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Dr. Hamed Sow, président d’honneur de l’ASAS, après les 100 jours du coup d’Etat du 22 mars : « Nous demandons à tous ceux qui veulent contribuer, à l’édification de notre pays, au décollage socioéconomique du Mali de nous rejoindre
Publié le lundi 2 juillet 2012   |  L'Indépendant




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Si le Mali peut se targuer d’avoir de très hauts cadres, incontestablement le Dr. Hamed Sow fait partie des tout premiers. Bardé d’une double formation de diplômé de l’Institut National des Sciences et Techniques Nucléaires (INSTN) de Saclay (France) et d’un Doctorat en Économie de la Production de la célèbre Université de Paris IX – Dauphine, le Dr. Hamed Sow a connu une riche et exceptionnelle carrière professionnelle. D’abord au niveau international, où il a commencé à travailler dans de grands cabinets de conseil en France. Ensuite, il fut expert détaché auprès de la Commission européenne à Bruxelles et assistant technique principal du « Projet Énergie II » de la Banque Mondiale au Niger. Il finira sa carrière internationale comme Directeur Général du CDE à Bruxelles, une institution commune du groupe des 77 pays ACP et des 25 membres de l’UE. Rentré au Mali, il fut Ministre des mines, de l’énergie et de l’eau. A sa sortie du Gouvernement, il devint aussitôt PDG du Groupe ARAMA/AMIC-Invest, une société d’intermédiation financière, basée à Dubaï, ayant des filiales à Hong Kong, en Chine au Luxembourg et une structure opérationnelle au Mali. Une société qui mobilisera plus de 465 millions de dollars en moins de deux ans pour notre sous-région. Enfin, le Dr. Hamed Sow fut Conseiller Spécial du Président de la République du Mali, en charge du suivi des grands chantiers de l’Etat.


Ahmed Sow

En ces moments particuliers de l’histoire du Mali, L’Indépendant a voulu approfondir l’analyse sur la situation de notre pays et les solutions préconisées par cet homme exceptionnel, un des rares hommes politiques dont la crédibilité est demeurée intacte. Un document à lire absolument et à conserver précieusement.

L‘Indépendant : Dr. Hamed Sow, depuis le coup d’Etat du 22 mars 2012, vous êtes silencieux. Pourquoi cette attitude?

Dr. Hamed Sow : Non, je n’ai pas été silencieux. J’ai donné ma position dans les plus grands quotidiens, après les événements du 22 mars 2012. Je vous invite à jeter un coup d’œil dans les publications de l’Indépendant et de l’Aube du 29 Mars 2012, du Républicain, des Échos, du Combat et du Canard Déchainé… du 30 Mars 2012, soit une semaine après le coup d’Etat. Les 4 grandes stations de radio privée ont repris ces articles dans leurs revues de presse.

Ceci dit, comme vous le savez, je ne suis pas un adepte de la politique spectacle. Je ne parle que lorsque cela est nécessaire et que je pense que mon intervention peut avoir une certaine portée. Ce temps est arrivé.

Pourquoi donc maintenant?

Je m’étais fixé un temps d’observation de 100 jours après le coup d’Etat. Cette échéance étant atteinte, le temps est donc venu de livrer mon analyse sur la situation du pays et des solutions que j’entrevoie pour la sortie de la crise.

Aujourd’hui, quelle est donc votre lecture de la situation de notre pays?

C’est presque du truisme que de dire que la situation actuelle de notre pays est très préoccupante. Celle-ci se caractérise d’abord par l’occupation de la partie septentrionale du Mali par des bandes armées, composées d’islamistes et de prétendus indépendantistes, auxquelles s’ajoutent des trafiquants de drogues, d’armes, d’êtres humains et d’autres activités illicites. L’union de façade affichée au départ par les groupes «politisés»de ce conglomérat du mal, s’est transformée en guerre fratricide, dont les morts se comptent par dizaines. Les principales victimes sont aussi nos populations de ces régions qui sont brimées par les occupants et dont bon nombre souffre de faim et de maladie. Au Nord du Mali, les mots ne seront jamais forts pour dénoncer la barbarie de certains occupants. Il y a en plus les conditions de vie difficiles et précaires de nos nombreux compatriotes, réfugiés dans les pays limitrophes.


