Le fleuve Niger est frappé de plein fouet par les effets néfastes des changements climatiques mais aussi des actions anthropiques avec leurs corollaires de sécheresse et d’ensablement, de pollution de tout genre. Une situation qui, si rien n’est fait, peut conduire à la disparation du cours d’eau, souligne la coalition nationale pour la sauvegarde du fleuve Niger (CNSFN).
« Eboulement des berges, pollution grandissante, le fleuve Niger fait l’objet des dégradations de toutes sortes avec comme conséquence une diminution des ressources halieutiques », constate Dr. Sidy Bah, président de la coalition nationale pour la sauvegarde du fleuve Niger (CNSFN), qui s’inquiète de la disparition progressive du fleuve.
Long de 4 200 km dont 1700 km au Mali, le fleuve Niger est frappé de plein fouet par les effets néfastes des changements climatiques mais aussi les actions de l’homme avec leurs corollaires de sécheresse et d’ensablement.
Une anxiété largement partagée par Abdourahamane Oumarou Touré, directeur général de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), qui participait à l’assemblée générale de la CNSFN. « Le fleuve Niger risque de cesser de couler si nous ne faisons rien », s’alarme-t-il.
Pour en convaincre les plus sceptiques, il a indiqué que l’histoire des cours d’eau ayant disparu existe, ajoutant que le processus de disparation du fleuve Niger a déjà commencé. « Les lacs de la rive droite sont aujourd’hui complètement fossilisés. Le système faguibine, dans toutes les littératures, on parle de cinq grands lacs alors qu’il n’y a que trois qui sont actifs. Le Gouber, Kamango ont cessé d’être actifs depuis 1973 », relate le directeur général de l’ABFN.
Les produits nocifs déversés dans le fleuve agissent sur la santé humaine et animale et la détériore et leur absorption par la population halieutique n’est pas sans conséquence pour les consommateurs, souligne Adama Samassékou, président du conseil consultatif de la CNSFN.
« En vérité, nous sommes tous en danger », ajoute-t-il sonnant ainsi la mobilisation de tout le monde au chevet d’un fleuve de plus en plus malade du fait de nos mauvaises pratiques ou de notre indifférence.
Règlementer les diverses activités aux impacts négatifs sur le fleuve
« Le fleuve est notre bien commun. Sauver le fleuve Niger, c’est sauver le Mali », fait-il remarquer. À l’en croire, les Etats riverains du fleuve, les agglomérations et les populations sur le parcours doivent conjuguer leurs efforts pour mettre un frein aux multiples agressions dont le fleuve Niger fait l’objet, et qui pourraient à terme lui être fatales.
C’est dans ce cadre qu’il en appelle, au nom de la coalition, aux communautés traditionnelles gardiennes du fleuve dont le rôle dans la préservation du cours d’eau ne doit pas être ignoré. « Elles vivent du fleuve, en sommes évidemment les premiers producteurs », signale-t-il.
Les collectivités et l’Etat, de leur côté, doivent mieux régulariser et règlementer les diverses activités aux impacts négatifs sur le fleuve en redoublant de vigilance avec des dispositifs de surveillance plus efficaces.
Enfin, insiste Adama Samassékou, à l’école, tout comme dans les médias, il ne faut pas reléguer la formation du citoyen de tout âge à la culture de l’environnement, à l’hygiène du milieu et à l’éthique de l’eau.
« C’est un don de Dieu, il faut l’entretenir pas pour nous mais pour nos petits-enfants » soupire Bernadette Kéïta, membre de la coalition et ancienne ministre de l’Environnement, de l’Assainissement et du Développement durable.
Le fleuve Niger joue un rôle vital pour l’ensemble des pays qu’il traverse. Au Mali, la majeure partie de la production en riz étant obtenue avec l’utilisation de l’eau du fleuve Niger ou de celle de ses affluents, on peut donc dire qu’une partie croissante de la production agricole vivrière du pays est liée au fleuve Niger.