Du Grand marché au marché Dossolo Médina-Coura en passant par ceux de l’Hippodrome et Bankoni-Farada, plusieurs commerçants détaillants et artisans ferment leurs portes. Safo est désormais retenu comme leur zone de transit afin d’y trouver de l’emploi journalier dans les chantiers pour leur survie.
Selon nos enquêtes, la Commune rurale de Safo, située au nord de Bamako à 15 km, ressent avec acuité les effets collatéraux de la crise économique qui sévit au Mali en cette période. Ce sont des commerçants détaillants d’articles de tout bord à savoir de prêt-à-porter, vendeurs de chaussures et de friperie au marché de Médina-Coura, des artisans comme les soudeurs sont devenus aujourd’hui des travailleurs journaliers sur des chantiers à Safo. Plusieurs d’entre eux tirent présentement le diable par la queue. De la boutique au chantier ou de l’atelier de soudure aux champs, c’est la descente aux enfers pour eux.
Chaque jour à 5 h du matin, des bras valides, des scolaires admis ou non, des adultes se regroupent aux lieux habituels de retrouvailles à la recherche d’emploi. Le premier lieu de retrouvailles est au marché de Bankoni-Farada. La devanture de la mairie de Djalakorodji est un espace de rencontres des travailleurs journaliers. Le marché de Falayan-Plaque dans la Commune de Safo est un coin de regroupement des employés.
Dans tous ces lieux cités, nous retrouvons toutes sortes de personnes. Des enseignants d’écoles privées ou publiques, des commerçants détaillants qui ont abandonné les marchés, des bras valides qui ont quitté leur village pour l’exode se regroupent afin qu’ils soient embarqués par les propriétaires de champs pour les travaux champêtres ou par les chefs de chantiers pour les travaux de main d’œuvre de construction. Ces employés gagnaient leur vie car ils étaient beaucoup plus sollicités par les chefs. Mais aujourd’hui, le constat est amer car beaucoup passent la journée sans trouver d’emploi et la raison n’est autre que la crise financière selon nos enquêtes.
Abdoulaye Coulibaly explique son désarroi : “Je suis dans la vente de prêt-à-porter au Grand marché de Bamako depuis 20 ans. Je n’avais jamais rencontré une telle difficulté au marché. Je suis venu m’arrêter dans ce lieu de retrouvailles pour avoir de l’emploi journalier. Beaucoup de commerçants comme moi ont fermé leur porte car le marché est dur”.
Moussa Diarra et Fatoumata Karembé ne disent pas le contraire : “Nous traversons un moment très dur. La vente de friperie a chuté. Autrefois, nous pouvions vendre une balle par jour et avec une marge bénéficiaire très raisonnable de 50 000 à 60 000 F CFA. Aujourd’hui, nous avons du mal à vendre la moitié de nos balles”.
“J’ai finalement fermé boutique pour le moment. Je travaille auprès d’un maçon dans les chantiers car ce dernier me paye à 3500 F CFA, avec des heures supplémentaires c’est à 5000 F CFA”, témoigne Birama Doumbia.
Bien que la Commune de Safo soit en chantier, les vendeurs de sable rencontrent les mêmes difficultés face à la crise financière.
“Nous souffrons car il y a pas de marché. L’hivernage nous arrangeait auparavant. Nous pouvons vendre 5 camions par jour. Maintenant, nous faisons trois jours sans vendre un seul camion de sable. Cela veut dire que le pays est chaud et tout le monde ressent cette difficulté financière qui sévit au Mali”, explique Bamory Diarra.
Malgré tout, bon nombre de citoyens gardent l’espoir pour le Mali après cette période de difficulté financière.