Ahmed Sow

Dans l’ensemble du pays, la mauvaise pluviométrie de la saison précédente a engendré des pénuries alimentaires dans certaines zones. Il faut espérer sur une bonne pluviométrie cette année et juguler la menace acridienne pour avoir de bonnes récoltes céréalières, ainsi qu’un accroissement de la production cotonnière.

Par ailleurs, l’Etat a du mal à assumer son rôle d’acteur majeur de l’économie. La plupart des grands projets est à l’arrêt. Les marchés publics, qui font tourner beaucoup d’entreprises, sont suspendus. Les activités de très nombreuses entreprises sont en chute libre. De nombreux investisseurs commencent à quitter le pays, décourageant du coup ceux qui projetaient de venir. Résultat : l’économie tourne au ralenti. De ce fait, les conditions de vie des populations du Sud sont également de plus en plus difficiles. L’argent devient rare, les denrées alimentaires sont difficilement accessibles pour une frange importante de la population. L’évolution de la situation des finances publiques pourrait devenir catastrophique si les principaux bailleurs de fonds maintiennent la suspension de la coopération. Face à ces multiples dangers, il est grand temps que les décideurs de ce pays réagissent vite.

Vous n’avez pas dit un mot sur la situation politique.

Dans ce pays, nous faisons trop de politique et peu de développement. Puisque vous m’interpellez, je dirai que la situation politique n’est pas brillante non plus. Elle se caractérise par l’existence d’un gouvernement isolé sur le plan politique et par la présence de deux principaux blocs politiques antagoniques. Le niveau extrême des exacerbations politiques a été l’agression inadmissible du Président de la Transition. Les auteurs de ce crime doivent être rapidement arrêtés, jugés et condamnés très sévèrement. Au delà et malgré tout, face à l’urgence des menaces et aux énormes défis à relever, il est impératif que la classe politique dépasse ses guerres de position inutile. Nous devons nous retrouver pour le Mali d’abord. Ensuite, lorsque nous aurons bouté les envahisseurs dehors, remis l’Etat en ordre de marche, fixé les échéances électorales, alors chacun pourrait reprendre sa liberté d’action politique.

Et ATT? Quel bilan tirez-vous de son action?

Il est prématuré de tirer le bilan de l’action du Président ATT. L’Histoire apportera son jugement. En temps utile, nous y apporterons notre contribution, probablement sous la forme d’un livre.

Revenons alors au Gouvernement actuel. Comment jugez-vous son action?

Le Gouvernement actuel a été mal conçu. Le Premier ministre, qui tire sa seule légitimité de l’Accord Cadre, aurait dû respecter un point majeur de cet Accord, à savoir la mise en place d’un Gouvernement d’union nationale. Il aurait dû constituer un Gouvernement avec des membres issus des formations politiques représentées à l’Assemblée Nationale, auxquels pouvaient être associés des membres proposés par le CNRDRE, ainsi que des technocrates issus de la société civile. Il y a certes des personnalités compétentes dans le Gouvernement actuel, mais globalement l’action de l’Exécutif est peu visible et souvent improvisée. Les faiblesses du Gouvernement malien sont connues, non seulement à l’intérieur du pays, y compris par nos partenaires au développement, mais de plus en plus à l’extérieur. Le Président Yayi Boni, président en exercice des Chefs d’Etat de l’Union Africaine (UA), ainsi que M. Jean Ping, président de la Commission de l’UA ont fait mention de cette réalité dans de récentes déclarations publiques. Pour toutes ces raisons, je m’associe à l’idée d’une dissolution rapide du Gouvernement.

Pourtant, le Premier ministre a pris ces derniers temps certaines initiatives, notamment en lançant une concertation avec les partis politiques.

