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Rêves d’Etat de l’Azawad et de Kalifa Islamique au Nord : L’Armée malienne met fin aux illusions : la guerre de Kidal a eu lieu !
Publié le mercredi 15 novembre 2023  |  Nouveau Reveil
Reprise
© Autre presse par DR
Reprise de Kidal par les FAMa
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Depuis le samedi 11 novembre 2023, les Forces armées maliennes (FAMa) marchent sur Kidal. Un changement de la tactique militaire qui les voit désormais combiner bombardements aériens et mouvement de troupes au sol.

Elles sont donc allées directement au contact de l’ennemi, c’est-à-dire, les troupes des terroristes touaregs commandées par la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA).

Après Tessalit, Ménaka, Anefis, d’importantes villes du septentrion malien, l’armée malienne a donc lancé l’offensive pour la reconquête de Kidal, la capitale de cette région du Nord. Le Dimanche 12 octobre 2023, l’état-major des FAMA annonçait avoir ‘’brisé la ligne de défense’’ de l’ennemi, assimilé à des terroristes. A l’opposé, la CMA affirmait avoir repoussé l’offensive des FAMA, leur infligeant de lourdes pertes et un repli forcé.

Quid de la vérité dans cette guerre des communiqués où chaque camp s’attribue la victoire ? Ce qui est sûr, c’est que les affrontements se sont intensifiés dans les faubourgs de Kidal, à 20, 30 km du centre-ville. Longtemps dans la ligne de mire des FAMA, Kidal est une ville presque assiégée aujourd’hui. La guerre de Kidal a donc lieu. L’importance stratégique de contrôler cette capitale régionale fait des affrontements en cours, un enjeu dans les enjeux de la crise malienne. Les combats y font rage et il est difficile d’avoir un bilan des affrontements, car comme dans toute guerre, la première victime, c’est la vérité sur les pertes.

Il ne fait pas de doute qu’il y a des pertes de part et d’autre et que les combats pourraient s’intensifier les prochains jours. L’avenir d’une résolution de la crise malienne à court ou long terme se joue dans cette guerre de Kidal. En effet, il y a fort à parier que la CMA pourrait nouer une alliance avec les groupes armés terroristes qui ont pignon sur les dunes maliennes depuis une bonne dizaine d’années.

Dans la logique de ‘’les ennemis de mes ennemis sont mes ennemis’’, ni l’EIGS, ni le GSIM n’ont intérêt à ce que Kidal tombe sous le contrôle du gouvernement malien. Ce serait la fin retentissante d’un symbole. Celui du Mali qui perd sa région du Nord dans cette guerre de sécession que lui ont imposée d’abord les rebelles touaregs, ensuite les groupes djihadistes. Les premiers rêvent d’un Etat de l’Azawad, les seconds d’un Kalifa dans le Sahara et le gouvernement malien d’une reconquête totale des territoires du pays tels que reconnus à son indépendance.

Après plus de 20 ans de crise et de combats, de changement de gouvernement et de retournement d’alliance, le Mali d’Assimi Goïta est militairement équipé aujourd’hui plus qu’hier au point de demander le départ des troupes étrangères de son sol, y compris les Casques bleus. Après Tessalit, Ménaka, Anefis et pourquoi pas demain Kidal, il compte bien combler efficacement le vide laissé par ses alliés d’hier.

Ce n’est pas gagné d’avance pour Bamako, car depuis une bonne quinzaine d’années les FAMA ont connu moult infortunes dans la défense et la reconquête de Kidal qui a longtemps été sous contrôle des rebelles touaregs avant les opérations Serval, Barkhane et l’arrivée de la MINUSMA. C’est pourquoi, la grande probabilité d’une victoire des FAMA dans les combats qui se déroulent autour de Kidal ne mettrait pas pour autant fin à la guerre pour le contrôle de la capitale du nord Mali. Pour sûr, la CMA, l’EIGS et le GSIM n’abdiqueront pas facilement. Même chassés de Kidal et de ses faubourgs, Ils s’organiseront pour revenir harceler les positions de l’armée malienne. Une chose est donc de reconquérir Kidal, une autre est de pacifier le septentrion malien.

En tout cas, la campagne de reconquête au nom de la restauration de la souveraineté de l’Etat sur l’ensemble du territoire malien, s’est accélérée, avec l’intensification des frappes aéroterrestres de l’armée sur la ville de Kidal. Depuis le samedi dernier, un silence sinistre régnait dans les rues de ce qui était considéré comme la capitale du fictif Etat de l’Azawad proclamé par les groupes indépendantistes à majorité touarègue et arabe, les populations s’étant terrées chez elles alors que les barons des groupes armés se seraient fait la belle, en direction du massif montagneux du Djebel Timétrine, et de Tinzaouatène, dans l’extrême Sud algérien.

