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Le Club des Entrepreneurs Maliens de France : « Nous voulons être les ambassadeurs de la réconciliation »
Publié le mardi 7 novembre 2023  |  africapresse.paris
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Pour tenter de tourner la page de la crise politique qui n’en finit pas entre nos deux pays, le Club des Entrepreneurs Maliens de France (CEMF) reprend du service et relance ses activités. Malgré la crise, les affaires continuent... et les opportunités économiques existent. Ces chefs d’entreprise franco-maliens veulent donner l’exemple.

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En dépit de relations diplomatiques qui furent orageuses entre Paris et Bamako, puis réduites à leur plus simple expression depuis de longs mois, le Club des Entrepreneurs Maliens de France (CEMF) veut relancer ses activités pour tenter de tourner définitivement la page d’une crise qui n’en finit pas et nuit bien évidemment à nos deux pays, comme à leurs échanges économiques.

Tous les membres de ce Club très sélect se disent « fiers » d’être Maliens et, même s’ils sont parfois nés en France ou arrivés depuis de longues années et possèdent bien souvent la double nationalité, ils ont encore parfois bien conscience de ne pas être « vraiment chez eux » en France ! C’est un ressenti qu’ils avouent, mais qu’ils ont bien souvent appris à surmonter.

Diplômés et super-capés ou parfois autodidactes, ces patrons de la diaspora malienne, qui ont réussi dans le vie et dans les affaires, veulent donc faire aujourd’hui le maximum pour leur pays d’origine : le Mali, qui traverse « une passe difficile », c’est le moins que l’on puisse dire...
C’est pourquoi ils viennent de relancer à Paris – lors d’un grand cocktail de rentrée samedi soir à l’Hôtel Marriott sur les Champs Élysées – le Club des Entrepreneurs Maliens de France. Car « les affaires sont les affaires… ou Business as usual », comme l’explique fort à propos l’un d’entre eux.

Ils veulent avant tout que les affaires reprennent et que la France – leur pays d’accueil – prenne enfin conscience du poids économique que pèse et représente dans l’économie française la communauté malienne, douée depuis toujours pour le commerce, les transactions en tout genre et affaires, petites ou grandes. C’est même le nouveau « leitmotiv » qui les anime et mobilise toute leur énergie. Dans ce but, ils sont donc prêts à mettre les bouchées doubles. Par réalisme comme, bien sûr, par intérêt, ils insistent sur leur volonté de surmonter cette brouille franco-malienne qui dure depuis trop longtemps pour repartir sur de nouvelles relations « gagnant/gagnant » selon le slogan désormais à la mode.

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« Nous remercions la France
pour son hospitalité
et voulons renouer
les relations d’affaires avec elle »

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Faute d’ambassadeur en France depuis de longs mois, c’est le Chargé d’affaires, M. Bakary Dembélé, qui est venu saluer cette réunion comme « un grand événement du monde des affaires » et se félicite de la relance des activités d’un Club « qui doit servir de creuset pour toutes les initiatives d’investissements de la diaspora malienne en France ». C’est pourquoi, ajoute-il, je vous exhorte à plus d’abnégation et d’engagement pour transformer ces contraintes liées à la conjoncture internationale (pandémie de Covid-19, puis guerre en Ukraine ) en atouts pour notre pays, le Mali ».

Car, se plaît-il également à rappeler, « la voie du développement du continent africain passe par l’entrepreneuriat, la prise de risque et surtout l’investissement dans le secteur financier. Sans compter les autres qualités qu’il vous faut avoir et qui s’appelle la résilience et l’exemplarité dans les actes de tous les jours ».

« Malgré la crise, les affaires continuent... », observe d’emblée Moussa Coulibaly qui fut dès 2011 l’initiateur de ce Club d’affaires « mis en sommeil en veilleuse depuis cinq ans » en raison des événements. Mais, ajoute-t-il aussitôt, « le but de cette relance du Club et cette réunion ce soir à Paris est d’ouvrir d’autres canaux pour renouer les relations d’affaires avec la France en repartant sur de nouvelles bases plus saines faites de respect de partenariats gagnant/gagnant ».

Homme d’affaires aux multiples casquettes puisqu’il est à la fois dans la Communication avec Ethik Agency, dont il est le CEO, le BTP et l’Immobilier, Moussa Coulibaly rappelle une évidence que tous ont à l’esprit : « Mise à part la Côte d’Ivoire, la plus forte communauté malienne hors d’Afrique se trouve en France et nous remercions la France pour son hospitalité ». Mais c’est une réalité dont devraient également tenir compte les diplomates et les politiciens de nos deux pays qui ont une longue histoire commune.