Le Dr. Cheick Modibo Diarra est un homme intelligent, volontariste et peut-être un peu trop émotif. Il souhaite fortement bien remplir sa mission. Il n’est donc pas personnellement en cause. Mais, du fait de son inexpérience politique, il a pris (ou on l’a fait prendre) une mauvaise option au départ qu’il convient de corriger très rapidement. Cela passe par l’organisation par le Premier ministre, sans délai, d’une Concertation nationale. Les acteurs de la vie politique du Mali ont besoin de se retrouver autour d’une table pour discuter des problèmes de leur patrie et trouver les voies et moyens pour sortir leur pays de ses difficultés actuelles. J’entends dire que le Premier ministre compte présenter la feuille de route de son Gouvernement au prochain sommet de la CEDEAO, à Abidjan. Comme il le sait, en matière de management, les meilleures décisions et les meilleurs programmes sont ceux qui sont partagés par le plus grand nombre. Le Premier ministre commettrait une autre grave faute en concevant une feuille de route avec quelques collaborateurs, sans concertation ni avec les responsables politiques, ni avec les acteurs économiques. La faute sera d’autant lourde que la feuille de route engage le Mali devant la communauté régionale et internationale durant toute la période de la Transition. La concertation nationale que nous souhaitons et à laquelle devront être conviés les représentants des principaux partis politiques, des associations de la société civile, des forces de défense et de sécurité, aura pour termes de référence :

1. L’élaboration et l’adoption d’une feuille de route claire pour le Gouvernement de la Transition. Les objectifs à atteindre sont connus : la restauration de l’intégrité du territoire national et l’organisation d’élections libres, transparentes et crédibles, auxquels pourrait être ajouté un 3ème objectif : celui de l’assainissement de la gestion des fonds publics. Il reste à préciser les moyens et les méthodes pour atteindre les objectifs arrêtés, ainsi qu’un chronogramme de réalisation des actions. Concernant le dernier objectif proposé, le Gouvernement devra procéder à l’audit des services publics par un cabinet international.

2. L’évaluation et l’adoption d’un calendrier réaliste de la Transition

3. La définition des rôles et des prérogatives des divers organes de la Transition

4. La définition des principes directeurs relatifs à la composition du Gouvernement d’union nationale

5. La réaffirmation de l’engagement qu’aucun dirigeant, président, premier ministre, membre du Gouvernement de la Transition ne pourra se présenter à la prochaine présidentielle, conformément aux Accords de Ouagadougou.

Que pensez-vous de l’action diplomatique du Gouvernement? Les négociations avancent-elles avec les rebelles ?

Je n’ai pas d’information particulière à ce niveau. Ce genre de négociations requiert du temps et beaucoup de discrétion. L’essentiel est que le Président Blaise Comparé ait pu établir le fil du dialogue avec le MNLA et ÀNSAR DINE. Cependant, il est fort probable que les négociations soient actuellement bloquées, puisque le MNLA est en train de se faire déloger de ses positions par le MUJAO.

Certaines voies se sont élevées contre la nomination du Conseiller du Président Compaoré au poste stratégique de Ministre des Affaires Etrangères.

Je ne vois pas bien le lien. Quand je suis rentré au Gouvernement en 2007, après plus de 25 ans de carrière internationale en Europe, je n’ai pas entendu la moindre critique à cet effet. Alors pourquoi la nomination d’un Malien, ayant mené une carrière diplomatique au Burkina Faso, poserait un problème? Bien au contraire, je pense que c’est un plus d’avoir un Ministre des Affaires Étrangères qui a suivi les diverses médiations du Président Compaoré au Togo, en Côte d’Ivoire, en Guinée… ,et qui bénéficie de la confiance de ce même Président, chargé de la facilitation au Mali.

Sur un autre plan, il est question de l’imminence de l’attaque des forces armées maliennes contre les rebelles. Qu’en pensez-vous?

Je n’en sais pas plus que vous sur le sujet. Mes informations se limitent à ce que je lis dans la presse, comme tout le monde. Il n’est cependant pas besoin d’être un expert militaire pour penser le moment semble propice, puisque que les groupes rebelles sont en train de se tirer dessus. Dans tous les cas, les souffrances de nos populations ne doivent plus perdurer. Si l’option militaire se confirme, est-il besoin de dire que nous devons soutenir sans faille nos forces de défense et de sécurité pour instaurer l’intégrité du territoire national ?

Vous dites que vous n’avez pas d’information, pourtant certains vous présentent comme le Conseiller du Capitaine Sanogo.

