 septembre 2023) et a exprimé sa sympathie et sa solidarité face à cette épreuve que lui «impose le fléau terroriste». Deux attaques distinctes simultanées survenues jeudi dernier qui ont coûté la vie à une centaine de personnes, dont des militaires, et ont fait de nombreux blessés ainsi que d’importants dégâts matériels. L’attaque la plus meurtrière a visé un bateau de transport fluvial de passagers qui a été la cible de trois roquettes. Une attaque avec des civils comme cible que de nombreuses organisations de défense des droits de l’Homme comme la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) ont condamné comme étant un «crime de guerre».

Même si elle a été aussitôt revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) d’Iyad Ag Ghali, beaucoup d’observateurs pensent qu’elle a été planifiée et exécutée par des éléments de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Elle est en tout cas survenue après que les Forces armées maliennes (FAMa) aient empêché l’aile militaire de la CMA d’occuper le camp libéré par la Minusma à Ber et que celle-ci ait menacé de livrer une guerre totale au Mali. Depuis, la CMA s’est beaucoup illustrée par des tirs d’obus et de roquettes sur la ville de Tombouctou. Cet acte criminel, selon de nombreux observateurs, risque ainsi de définitivement enterrer l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (APR). Mais, visiblement, l’Algérie n’entend pas les choses de cette oreille. Alger est plutôt d’avis que c’est la mise en œuvre de l’APR qui pourra mettre le Mali à l’abri de tels drames.

Le communiqué signé vendredi dernier du ministère algérien des Affaires étrangères estime que seule «la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (issu du processus d’Alger) de bonne foi sur la base d’une volonté politique qui ne souffrirait d’aucune hésitation ni réserve» pourra permettre au Mali de «résister aux agressions que le terrorisme fait subir au Mali et, au-delà, à l’ensemble de la région». Une reconnaissance implicite du rôle de la CMA dans les événements de jeudi dernier ?

Ce qui est sûr, cette responsabilité a sans doute été au centre des échanges entre le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale et l’ambassadeur de la République Algérienne Démocratique et Populaire au Mali qu’il a reçu en audience vendredi dernier (8 septembre 2023). De sources diplomatiques maliennes, les échanges ont essentiellement porté sur les perspectives de l’APR dans un contexte de retrait de la Minusma du Mali. Selon elles, la «centralité» de l’Accord dans la recherche de la paix et de la cohésion nationale a été réaffirmée.

A cet égard, M. Abdoulaye Diop a renouvelé «l’engagement du gouvernement malien à faire avancer le processus de paix dans une dynamique nouvelle d’internalisation et d’appropriation nationale en privilégiant le dialogue direct et inter-malien, sans interférences extérieures à la région, mues par des intérêts géopolitiques et des desseins inavoués». Quant à l’ambassadeur d’Algérie, M. El Haoues Riache, il a reconnu la nécessité de renforcer les mécanismes internes et les capacités endogènes visant «la promotion du dialogue inter-malien dans le cadre du processus de paix».

Le Chef de la diplomatie malienne a salué «les efforts importants et le rôle majeur» de l’Algérie dans la recherche de la paix au Mali. Mais, de l’avis de M. Diop, il est important de poursuivre les échanges autour des mécanismes de suivi de l’APR en vue de faire «progresser le processus dans l’intérêt supérieur du peuple malien». Des mécanismes auxquels la CMA s’est soustraite depuis décembre dernier et n’a pas cessé de poser des actes de sabordage de l’APR croyant ainsi mettre la pression sur la République du Mali.

Le processus de retrait de la Minusma a jeté l’huile sur le feu car, se croyant plus royaliste que le roi, la CMA convoitait le camp de Ber (favorable à ses trafics) et ne compte pas abandonner les bases de Tessalit, de Kidal… au Mali. Nous ne savons pas de quel droit elle peut revendiquer cela. Mais, ce qui est sûr, c’est que le Mali aussi compte pleinement jouer sa souveraineté en récupérant toutes les bases de la Minusma dans notre pays.

La confiance étant aujourd’hui rompue entre les parties et dans ce nouveau contexte propice à de nouveaux affrontements (tirs d’obus fréquents sur Tombouctou, Gao, Bourem… imputés aux éléments de la CMA) qu’au dialogue autour de la table, l’Algérie pourra-t-elle sauver l’accord moribond issu du processus d’Alger en obtenant de chacune des parties de rester dans son rôle déterminé par cet engagement ?

Rien n’est moins sûr !

Moussa Bolly

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