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HUICOMA : Les auteurs du bradage doivent payer pour leur crime
Publié le mercredi 18 octobre 2023  |  Le Matin
L`Huicoma
© aBamako.com par MS
L`Huicoma de Koulikoro
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Si pour certains observateurs l’un des défis majeurs à relever pour relancer les activités de l’huilerie est de garantir un approvisionnement suffisant en graines de coton, matière première essentielle, nous pensons que faire la lumière aussi sur les conditions du bradage de ce patrimoine industriel national est un préalable incontournable. Il faut rappeler que ce fleuron de l’industrie malienne, a été bradé en 2005 à 9 milliards de F CFA à l’opérateur économique Alou Tomota. Un vrai scandale qui continue à faire couler de l’encre et de la salive sur la base de nouvelles révélations sur cette opération mafieuse.

C’est ainsi qu’un document audio d’un ancien chef de division de la comptabilité générale (19 ans à Huicoma) révèle que Tomota n’a réellement été qu’un bouc émissaire dans cette affaire. Comme vrais actionnaires, donc les prédateurs de l’ombre, il a indexé des barons de l’Adéma du temps du président Alpha Oumar Konaré. Interpellé à l’UNTM par feu Siaka Diakité (alors Secrétaire général de la centrale syndicale) face à la situation des travailleurs de l’huilerie en sit-in permanent à la Bourse du Travail, Tomota aurait menacé de révéler les noms des vrais actionnaires de la nouvelle Huicoma si on ne le laisse pas en paix. Selon lui, avance le chef de division de la comptabilité générale, il n’était que la «10e personnalité» sur la liste des actionnaires, dont deux ex-Premières Dames de l’ère démocratique. Il avait dit n’avoir que la plus petite des parts par rapport à des barons du régime d’Alpha Oumar Konaré issus de l’Adéma.

«La privatisation de l’Huicoma est la concrétisation d’un vrai complot contre la nation» ! C’est ainsi que nous avions résumé l’audio virale de cet ancien chef de division de la comptabilité générale. Et il s’est basé sur des facteurs macroéconomiques pour le démontrer. Au moment de sa prétendue privatisation, la capacité d’autofinancement de l’Huicoma (malgré un résultat déficitaire) était évaluée à plus de 3 milliards de francs CFA selon un bilan financier certifié par le cabinet d’expertise Diarra dont le repreneur s’est intelligemment débarrassé en voulant ramener ses honoraires de 3 millions à 800 mille francs CFA.

L’huilerie était aussi créditée de plus de 21 milliards d’actifs au moment de sa privatisation. A notre humble avis, autant la reprise de l’huilerie est donc vivement souhaitée compte tenu de l’importance socioéconomique stratégique de ses produits, autant c’est une impérieuse nécessité de faire toute la lumière sur son bradage en 1995 sous prétexte de privatisation. La justice ne doit pas manquer d’éléments pour faire toute la lumière sur ce scandale. Et cela d’autant plus que ceux dont les révélations ont récemment fait le buzz ne doivent pas se faire prier pour collaborer. Sinon rouvrir cette unité industrielle stratégique en fermant les yeux sur le scandale qui est à la base de sa faillite, c’est cautionner les pratiques mafieuses qui ont ruiné les sociétés et entreprises d’Etat. Cela n’est pas en l’honneur des dirigeants actuels.

En effet, au moment où la machine de la lutte contre la corruption et la délinquance financière s’est subitement emballée en envoyant derrière les barreaux des cadres de ce pays, personne ne comprendrait que l’Etat ferme les yeux sur un scandale de l’ampleur de celui qui a ruiné l’huilerie cotonnière du Mali. Les autorités de Transition vont rendre un immense service à ce pays en faisant non seulement la lumière sur ce bradage, mais aussi et surtout en relançant les activités de l’Huicoma, en la ramenant dans le juron du parc industriel de l’Etat. Et cela d’autant plus que le repreneur a suffisamment prouvé qu’il n’avait ni les moyens ni l’expertise nécessaire pour la maintenir à flot !

Moussa Bolly
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