Il n y a pas de mal à conseiller le Capitaine Sanogo, tout comme tout autre responsable malien, pour autant que les conseils donnés aillent dans le sens de l’intérêt du Mali. C’est très volontiers que j’aurais donné mes avis au Président du CNRDRE, tout comme au Président de la Transition, au Premier Ministre, au Président du FDR, au Président du MP22 et à bien d’autres, si cela pouvait permettre de nouer le dialogue et la compréhension entre les divers courants au bénéfice de l’unité nationale. Mais en l’occurrence, personne n’a sollicité mon avis. Depuis le coup d’Etat, j’ai rencontré à deux reprises le Capitaine Sanogo, dans le cadre des consultations qu’il avait initiées avec les responsables politiques. Comment voulez vous que je puisse conseiller un responsable que je ne vois pas. En réalité, ces rumeurs ont été colportées par un responsable du PDES, dont le « génie politique » se limite à la calomnie et aux coups bas.

À propos du PDES, est-il exact que vous avez quitté cette formation politique. Si oui, pourquoi?

Je n’ai pas encore envoyé ma lettre de démission. Ce sera une démarche collégiale avec nos partisans. Après le coup d’Etat et la fuite du président du PDES, beaucoup de militants m’ont proposé de prendre la direction de ce parti, de le structurer et pour certains de changer même son nom. J’ai décliné cette offre à cause de divergences profondes et inconciliables entre certains hauts responsables du PDES et moi. Nous n’avons ni la même conception, ni les mêmes objectifs et encore moins la même façon de faire la politique. En fait, le PDES est pris en otage par un petit noyau qui gravite autour du président de ce parti. Un groupuscule qui n’a pas hésité à violer les textes du parti en empêchant toute candidature interne lors de la dernière élection présidentielle, avortée. Et cela pour aller se satelliser à l’ADEMA dans le but d’obtenir 4 à 5 postes de ministre et une quinzaine de postes de député. Peu importe l’espoir déchu des milliers de militants, peu importe le mépris des résolutions de la Convention nationale, l’important pour eux était d’assurer les arrières de quelques uns. Après le coup d’Etat, alors que le parti fut la seule formation politique dont le siège a été saccagé par les manifestants et que son président était en fuite, le minimum de bon sens et de logique aurait été que les responsables resserrent les rangs, qu’ils aient une démarche unitaire. Au lieu de cela, les mêmes se sont auto promus en un Comité, dit de crise, à l’insu de la grande majorité des autres responsables du Parti. L’avidité de ces quelques dirigeants du PDES pour les postes de responsabilité et leur approche clanique les ont coupé de la base du Parti qui est entrain de se désagréger. A leur différence, je ne fais pas la politique par nécessité, ni pour des intérêts personnels, mais par conviction, pour simplement servir mon pays. Ceci étant dit, j’ai beaucoup de considérations pour certains cadres et militants du PDES que j’espère retrouver dans d’autres projets collectifs.

Par exemple, dans une nouvelle formation politique. Ces derniers temps, vous avez été souvent sur le terrain, ainsi que des responsables de l’ASAS (Association des Amis et Sympathisants d’Hamed Sow)

À propos de l’ASAS, je voudrais d’abord m’incliner devant la mémoire de notre camarade Adama Yalcoué que la mort nous a brutalement arraché le dimanche 24 juin 2012. À sa famille éplorée, j’adresse au nom de tous les militants et sympathisants mes condoléances les plus attristées.

