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Classe politique malienne : Classe politique malienne: faire sa mue ou périr
Publié le jeudi 14 septembre 2023  |  Le Matin
Conférence
© aBamako.com par MS
Conférence de presse du cadre d`échange des partis et regroupements de partis politiques
Bamako, le 11 décembre 2021 le cadre d`échange des partis et regroupements de partis politiques a tenu à la maison des aînés une conférence de presse
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«Le renouvellement de la classe politique ne consiste pas à remplacer des vieux par des jeunes, mais à renverser l’échelle des valeurs afin de remplacer l’immoralité par la moralité ; malhonnêteté par l’intégrité ; traîtrise par le patriotisme… Voilà le vrai renouvellement» ! Une pensée politique attribuée à Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR) lors d’une sortie médiatique le 8 juillet 2022. Dans le cas malien, cet inévitable renouvellement doit se traduire notamment par la rédemption et la prise de conscience de la responsabilité à assumer pour par exemple préserver les atouts de cette transition qui a imposé beaucoup de sacrifices aux Maliens.

Du renouvellement de la classe politique, il en est question en République de Guinée. Tout comme cette quête de rajeunissement de la classe politique est aussi au centre du débat dans notre pays depuis des décennies, notamment depuis le putsch du 18 août 2020. Et cela d’autant plus que ce coup de canif au processus démocratique (le second en 11 ans, après celui de mars 2012) marque l’échec total des dirigeants politiques du Mali.

Le dépit politique est plus que jamais palpable en ce moment où il est question de prolonger encore la transition (au-delà de février 2024) afin de mieux organiser les élections. Et les Maliens craignent tellement le retour des politiciens aux affaires qu’ils sont nombreux à souhaiter une prolongation de la transition ou que l’opportunité soit offerte au Colonel Assimi Goïta de se présenter à la prochaine présidentielle, se faire élire afin de parachever la refondation de l’Etat et éviter tout retour à la case départ dans quelques années.

Revenant à la pensée de Sidya Touré, si le renouvellement de la classe politique devait seulement consister à «remplacer des vieux par des jeunes», nous sommes convaincus qu’il aurait peu d’impact en termes de réconciliation des Maliens avec la politique. Et cela d’autant plus que les jeunes qui sont supposés prendre alors la relève ne sont pas idéologiquement mieux armés que leurs parrains et mentors. En réalité, comme ces derniers (parrains et mentors), peu d’entre eux sont venus dans l’arène politique par intime conviction.

Mais, la politique est plutôt perçue comme un puissant ascenseur socio-économique pour rapidement réaliser des ambitions qui tournent autour de la fortune afin de vivre dans un luxe ostentatoire. «Faire la politique, c’est résoudre les problèmes des citoyens, gérer leurs préoccupations», disait feu le président Amadou Toumani Touré dit ATT. Mais quel est ce leader politique malien qui pense et se comporte comme tel ?

En absence de toute idéologie politique, nos apprentis politiciens ont été forgés dans la moule du «tagninin» (cupidité, l’appât du gain facile). Ce qui fait que cet ardent désir de se réaliser socialement et économiquement l’emporte toujours sur leur vraie mission devant être de privilégier l’intérêt général et le devenir collectif. Ce qui explique en partie que la transhumance soit un exercice très pratiqué au sein de notre classe politique où on est toujours à la recherche des aires où l’herbe est plus verte. Heureusement que la Constitution du 22 juillet 2023 sanctionne désormais le nomadisme politique d’un élu. «Tout député ou tout sénateur qui démissionne de son parti politique ou de l’organisation qu’il représente est déchu de son mandat», stipule en effet l’article 106 de la nouvelle loi fondamentale.

Quand l’idéologie politique se noie dans la cupidité, mégalomanie et démagogie

A qui la faute ? A ces jeunes, on a surtout appris à se servir d’abord dès que l’opportunité se présente avant de penser à la masse à laquelle ils ne pensent d’ailleurs qu’en période électorale. Cupidité, mégalomanie et démagogie ont pris la place de l’idéologie dans leur engagement politique ! D’où la nécessité d’un «renversement de la pyramide des valeurs». Comme on le voit, il ne suffira pas juste de mettre à la touche les acteurs issus du Mouvement démocratique des années 90 pour assainir la politique malienne. Le renouvellement, c’est faire de la place à de vrais leaders (jeunes ou vieux, femmes ou hommes) conscients de leur responsabilité dans la consolidation du processus démocratique, dans le développement socio-économique du pays en faisant de la gouvernance vertueuse une référence.

«Identifier ses valeurs permet de vivre sa vie de manière authentique et cohérente avec soi-même. Ce sont elles qui, au quotidien, motiveront les actions et vous aideront à les prioriser, en mettant en avant celles qui les satisfont», a souligné Laurent Lagarde, traducteur et auteur, dans l’une de ses communications. Et de préciser, «les valeurs créent une charge émotionnelle négative (potentiellement très puissante) lorsqu’elles sont menacées et positives lorsqu’elles sont mises en œuvre. On peut en effet se battre pour défendre ses valeurs». C’est pourquoi, a indiqué l’éminence grise, «la définition de la pyramide des valeurs est utile» pour atteindre ses objectifs, réaliser ses ambitions. Donc, de mieux accomplir la mission qu’on s’est assignée qui vous a été confiée.

Mais, avant même de parler de valeurs, faudrait-il que les acteurs aient une définition correcte de la politique. Celle-ci (politique) porte sur les actions, l’équilibre, le développement interne ou externe de cette société, ses rapports internes et ses rapports à d’autres ensembles. Pour les analystes, «la politique est donc principalement ce qui a trait au collectif, à une somme d’individualités ou de multiplicités». Tout comme le rôle essentiel des partis est aussi de participer à l’animation de la vie politique. Ils sont les intermédiaires entre le peuple et le gouvernement.

Les partis ont aussi une fonction de direction. Ils ont pour objectif la conquête et l’exercice du pouvoir afin de mettre en œuvre la politique annoncée. Si dans les régimes pluralistes (où existent plusieurs partis) la conception traditionnelle est que le pouvoir exécutif est chargé de l’intérêt national indépendamment des partis, ceux-ci assurent bien la conduite de la politique nationale par l’intermédiaire de leurs représentants au gouvernement et dans la majorité parlementaire. Ils légitiment et stabilisent le régime démocratique en assurant son fonctionnement correct. Animateurs du débat politique, ils contribuent aussi à structurer l’opinion publique.

De plus, avec la tendance à la professionnalisation de la vie politique, les partis ont acquis un rôle de sélection des responsables appelés à gouverner. Nos partis politiques jouent-ils réellement toutes ces fonctions et missions ? La réalité est que, depuis quelques années, on note une certaine désillusion des citoyens envers ces partis qu’ils ne considèrent plus forcément comme leurs meilleurs représentants ou intermédiaires. L’augmentation du taux d’abstention aux différentes élections traduit peut-être cette réalité.

En termes de renouvellement, les Maliens attendent beaucoup (probablement trop) des hommes politiques. Ils voudraient de vrais leaders, donc des hommes et des femmes parfaitement intègres, mettant en avant des valeurs morales, et tout dévoués à la prise en charge de leurs préoccupations. Les citoyens voudraient que les politiciens du pays soient de vrais acteurs du changement devant aboutir à leur épanouissement et à l’émergence socio-économique du pays. Ainsi, à notre avis, il faut voir le renouvellement en termes de rédemption, de prise de conscience par rapport à la responsabilité qu’impose tout engagement en politique !

Moussa Bolly

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