Actuellement, un filet large a été jeté sur le Mali par le Pôle Economique et financier et les autres juridictions chargés de la lutte contre la corruption et la délinquance financière. Les structures de contrôle comme le Bureau du Vérificateur Général et l’OCLEI sont aussi sur le qui-vive.
Ainsi, l’ancien ministre de la Sécurité et de la protection civile, sous IBK, le Général de division Salif Traoré a été placé sous mandat de dépôt dans l’affaire Sécuriport, après l’envoi en prison de l’ancien Président de l’Assemblée Nationale Issaka Sidibé et quatre de ses collaborateurs dont le Président de la Fédération Malienne de Football Mamoutou Touré. Aussi, l’ancien Président de l’APCAM Bakary Togola a été encore épinglé. Ainsi, plusieurs personnalités de l’ancien régime attendent leur tour au Pôle Economique et financier. Me Baber Gano, ancien ministre sous IBK serait introuvable. Abderhamane Niang, l’ancien Président de la Haute Cour de Justice a aussi été placé sous mandat de dépôt.
Ainsi, d’après une indiscrétion, « plus d’Etat ont péri parce qu’ils ont violé des mœurs que parce qu’ils ont violé des lois ». S’il est de coutume de lutter contre la délinquance financière à travers la méthode dure, il doit aussi être de coutume d’empêcher ces pratiques pour éviter le pire dans l’avenir. Les dirigeants d’hier sont les cibles d’aujourd’hui. Ceux d’aujourd’hui seront les cibles de demain. Mais dans tous les cas, c’est le Mali qui perd. Alors, où est donc la crédibilité dans cette démarche si les pratiques qui sont combattus aujourd’hui par la justice sont en pratique avec les autorités en place ?
Le Mali est un grand pays. Les personnalités de notre pays ont commencé à perdre du crédit à partir de l’avènement de la démocratie. Les postes juteux sont convoités par des personnalités politiques et administratives pour voler et s’enrichir. Pour certains, c’est directement visible dès leur prise de fonction.
Si l’on s’en tient aux coutumes maliennes, le chef est l’esclave du peuple. Mais aujourd’hui, le chef fait du peuple son esclave. Et c’est ce même peuple, en souffrance, qui donne le courage au chef de voler car il faut satisfaire tout le monde à travers des gestes gracieux.
Pourquoi la justice traine –t-il le pied sur certaines affaires pour des raisons politiques ? Cela aussi ne constitue-t-il pas une délinquance ?
En effet, Mamadou Diarassouba, membre du CNT, est cité dans la même affaire que Issaka Sidibé et Mamoutou Touré. Il est toujours dehors à cause de son influence politique. D’autres personnalités aux affaires actuellement sont en proie à la justice. Pourquoi ne sont-ils pas inquiétés ?
Ainsi, l’actuel ministre des Maliens de l’extérieurs Moussa Ag Attaher est cité dans une affaire de détournement lorsqu’il occupait récemment le portefeuille des Sports chargé de l’instruction civique et de la construction citoyenne. Il a accepté de rembourser, mais cela ne doit pas empêcher la sanction que le Chef de l’Etat doit lui infliger. Mais il est toujours dans le gouvernement.
Ainsi, il faut dépolitiser la justice afin que le peuple jouisse de son indépendance. Le ministre de la justice aussi doit arrêter certaines pratiques qui ne l’honorent pas. Pourquoi certains procureurs, en cas d’interpellation de certaines personnes influentes parlent de soit-transmis ? Et selon eux, l’ordre vient du ministre de la justice. Cela est-il une procédure habituelle ?
On le sait, le cas Adama Ben Diarra est loin d’être une affaire purement judiciaire.
Si la justice se réveille, le peuple est content. Mais que la justice soit juste.