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Edito : CMAS versus CDM, le risque d’un affrontement est plausible
Publié le lundi 9 octobre 2023  |  L'Alternance
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La Coordination des Mouvements, associations et sympathisants de l’imam Mahmoud Dicko, CMAS et le Collectif pour la Défense des militaires CDM, projettent d’organiser une manifestation le même jour, au même lieu et à la même heure, c’est-à-dire le vendredi 13 octobre 2023 à 14 h au boulevard de l’indépendance. Coïncidence de calendrier ou bien velléité guerrière entre deux protagonistes ? Serait-on tenté de se poser comme question. En effet, la CMAS entend dénoncer la décision du gouvernement de prolonger la transition et compte proposer la mise en place d’une transition civile à la fin des 24 mois promis par les autorités pour le retour à l’ordre constitutionnel. Tandis que le Collectif pour la défense des militaires, a la ferme volonté de demander aux autorités de continuer à mener le bateau Mali jusqu’à la victoire finale contre tous les terroristes et pour ce combat point de limite. Les deux mouvements ont un seul dénominateur commun, c’est le soutien à l’armée. La question qui taraude tous les esprits est celle de savoir s’il n y a pas une volonté délibérée de la part du Collectif pour la défense des Militaires d’aller en affrontement contre la CMAS, taxée aujourd’hui de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure. Les autorités de la transition vont-elles autoriser les deux manifs le même jour et à la même heure, au risque d’être taxées de complicité voire de connivence avec le CDM pour semer le chaos. Elles endosseront toutes les conséquences en cas de troubles à l’ordre public si elles permettaient l’organisation de deux manifs le même jour.

D’abord qu’il soit dit en passant, la liberté d’expression et d’opinion est l’un des principes sacrosaints de la démocratie, donc vouloir l’entraver serait un crime. Et les gouvernants ont le devoir et l’obligation d’assurer la sécurité de tous les citoyens quel que soit leur opinion, leur race, leur ethnie, leur religion. En effet, les autorités ne doivent pas autoriser les manifs de deux mouvements à la limite rivaux, le même jour et à la même heure, car le risque de provocation voire d’affrontement serait très grand. Elles pouvaient avoir lieu le même jour et à la même heure, mais à des endroits différents pour éviter tous heurts, à moins que les autorités ne déploient des forces de l’ordre avec des grands moyens afin d’encadrer les deux manifs. Au mieux elles peuvent interdire l’une pour permettre à l’autre de se dérouler sans incidents majeurs. Ou bien au pire des cas elles interdisent toutes les deux pour raison d’Etat, sauf que cet acte s’apparenterait à un musèlement, voire une volonté manifeste de faire taire toutes les voix discordantes, ce qui serait contraire à la liberté d’expression et à la démocratie. Pour beaucoup d’observateurs de la scène politique malienne, le meeting de soutien aux militaires que le CDM voudrait organiser le jour de la marche dite patriotique de la CMAS est fait dans le seul dessein d’entraver la manifestation des partisans de l’imam Dicko dont le seul tort aujourd’hui est d’adopter une posture différente de celle des autorités. Les autorités mesurent-elles le danger d’une telle attitude dans un pays démocratique ? Elles auront tout à gagner en préservant les acquis de la démocratie et en garantissant les mêmes droits à tous les citoyens quel que soit leur opinion.

En somme, en autorisant le CDM de tenir son meeting de soutien à l’armée, à la même date que la CMAS, les autorités de la transition feraient preuve de légèreté et endosseraient la lourde responsabilité de tout ce qui en découlerait. Donc autant prendre toutes les dispositions utiles, à défaut d’interdire la tenue des deux manifs, pour qu’un mouvement puisse remettre à un autre jour son activité.

Youssouf Sissoko
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