Face aux velléités de perpétuation de la Transition, la résignation l’emporte largement sur la résistance dans les rangs de la classe politique malienne. En dehors des molles réserves sur la démarche de modification du chronogramme électoral, aucune action d’envergure n’a été entreprise dans les proportions du malaise et des frustrations occasionnées par le report de la présidentielle. Il existe néanmoins une exception qu’incarne la CMAS, une association à tendance politico-religieuse qui avait pourtant joué un rôle central dans l’avènement de la Transition actuelle. Avec l’imam Mahmoud Dicko comme parrain et autorité morale, le mouvement se singularise désormais comme la seule entité politique ayant frontalement bravé la toute-puissante autorité de la junte sur le chronogramme du retour à l’ordre constitutionnel. À défaut du virage tant attendu et promis vers la normalité, la Coordination des mouvements acquis à la cause de l’ancien président du HCIM réclame ni plus ni moins le retour de l’armée dans les casernes pour laisser la place aux civils dans la conduite de ce qu’il reste de la Transition. La CMAS a poussé la bravade au point de projeter une marche de protestation finalement étouffée dans l’œuf certes avec les sollicitations de renoncement mais aussi par le manque d’entregent des autres mécontents à lui emboîter le pas.