Coup d’état déjoué, officiers supérieurs arrêtés, etc. Les affaires reprennent leur cours et le tout aboutissant à une leçon aussitôt partie en fumée avant même que les enseignements n’en soient tirés. Voilà en réalité le statu quo au pays des hommes intègres qui connaît une période charnière avec comme homme fort un jeune capitaine dont l’inexpérience dans la gestion étatique risque d’être son seul et vrai adversaire.
En effet, depuis le début de la transition Burkinabé, les plus nostalgiques de l’emblématique dirigeant, Thomas Sankara, adulent les postures prises par la transition sur la scène mondiale. Pour autant, une pâle copie du leadership Sankara comporte des risques d’instabilités sociopolitiques pour des raisons qui flânent aisément sur le bout de nez.
D’une part, le capitaine président de la transition doit condescendre à accepter qu’il est à des années-lumière d’être l’égal du défunt président du Faso par son charisme à nul autre pareil, sa rhétorique séductrice dont lui seul avait le secret, sa finesse d’esprit qui continue de le singulariser dans l’histoire évada une sincérité homérique… D’autre part le capitaine Traoré doit comprendre que l’actuel contexte s’adapterait difficilement au modèle Sankariste intervenu dans le monde bipolaire des années 1980 et un processus de démocratisation de l’Afrique que pouvaient ignorer nos grands dirigeants visionneurs au nom du rejet des germes de division et de possibles entrave à la bonne gouvernance. À la différence notoire du monde multipolaire d’aujourd’hui indissociable des incontournables valeurs de libertés démocratiques, du droit des gouvernés à contredire et à critiquer les gouvernants ainsi qu’à l’expression dissonante.
En définitive, quoiqu’il soit logique que le brillant capitaine président de la Transition s’inspiré du charismatique capitaine Sankara, il ne doit jamais oublier qu’un rêve de grandeur ne s’accomplit qu’en se frayant son propre chemin.