Le vendredi 3 novembre 2023, le président Sall a procédé au limogeage, par décret, de la totalité de l’équipe de la Commission Electorale Nationale Autonome (C.e.n.a). Ce remue-ménage, considéré par de nombreux observateurs politiques comme «un coup de pied présidentiel dans la fourmilière», intervient dans un contexte politique très tendu. Car quelques jours plus tôt, suite à la décision du juge Sabassy Faye annulant la radiation du chef de l’ex-parti Pastef, la C.e.n.a avait demandé à la Direction générale des élections (D.g.e) de remettre les fiches de parrainage à Ousmane Sonko.
Manifestement, cette requête de la C.e.n.a est superbement ignorée par la D.g.e au motif que le maire de Ziguinchor n’est pas sur les listes électorales. La D.g.e qui est sous la tutelle du ministère de l’Intérieur devrait-elle refuser d’exécuter la décision du juge Sabassy Faye en attendant l’Arrêt de la Cour suprême saisie d’un pourvoi de l’Agent judiciaire de l’État? Le président Macky Sall s’obstinerait-il à tout mettre en œuvre pour obtenir la non-candidature de son principal rival politique ?
Une chose est certaine : la saisine de la C.e.n.a a exacerbé de vives polémiques et tensions sur le processus électoral en cours. A moins de quatre mois du scrutin présidentiel, deux instances officielles en charge des élections s’affrontent sur la réinscription ou non du candidat Ousmane Sonko sur les listes électorales. A terme, que va-t-il se passer sur la scène politique sénégalaise si les choses continuaient sur cette lancée ? Assisterons-nous à une présidentielle non inclusive ni transparente émaillée de violences électorale ?
Alioune Tine, le fondateur d’AfrikaJom Center n’est certainement pas de cet avis ! Ce sénégalais estime que la politique, «ce n’est pas l’animosité, mais plutôt un débat d’idées». A travers un rapport, il lance un appel aux acteurs politiques afin qu’ils se remettent autour d’une table pour débattre. Son appel est plus particulièrement destiné au Chef de l’Etat. «Il faut s’arrêter et organiser le dialogue de la dernière chance pour régler pacifiquement les contentieux qui agitent en permanence le processus électoral de la Présidentielle de 2024». Sera-t-il entendu par Macky ?