La mort subite du nourrisson (MSN), également appelée syndrome de la mort subite du nourrisson (SMSN), est le décès inattendu et inexpliqué d’un bébé en bonne santé générale, généralement âgé de moins d’un an. Elle est la hantise de beaucoup de femmes. Celles qui l’ont vécue nous rapportent leurs témoignages.
“J’avais 27 ans quand j’ai perdu mon bébé. Ça s’est passé le 1er février 2014. On avait un bébé de 2 ans et avec mon mari, on a eu envie d’un autre bébé. Les choses se sont faites naturellement et tout s’est bien passé jusqu’à l’accouchement. Un beau bébé de 4 kilogrammes. Tout allait bien. Les premiers rendez-vous chez le pédiatre tout s’est bien passé. Un après-midi, le papa de mes enfants est allé faire une course avec les enfants et j’en ai profité pour prendre ma douche. C’est mon plus grand regret”, affirme Mariam, une jeune dame d’à peine la quarantaine.
Elle poursuit : “L’instinct maternel ne ment pas. Un mauvais pressentiment, une douleur horrible, je ne peux pas l’exprimer, c’était fort. J’ai senti que mon bébé avait un problème et j’étais prise de panique. J’avais encore du savon sur mon corps, mais il fallait que je le voie. Je touche ma fille. Elle avait la main froide. Je me suis mise à hurler. C’est comme si mes pieds étaient en coton. Mon mari est venu dans la chambre pour voir ce qui n’allait pas. On a appelé les urgences et elles sont venues aussitôt. On a embarqué à l’hôpital et le médecin sort 2 h après pour m’informer que ma fille est décédée sans cause”, relate Mariam.
Pour Fatim Samaké, c’était assez compliqué dès la grossesse. “Durant la grossesse, toute ma famille craignait que je ne développe la tension. Car je mangeais beaucoup et j’avais pris presque le double de mon poids. On m’avait rassuré que tout allait bien et que l’accouchement se passerait bien. J’accouche normalement, mais le temps que je sorte de la salle d’accouchement, on avait demandé à ma belle-mère et mon mari d’amener l’enfant chez un pédiatre à l’hôpital du district. A ma sortie, on m’a dit de ne pas m’inquiéter et que c’est juste que l’enfant n’a pas pleuré depuis qu’il est né. On l’a hospitalisé. Cela a duré des semaines”.
Au départ, explique Fatim, c’était parce qu’il n’avait pas pleuré à la naissance. Pourtant le pédiatre rassurait toujours qu’il n’y avait aucun problème et mon bébé aurait 6 kg à la naissance. Un matin, on me dit qu’il y a une analyse à faire. Sur mon insistance, le pédiatre nous explique alors que mon bébé a des difficultés respiratoires, raison pour laquelle il était sous oxygène depuis sa naissance. 20 jours après sa naissance, mon bébé est décédé et aucun diagnostic n’a pu nous en dire plus sur les réels motifs de son décès.
Pour Dr. Diallo du Centre de santé de Samaya, normalement un enfant, de 0 à 5 ans, viable, doit connaître une croissance normale.
Daouda Guindo, psychologue, explique qu’il faut tout d’abord savoir qu’après 9 mois de grossesse, la femme subi énormément de difficultés sur le plan physique, affectif, mental. “Vous verrez qu’on ne laisse pas la femme faire son deuil. Par bienveillance ou peu importe, l’entourage est présent pour ne pas la laisser seule. Cet entourage minimise certaines dimensions en disant par exemple que la maman n’a pas connu l’enfant, qu’elle n’a pas encore tissé de lien avec le sujet. Mais c’est là que beaucoup se trompent. Car, elle l’a eu dans son ventre pendant 9 mois. La MSN entraine des ruptures de couples”.
Entre peine et consolation
“Heureusement que ma famille, mon mari, mes amis m’ont soutenu. Ils ont été là à mes côtés jusqu’à ce que je m’en remette. La plaie est toujours ouverte, on a l’impression qu’elle s’est cicatrisée mais en réalité on apprend juste à vivre avec. Et ceux qui nous disent, non, tu verras que quand tu auras d’autres enfants tu vas oublier tout ça. Ce n’est pas vrai. Un enfant ne remplace jamais un autre. Si seulement, on pouvait juste se limiter à : je suis désolée. On sait que vous compatissez mais cela ne nous aide pas trop sur le coup”, révèle Mariam les larmes aux yeux.
“J’ai souffert des jours après. Je pensais que j’allais mourir. C’était très dur d’accepter la réalité. Dans tout ça, ce qui m’énervait c’est la famille qui me répétait sans cesse. Tu auras d’autres enfants, tu es jeune. Arrête de pleurer ! C’est comme si le monde s’écroulait. J’étais incapable d’avaler quoi que ce soit. D’autres viennent, mangent, causent, rigolent sans retenue comme si de rien n’était”, s’exprime Fatim plein d’émotions et de chagrin.
Conséquences psychologiques
Pour M. Guindo, psychologue, les raisons évoquées sont des facteurs qui pourraient faire que la femme aura peur de tomber à nouveau enceinte. En réalité, c’est très dur.
Beaucoup se disent : “J’ai fait 9 mois de souffrances pour ne pas garder l’enfant. Autant ne plus en faire. Au moins tu es tranquille. Même si elle venait à tomber enceinte à nouveau, elle aura la peur au ventre jusqu’à l’accouchement et même après. Certaines auront du mal à se détacher de leur enfant par peur que quelque chose ne lui arrive. Certaines, comme si le sort s’acharnait sur elles, vivent cette situation plusieurs fois. Non seulement, elles supportent leur souffrance intérieure aussi bien qu’extérieur, mais elles subissent des injures, des malédictions comme si elles sont des sorcières, des femmes qui portent malheur. Cette douleur, aussi muette qu’elle puisse paraitre, anéantit la femme”.
Les causes exactes de la MSN ne sont pas complètement comprises, mais il existe plusieurs facteurs de risque et des mesures de prévention qui peuvent réduire le risque de décès subit chez les nourrissons selon les spécialistes.
Il y a d’abord la position de sommeil. “Les bébés doivent être placés sur le dos pour dormir. Cette position réduit considérablement le risque de MSN”. En plus, l’environnement de sommeil du bébé compte. Le lit ou le berceau du bébé ne devrait y avoir aucun objet mou dans le lit, comme des oreillers, des couettes, des animaux en peluche, etc. Le bébé doit dormir sur un matelas ferme. D’autres pensent que le tabagisme pendant la grossesse, fumer à proximité du bébé après la naissance peuvent être des facteurs de risque.
Selon le médecin, l’allaitement maternel est associé à un risque réduit de MSN. L’allaitement maternel exclusif pendant les six premiers mois est recommandé si possible. Le contrôle des vaccinations, les visites prénatales et soins prénatals sont d’autres moyens qui peuvent réduire la MSN.
“Enfin, l’utilisation d’une tétine au moment de la sieste ou du coucher peut être bénéfique pour réduire le risque de MSN”.