Au moment où nous tracions ces lignes, la défense ingénieuse, retorse et acharnée de la ville par les rebelles sécessionnistes, a cédé, face aux militaires maliens ultra déterminés qui n’ont pas fait dans la dentelle : frappes aériennes d’une rare intensité et pilonnage au mortier durant tout le week-end, pour ouvrir la voie aux fantassins qui auraient reçu l’ordre d’investir la citadelle et de prendre le contrôle du camp militaire abandonné par la MINUSMA, dans les plus brefs délais.

Les rebelles pourraient poursuivre la lutte armée sous d’autres formes

Les carottes semblent donc cuites pour Alghabass Ag Intalla et ses comparses du Cadre stratégique permanent. Car, la région de Kidal est probablement tombée aux mains des Forces armées maliennes (FAMa), à l’issue des combats engagés. Reste à savoir si les FAMa pourront tenir durablement cette position hautement stratégique, et si les rebelles vont benoitement déposer les armes et reprendre une vie normale comme le pensent les Maliens les plus naïfs.

Le plus gros défi reste, en effet, la pacification de cette région désertique désertée par l’Etat une décennie durant. Car, les rebelles, même défaits à Kidal, pourraient poursuivre la lutte armée sous d’autres formes, avec la possibilité qu’ils agissent en tandem avec les groupes terroristes du JNIM, au nom d’une alliance de circonstance pour la survie de tous. Ayant affaire à un groupe où la culture de la guerre est prégnante et où la vengeance est pratiquement une obligation sociale, les autorités maliennes doivent toujours garder à l’esprit que le réservoir de combattants y est ipso facto inépuisable, et elles doivent cesser de croire qu’une victoire militaire mettra définitivement un terme à la guerre insurrectionnelle déclenchée depuis plus d’une décennie par les Touaregs de l’Adrar des Ifoghas notamment.

La stabilisation de Kidal et de sa région est d’autant plus hypothétique qu’il ne sera pas facile pour le gouvernement de la transition, de gagner les cœurs et les esprits des populations qui pourraient voir dans cette reprise de la ville par les FAMa, une agression contre leur pseudo-Etat de l’Azawad et contre elles-mêmes. De quoi galvaniser les résidus de résistants des mouvements séparatistes pour continuer à perturber le retour à une vie normale dans ce septentrion malien meurtri par plusieurs décennies de guerres successives, avec le soutien possible et imaginable venant de pays voisins comme l’Algérie, la Mauritanie, la Libye et même le Niger où l’ancien chef rebelle touareg, Rhissa Ag Boula, a ouvertement appelé ses frères du Niger à traverser la frontière pour soutenir les Touaregs du Mali si les FAMa venaient à attaquer ces derniers.

Il appartiendra aux forces combattantes déployées par les autorités maliennes, de faire usage de la violence avec beaucoup de discernement

Toutes les conditions d’un cocktail explosif pourraient ainsi être réunies et tout pourrait partir en vrilles, au point de contraindre une nouvelle fois les protagonistes à s’asseoir autour d’une même table de négociation, à Alger ou à Nouakchott, pour encore signer un accord « perdant-perdant » afin de mettre un terme aux hostilités. Mais si, par extraordinaire, les autorités maliennes arrivaient à établir une confiance réciproque entre elles et les populations locales, ce serait la fin des haricots pour les terroristes du JNIM qui enflamment actuellement les pays du Liptako-Gourma (Mali, Burkina Niger). Car, avec cette nouvelle donne, les djihadistes de la Katiba Macina qui ont fait du Centre du Mali, leur zone d’action et de prédilection, seront fatalement pris en étau, et les zones qu’ils contrôlent à la frontière du Burkina Faso, par exemple, ne constitueront plus des bases arrières pour les ‘’bandits de la brousse’’ qui opèrent au Pays des hommes intègres.

Il semble d’ailleurs que depuis l’annonce de l’offensive des FAMa contre la place forte des rebelles, c’est la bérézina chez tous les groupes terroristes qui ont fait main basse sur des pans entiers des territoires malien, burkinabè et nigérien, parce qu’ils se savent désormais plus que jamais dans l’œil du cyclone, avec la probabilité qu’ils soient pris en tenaille par les forces armées des trois pays de plus en plus aguerries dans le combat contre la nébuleuse djihadiste.

Il appartiendra aux forces combattantes déployées par les autorités maliennes, de faire usage de la violence avec beaucoup de discernement, afin de ne pas commettre des crimes de guerre sur lesquels leurs ennemis à l’intérieur comme à l’extérieur, pourraient surfer pour exiger la reddition des comptes, en agitant le chiffon rouge de la Cour pénale internationale (CPI).

Des mises en garde fermes doivent être faites aux soldats et leurs alliés à la main leste et à la gâchette facile, afin d’éviter les bavures qui pourraient ternir l’image de toute l’institution militaire, et donner naissance à des sentiments de vengeance qui compliqueraient la réconciliation nationale et la pacification de cette région affreusement meurtrie du Mali.

Jean Pierre James
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