Dans cet article 58, on voit bien ce que dit le chapeau de son chapitre : “Des crimes et délits à caractère racial régionaliste ou religieux”.
Et puis l’expression, “crédit de l’État” est même mieux écrite cette fois, avec un E majuscule. Cette expression utilisée en objet dans la phrase ne peut signifier que l’atteinte à la confiance en la solvabilité de l’État pour des objectifs régionalistes ou religieux (promouvoir une autonomie de sa région, voire son indépendance ; promouvoir un État théocratique, etc.).
Sinon, si on la prend un instant tel qu’ils le désirent, eh bien, tous les hommes politiques et les analystes doivent être arrêtés. Car, dans ledit article : “Toute propagation de nouvelles [pas mensongères, mais de nouvelles tout court] tendant à porter atteinte… au crédit de l’État” en ce moment frapperait les opinions suivantes :
– la corruption est en train de miner ce pays ;
– nous ne sommes plus dans un État de droit ;
– nous avons une AN remplie de demi lettrés ;
– la justice au Mali est de plus en plus enchaînée ;
– etc.
Après ça, qui pourrait parler dans ce pays ? Même pas le Syndicat autonome de la magistrature, qui a de nombreux communiqués soutenant de pareils propos. Qui pourrait parler de liberté d’opinion contre les gouvernants ?
S’ils veulent tordre le cou à l’article 58, parce qu’ici, il n’est pas assorti d’une plainte préalable du ministère des Finances, ce sera encore plus patent qu’ils veulent faire dire au français et au droit ce qu’ils désirent. Le droit, c’est leur personne. Comme disait le roi, l’État c’est moi. Bonjour, la tyrannie des faiseurs du droit ? Et comme toute tyrannie, elle disparaîtra tôt ou tard.