A la demande du Mali, les Nations Unies ont ordonné le retrait définitif de Minusma après 10 ans de présence mitigée et diversement appréciée. Programmé pour le 31 décembre 2023, ce retrait risque de subir un léger réaménagement dicté par l’intensification des tensions et une présence armée croissante dans le nord du Mali, selon un communiqué des Nations-Unies sur le rythme du des engagements. En plus de compromettre les opérations aériennes menées par la mission qui protègent sa réduction et facilitent son retrait, la situation, selon la même note de l’ONU en date du 14 octobre, risque de compromettre le départ ordonné dans les délais impartis, à cause notamment du péril qui pèse sur le transfert en toute sécurité de son personnel et de ses biens. Le document relève par exemple le cas de convois logistiques bloqués à Gao et suspendus bloqués à l’autorisation de quitter cette ville pour regagner Aguelhoc, Tessalit et Kidal en vue d’y récupérer le matériel des Nations unies ainsi que des pays contributeurs de troupes actuellement. De quoi rendre incertain le calendrier initial de retrait et jeter le doute sur la capacité de la Minusma à le respecter.
Pour sauver la date de retrait, l’ONU exhorte le gouvernement de transition au strict respect des dispositions de l’Accord sur le statut des forces jusqu’au départ du dernier élément de la MINUSMA du Mali et rappelle par la même occasion aux parties Etat malien et les groupes armées) leur obligation de s’abstenir de toute action ou déclaration pouvant compromettre le retrait en toute sécurité et dans les délais impartis. Or l’organisation des Nations-Unies constate un accroissement des tensions dans le nord du Mali qui en rajoute chaque jour à la probabilité d’un départ forcé sans les équipements appartenant aux pays contributeurs de troupes ou aux Nations Unies. Ce qui entraîne forcément des pertes financières aux pays contributeurs de troupes et compromettre le soutien des Nations Unies aux futures opérations de maintien de la paix pour lesquelles lesdits équipements sont nécessaires. Avec l’inquiétude que ces équipements ne tombent entre les mains des terroristes ou du CSP-PSD, l’Etat ne serait peut-être pas opposé à un léger réaménagement de calendrier. Sauf que ce péril s’annonce en même temps que la Minusma s’attire les tirs croisés des différents protagonistes qui se disputent âprement ses anciennes emprises. Dans la bataille de positionnement qui les oppose, gouvernement et CMA prennent chacun la mission onusienne pour responsable de chaque avantage engrangé par la partie adverse. C’est le cas des postes avancés de Kidal dont la récupération par le CSP-PSD a inspiré des mises en garde et dénonciations au ministre malien des Affaires étrangères, tandis que le camp opposé s’indigne que l’abandon des camps récupérables se fasse dans la cadence favorable aux forces régulières. En définitivement, il y a peut-être lieu de s’interroger si l’enlisement de la crise malienne dans les hostilités n’est pas sur le point d’imposer aux Nations-Unies une reconsidération de leur agenda au nom du Chapitre 7 qui préconise un usage de la force contre la volonté des pays d’accueil.