« Moi, je suis Malien mais je vis et travaille en France depuis 2005 et mes enfants sont franco-maliens », explique-t-il. Avant d’ajouter sur le ton de la confidence : « Les Maliens n’ont pas de problèmes avec les Français au Mali et vice-versa, mais ce sont nos gouvernements et nos politiciens qui ne s’entendent pas... Nous devons donc surmonter tout cela et souhaitons de tout cœur reprendre de bonnes relations avec la France. C’est même mon vœu le plus cher. C’est pourquoi nous voulons être aujourd’hui les ambassadeurs de la réconciliation pour que les Français reviennent faire des affaires au Mali. Apportez-nous les ressources et la technologie et nous ferons ensemble des affaires avec vous ». Sous les applaudissements de la salle, le ton est donné.

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« Nous sommes liés à vie
et obligés de travailler ensemble »

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Abdoulaye Niangandou, nouveau Président du Club, tient à peu près le même discours volontariste. « Nous voulons être le lien entre la France et le Mali. Politiquement, cela ne va plus, on le sait, mais cela ne doit pas arrêter le business car nous sommes liés à vie et obligés de travailler ensemble », observe-t-il. Avant d’ajouter : « Si un entrepreneur français veut investir au Mali, nous sommes là pour l’aider et, inversement, si un Malien veut faire des affaires en France, nous sommes aussi là pour lui faciliter son implantation ».

Né au Mali, mais vivant en France depuis l’an 2000, M. Niangandou est très représentatif d’une diaspora franco-malienne très active dans les affaires qui marchent. Après avoir dirigé depuis 2008 ABM Express, une entreprise de transport qui assurait la livraison de nombreux Centre commerciaux, mais n’a pas survécu à la crise du Covid-19, il a rapidement rebondi en devenant dès 2021 le cogérant associé d’AMABAT Transport, et vient de créer en parallèle sa propre société LTI (Logistique Transport International) qui vient déjà d’ouvrir une filiale à Abidjan.

« Et demain peut-être une autre filiale à Bamako, quand la situation au Mali se sera enfin stabilisée et que tout ira mieux car ce qui nous anime avant tout c’est l’esprit d’entreprise », ajoute-t-il avant de confier : « La totalité de l’argent envoyé au Mali par l’importante diaspora malienne en France est bien supérieure à l’aide au développement ». Voilà une réalité qui doit interpeller le monde des affaires.

Et le nouveau Président de rappeler pour finir les fondamentaux du Club : « C’est un lieu de rencontres, d’informations et d’échanges pour rompre l’isolement des chefs d’entreprise, favoriser les contacts d’affaires et créer un réseau social destiné à partager des expériences et préoccupations communes, car l’union fait la force ».

Jeune vice-Président du CEMD et véritable « cheville ouvrière » de la relance du Club, Sadio Diakité confie lui-aussi avoir « des liens très forts avec la France » depuis qu’il s’y est installé à demeure en l’an 2000, même s’il fait souvent des aller-retour pour le travail à Bamako. Comme bien des Maliens de la diaspora, il a plusieurs cordes à son arc : il est à la fois à la tête d’une entreprise de nettoyage, d’un restaurant à Montreuil et d’une société de transport au Mali.

« Il y a une forte communauté malienne en France et beaucoup de doubles nationaux, dont certains ne connaissent même pas le Mali », souligne-t-il en insistant sur la volonté du Club de « les aider à investir au Mali en leur facilitant toutes les démarches administratives et en les mettant en garde contre certains mauvais plans à éviter ». Car, pour créer et développer une entreprise rentable en Afrique, il vaut mieux toujours bien savoir d’abord où on met les pieds...

« Nous voulons aussi, ajoute-t-il, reprendre le lien avec le MEDEF en France comme avec le CNPM (Conseil National du Patronat Malien) à Bamako » que préside depuis un an Mossadeck Bally, patron du Groupe hôtelier Azalaï. Puis nous reprendrons langue avec le Haut Conseil des Maliens de l’extérieur, dont M. Demba Diabira préside l’antenne en France, pour initier une rencontre avec les élus français d’origine malienne » plus nombreux qu’on ne le croit.

