L’armée malienne se rapproche de Kidal, dans le nord du pays. Elle combat samedi dans la région la rébellion touareg dont la ville, enjeu majeur de souveraineté pour l’État central, est le bastion.
"Nous sommes à quelques dizaines de kilomètres de Kidal. Nous continuons notre progression pour sécuriser tout le territoire", dit un officier malien. Deux élus font état de combats contre la rébellion touareg, sous le couvert de l’anonymat compte tenu de la sensibilité du sujet. Cela pourrait être le début de la bataille annoncée pour la ville, bastion des séparatistes et enjeu majeur de souveraineté pour l’État central.
Les quelques dizaines de milliers d’habitants de Kidal, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie, s’attendent à une confrontation depuis que la rébellion touareg, après s’être soulevée en 2012 et avoir accepté de cesser le feu en 2014, a repris les armes en août dernier.
Un autre officier basé à Gao, la grande ville du nord, évoque des combats à proximité du camp récemment abandonné à Kidal par la mission de paix de l’ONU (Minusma). "Les combats ont commencé (...), ça tire beaucoup", dit un des élus. Il assure que du côté de l’armée, les mercenaires du groupe privé russe Wagner, appelé à la rescousse en 2021 par la junte au pouvoir, étaient plus nombreux que les soldats maliens.
Foyer historique des insurrections indépendantistes
L’AFP n’a pu obtenir de confirmation indépendante. La collecte de l’information est compliquée par l’impossibilité d’accéder au terrain, parmi d’autres facteurs. Les rebelles séparatistes ont fait couper le 10 novembre le réseau de téléphone à Kidal, possible anticipation d’une offensive de l’armée.
Les quelques dizaines de milliers d’habitants de la ville, foyer historique des insurrections indépendantistes et carrefour sur la route de l’Algérie, s’attendent à une confrontation depuis que la rébellion touareg, après s’être soulevée en 2012 et avoir accepté de cesser le feu en 2014, a repris les armes en août.
"Les populations civiles sont en train de fuir la ville", a dit un autre élu. "Il faut s’attendre à un long conflit", ajoute-t-il. L’armée a procédé au cours des derniers jours à des frappes aériennes à Kidal contre ce qu’elle a appelé des cibles "terroristes". Plusieurs civils, dont des enfants, ont été tués, selon des résidents et les rebelles, ce que l’armée a démenti.
L’armée avait annoncé le 9 novembre sur les réseaux sociaux le début de "mouvements stratégiques dans le but de sécuriser et d’éradiquer toute menace terroriste dans la région de Kidal". Elle applique le terme de "terroristes" aussi bien aux séparatistes qu’aux djihadistes. Une importante colonne militaire stationnée depuis début octobre à Anéfis, à environ 110 km au sud, s’est mise en branle jeudi ou vendredi en direction de Kidal.
Une reprise des hostilités liée au retrait de la Minusma
Cette reprise des hostilités a été précipitée par le retrait en cours de la mission de l’ONU au Mali (Minusma), poussée vers la sortie par la junte au pouvoir à Bamako depuis 2020. L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, est un motif ancien d’irritation à Bamako. Les colonels à la tête du pays ont fait de la restauration de la souveraineté territoriale leur mantra.
L’évacuation par la Minusma de son camp de Kidal s’annonçait comme la plus inflammable. L’insoumission de Kidal et de sa région, où l’armée a subi d’humiliantes défaites entre 2012 et 2014, est un motif ancien d’irritation à Bamako, y compris pour les colonels qui ont pris le pouvoir par la force en 2020 et qui ont fait de la restauration de la souveraineté territoriale leur mantra.
Le gouvernement a affirmé sa détermination à reprendre pied à Kidal, où l’Etat central est absent. La Minusma, contrainte par la dégradation sécuritaire, a accéléré son désengagement et a quitté la semaine passée son camp de Kidal. La rébellion séparatiste en a aussitôt pris le contrôle. La précipitation du décrochage de la Minusma a irrité la junte qui voulait faire concorder ce départ avec l’arrivée sur place de l’armée. Les entraves mises par la junte à l’évacuation ont forcé la Minusma à détruire une partie de son matériel faute de pouvoir l’emporter, a dit la mission.