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Assainissement de Bamako : 5,69 milliards rongés
Publié le mercredi 15 novembre 2023  |  L’Informateur
Opération
© aBamako.com par A.S
Opération d`assainissement dans les rues de Bamako
Bamako, le 10 février 2015. Les agents balayeurs de la société de nettoyage Ozone Mali ont procédé à une grande toilette sur le boulevard du peuple.
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Les avantages anciens et présents hypothéqués à cause de piètres prestations sur fond de détournement d’argent.

Le suivi d’une société bénéficiaire d’un marché est essentiel pour mener à bien les prestations avec efficacité. Le service qui ne parvient pas à assurer ce suivi finit par le payer de plusieurs manières, et la mauvaise exécution des tâches assignées peut être énorme. Lorsqu’il n’est pas en mesure d’assurer le suivi, il ne peut pas enjoindre aux responsables de l’entreprise d’adopter une approche proactive pour apporter les correctifs. En clair, les Bamakois ont été insatisfaits des prestations d’Ozone Mali et ont invité en son temps les autorités à se tourner vers un prestataire, et pourquoi pas la Direction des services urbains de voirie et d’assainissement (DSUVA) dont le parc de camions avait tout l’air d’un cimetière de ferraille.

Les avantages anciens et présents hypothéqués à cause de piètres prestations. Bamako croule sous les ordures. Les coûts engagés pour la collecte des déchets ménagers, le balayage des rues, l’éradication des dépôts sauvages sont en partie perdus. Dans les faits, tout ceci figurait en bonne place dans le chapelet de prestations prévu par la convention. Des détails livrés dans le rapport du Vérificateur général laisse pantois le lecteur. Bien de dysfonctionnements sont épinglés portant entre autres sur « l’octroi » par la Mairie du District de Bamako d’un « avantage irrégulier à un soumissionnaire, le non-respect de la garantie de bonne exécution par les titulaires de marché. Le rapport enfonce davantage le clou : « la Mairie du District de Bamako a fait exécuter des marchés avant leur approbation et sans visa du Délégué du contrôle financier ».

Coûts identifiables et cachés

Les coûts financiers directs sont facilement identifiables, faciles à quantifier. D’autres coûts financiers bien réels sont moins évidents à identifier. Une avalanche de chiffres donne du tournis. Jugez-en ! « Le montant total des irrégularités financières s’élève à quelque 5,69 milliards de F CFA. Ils ont trait aux faux enregistrements de marchés publics par leurs titulaires pour un montant total de 1,06 milliard de F CFA et à la validation de décomptes indus de la société Ozone Mali par le Directeur de la DSUVA pour un montant total d’un peu plus de 5,69 milliards de F CFA » a relevé le rapport. A juste raison, les pensées vont en particulier aux coûts induits par l’explosion des cas de paludisme, de diarrhées et l’apparition de la dengue. Ces coûts cachés ne doivent pas être négligés. Des dépotoirs sont à ciel ouvert à côté des maisons. Ces différents dépotoirs constituent des réservoirs d’insectes nuisibles et des microbes responsables des plusieurs maladies mortelles, ce qui constitue des véritables problèmes de santé publique. Ces décharges polluent l’atmosphère ou leur dispersion contamine des eaux. Ainsi des contaminants chimiques ou microbiologiques ayant pour origine les déchets bruts ou les résidus encore actifs stockés dans des conditions de confinement insuffisantes peuvent se répandre dans le milieu.

Sans surprise, « le Vérificateur général a transmis et dénoncé ces faits au Président de la Section des comptes de la Cour suprême et au Procureur de la République chargé du Pôle national économique et financier ». En outre, il a « saisi le Directeur général des Impôts pour des redressements et recouvrements des droits d’enregistrement et de redevances de régulation éludés. Les autorités judiciaires, notamment la Section des comptes de la Cour suprême et le Pôle national économique et financier ont également été saisis pour le recouvrement desdits droits ».

Ibrahim Yattara

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