Pour revenir à votre question, vous faites allusion à deux actions complémentaires. La première porte sur ma volonté personnelle de combler un déficit de connaissance des hommes et des réalités profondes de notre pays. Profitant du fait que j’ai un peu de temps libre en ce moment, j’ai entrepris de sillonner toutes les régions accessibles du Mali. Ce programme, qui sera poursuivi jusqu’à la fin de l’année, me permet de rencontrer les notabilités, les autorités religieuses, les responsables d’associations, mais aussi de simples citoyens, notamment beaucoup de jeunes. C’est une expérience très enrichissante pour moi. S’agissant de la seconde action, en effet les responsables de l’ASAS m’ont proposé de transformer l’Association en un grand parti populaire et réformateur. J’ai souhaité que deux préalables soient levés : (i) d’abord que les responsables de l’ASAS engagent un vaste programme de recrutement de cadres et d’opérateurs économiques nouveaux. Nous voulons une nouvelle classe d’acteurs politiques, sans rejeter les anciens qui sont réellement engagés pour un projet collectif.- (ii) . Ensuite, il est important de s’assurer des possibilités saines de financement du futur parti. Ces travaux préalables sont en cours. Les responsables de l’ASAS sont très actifs sur le terrain. Nous ferons un bilan d’étape courant juillet 2012. D’ores et déjà, je puis vous annoncer que les premiers résultats sont fort prometteurs, puisque nous avons enregistré les accords de principe de plus de 300 cadres et opérateurs économiques, sans oublier nos plus de 2000 militants effectifs. Si tout se passe bien, Inch Allah, les fonts baptismaux du parti seront lancés en Septembre 2012.

Vous pensez pouvoir résoudre les questions de financement de votre parti d’ici là ?

Nous allons initier une dizaine de projets qui, à travers des associations, permettront de financer le fonctionnement et les activités du Parti, et en même temps pourront engendrer la création de quelques postes de travail pour nos jeunes militants. Ceci dit, Septembre 2012, date à laquelle nous espérons que le Mali réunifié fêtera ensemble son 52ème anniversaire, est une simple indication pour la création du Parti. Nous prendrons le temps nécessaire pour nous donner toutes les chances de réussite.

Avez-vous déjà penser au nom du votre futur Parti?

Nous n’avons pas encore arrêté de nom, malgré plusieurs propositions. Il sera formulé lors de la réunion des membres fondateurs en juillet prochain, autour de deux mots clés. (i) D’abord le mot « Travail ». Il n ‘ y a que ça de vrai. Tout ce que les hommes réussissent n’est en définitive que le fruit de leur travail. Les Chinois, les Indiens…. n’ont pas réussi à enclencher le processus de développement de leurs pays à travers d’interminables séminaires ou autres forums, ni à travers des débats politiques sans fin, ni grâce à l’aide étrangère. Ils se sont mis simplement au Travail. (ii) Ensuite le mot « Renouveau », en ce sens que rien ne sera plus comme avant au Mali. Le coup d’Etat a été un électrochoc pour les Maliens. Croyez-moi, notre peuple est décidé à se donner les dirigeants capables d’apporter des réponses concrètes à ses problèmes.

»Renouveau » pour dire aussi que le temps des arrivistes politiques, prédateurs des maigres ressources de notre pays, est révolu. A tous ceux qui comptent demain avoir des postes de responsabilité pour piller les deniers publics, je leur conseille de chercher d’autres métiers. Les populations n’accepteront plus de vivre dans la misère et de regarder des responsables vivre dans l’opulence grâce à des biens mal acquis.

Respect de l’état de droit et bonne gouvernance détermineront dorénavant l’action publique. Ils vont de pair avec un principe managérial de base : la récompense du mérite et la sanction de l’échec.

D’aucuns diront que vous étiez un des pivots de l’ancien régime. Pourquoi n’avez vous pas dénoncé certaines pratiques ?

Je vous parle d’avenir et vous me ramenez en arrière. Mais parlons en. Mes fonctions de Ministre puis de Conseiller spécial, qui n’ont duré au total que 20 mois, n’avaient pas pour vocation de dénoncer d’autres responsables politiques. Par contre, je peux parler de mon attitude. Je n’ai jamais pris indument un franc de l’Etat du Mali. Bien au contraire, j’ai consenti d’importants sacrifices financiers en renonçant à des postes très bien rémunérés pour servir le Mali. Je n’ai nullement été inquiété après le coup d’Etat, parce qu’il n ‘y avait strictement rien à me reprocher. Actuellement, les partenaires du Groupe ARAMA/AMIC-Invest me demandent de regagner le siège à Dubai pour développer nos business au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Ghana, en attendant que la situation évolue favorablement au Mali. Par facilité, j’aurais pu accepter cette offre, ne serait-ce que pour rassurer ma famille. Je m’accroche à rester à Bamako, car j’estime plus jamais que le Mali a besoin de tous ses enfants qui sont prêts à se battre pour lui.