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« Vous êtes des champions
et les bienvenus à Bamako »

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De passage à Paris, Bouba Traoré,consultant en communication, annonce la IXe édition de la Nuit de l’Entrepreneuriat du 26 au 28 janvier prochain à Bamako. Un Forum économique de grande tenue dédié à tous les Africains : les invités d’honneur de la dernière édition en janvier dernier n’étaient autres que MM. Diadié Sankaré de (PDG du Groupe SAER) et Mossadeck Bally (nouveau Président du CNPM). Rien de moins.
« Vous êtes des champions et les bienvenus à Bamako, vous les entrepreneurs de la diaspora car vous savez tous la période difficile que traverse actuellement le Mali et vous ne vous êtes pas découragés pour autant », lance-t-il à l’assistance en lui promettant qu’il y aura en janvier prochain à Bamako un panel consacré à l’importante diaspora malienne.

En attendant, c’est un autre panel de qualité que va animer au Marriott le journaliste malien Tiambel Guimbayara comme Maître de cérémonie. Tour à tour, il présente ce soir les différents chefs d’entreprise qui ont été sélectionnés pour raconter leurs parcours professionnels et enrichir ainsi l’expérience de tous car ce panel n’est fait que d’histoires vraies et d’anecdotes vécues.

Vont ainsi se succéder à la tribune, les témoignages de Mme Adja Kanté, promotrice d’un Salon de coiffure en région parisienne, MM. Demba Dembélé, co-fondateur et DG de Danapay, Mahamadou Traoré, patron de presse et directeur de l’Agence Africa Events, Irahima Tounkara (PDG de Bin Bâtiments), Saba Traoré, promoteur de Faso Dibi à Montreuil, et Mamoudou Traoré (MTM Sécurité) prône l’Union africaine et se définit lui-même comme un « entrepreneur africain » avant tout. Deux parcours exceptionnels retiendront encore notre attention.

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Des parcours atypiques
qui forcent le respect

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Secrétaire générale du Club, Mme Raky Keita, qui avoue avoir un « parcours atypique », est une femme d’affaires aux multiples casquettes. Aujourd’hui PDG des sociétés Aiss et Riss, elle assume de s’être lancée un jour dans la mécanique sans aucune compétence, mais en faisant le choix de la franchise. Confrontée à la problématique de garde d’enfants en France, elle crée bientôt sa première structure de micro-crèches sous le nom « Les Chérubins ».

À Bamako, elle fait preuve d’ingéniosité pour que ses sœurs maliennes évitent de porter des perruques et puissent faire pousser naturellement leurs cheveux. Pour se faire connaître et se constituer une clientèle, elle crée dans la foulée un réseau sur Facebook 100 % féminin. Un groupe qui comprend aujourd’hui plus de 23 000 membres...

Elle fonde enfin une troisième société pour les affaires de bébé nécessaires au lendemain même de l’accouchement, bien souvent introuvables au Mali, mais que l’on peut se procurer en France sans problèmes dans les grands magasins. « Je veux, explique-t-elle pour conclure, que les Mamans maliennes soient fières d’accoucher au Mali, tout en ne manquant de rien ». Grâce à l’import-export, voilà un problème encore résolu : c’est l’Afrique des Solutions, faite d’ingéniosité et d’inventivité permanentes. Et, en ce domaine, les Maliens sont bien placés !

Avec 23 ans d’expérience dans ce secteur sensible de la Sécurité, Mahamadou Cissé (MC Sécurité) n’est pas peu fier de son parcours. Arrivé en France en 1993, ne sachant ni lire ni écrire et ne parlant même pas français, il occupe divers emplois dans le bâtiment comme la restauration, puis se lance dans la sécurité. Il gravit les échelons les uns après les autres, de simple agent à chef de poste au Centre Commercial de la Défense ou aux Galeries Lafayette, jusqu’au jour où, en l’an 2000, il décide de créer sa propre entreprise et commence avec huit employés, puis se développe et fait travailler quelque 70 personnes.

« Le patron qui m’a embauché en 1995 comme agent de sécurité, je l’ai embauché dix ans après comme directeur commercial dans ma société concurrente qui s’était bien développée », confie-t-il aujourd’hui. Avant d’en tirer la leçon pour tous : « Ne jamais abandonner, se battre et croire en soi-même ». Voilà la recette d’une réussite professionnelle.

Ces beaux parcours souvent hors-normes sont de formidables exemples d’intégration et de réussite. Ils forcent le respect.

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