Pourriez-vous dire la même chose du côté de l’UE?

Vous faites allusion à une enquête administrative que certains ont cherché à exploiter contre moi pour des raisons de politique interne. Avez-vous jamais entendu de plainte ou de simple citation comme témoin dans cette affaire qui a pourtant démarré depuis décembre 2006? Je suppose que vous m’avez posé la question pour la forme, car vous savez qu’il s’agit d’une affaire classée. Votre journal en a parlé en son temps.

Quelles raisons de politique interne?

Pour m’empêcher d’être nommé Premier ministre, comme cela avait été envisagé. Sur ce point, du reste, la cabale a marché.

Peut-être que votre nomination comme Premier ministre aurait changé le cours de l’histoire du régime.

Ça, seul Dieu le sait. Je suis un musulman qui croit à la destinée divine. Dans le Saint Coran, Sourate Al-Imraan 3:26, il est écrit : « Dis: Ô Allah, Maître de l’autorité absolue. Tu donnes l’autorité à qui Tu veux, et Tu arraches l’autorité à qui Tu veux; et Tu donnes la puissance à qui Tu veux, et Tu humilies qui Tu veux. Le bien est en Ta main et Tu es Omnipotent. » Les hommes, qui ont compris ça, sont sereins.

J’ai réservé le mot de la fin sur l’avenir. Comment voyez-vous le notre qui semble être sombre aujourd’hui?

Nous avons les ressorts nécessaires pour maîtriser les destinées de notre pays. D’abord, il est important que le Président de la Transition retourne au pays. Cela pourrait atténuer l’effet désastreux de son attaque, qui a mis notre pays au banc des nations. Ensuite, nous devons mener les actions suivantes :

- mettre en place un Gouvernement efficace d’union nationale;

- mener des actions diplomatiques fortes auprès de la CEDEAO, de l’UA et des Nations Unies pour amener les rebelles à déposer les armes;

- à défaut se résoudre à faire la guerre, d’abord en comptant sur nos propres forces armées, mais aussi en recourant, notamment aux moyens logistiques des pays amis;

- une fois l’intégrité territoriale établie, nous devons alors réinstaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire national, réorganiser la puissance publique et les forces de sécurité et de défense;

- de façon concomitante, préparer les prochaines élections;

- et commencer seulement après à faire face au plus difficile.

Pensez-vous que tout ce que vous venez d’énumérer pourrait être réalisé en un an? Et enfin que signifie votre dernière phrase : faire face au plus difficile?

La durée de la Transition dépend principalement du temps nécessaire pour la libération du pays. Tout ce qui est possible devrait être fait pour écourter la durée de la Transition, à cause des énormes défis qui nous attendent. Avec la fin de la Transition s’ouvrira une ère nouvelle avec son lot de difficultés. Le Mali de 2014, c’est presque 15 millions de Maliens, c’est de l’ordre de 2,6 millions d’habitants à Bamako (sans infrastructures appropriées), c’est un système agricole traditionnel dépassé par l’ ampleur des besoins à satisfaire, c’est un environnement de plus en plus hostile à cause du réchauffement climatique, c’est un système éducatif à reconstruire totalement, ce sont des dizaines de milliers de centres de santé et de salles de classes à construire, ce sont plus de 120.000 jeunes diplômés pour lesquels des emplois doivent être créés… pour ne citer que quelques exemples. Mais le Mali de demain, c’est aussi un peuple qui ne veut plus se laisser abuser par les discoureurs, un peuple qui exigera de ses dirigeants qu’ils soient véritablement au service du pays. Pour toutes ces raisons, nous avons déjà commencé à réfléchir et élaborer un projet de société de lutte contre la pauvreté. Au delà des programmes, ce sont les hommes qui font le développement.

Raison pour laquelle, nous demandons à tous ceux qui veulent contribuer à l’édification de notre pays, au décollage socioéconomique du Mali de nous rejoindre. Puisse le Bon Dieu sauver notre pays nous faire entendre. Amin!

Interview réalisée par Alou B HAIDARA

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