Il règne un flou total sur la situation qui prévaut au nord-est du Mali où le combats ont repris le 12 novembre dernier, entre l’armée malienne et le MNLA, le Mouvement national de libération de l’Azawad, dont le chef, Bilal Ag Acherif, dément que Kidal ait été reprise par le pouvoir central malien. Ce, alors que des médias occidentaux faisaient état d’une reconnaissance par la rébellion targuie de son retrait de son fief qu’elle contrôlait – ou contrôle encore – au sein d’une alliance, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et le Cadre stratégique permanent (CSP), comprenant plusieurs groupes armés.
On savait, dès le coup d’Etat militaire au Mali et l’expulsion de l’armée française, que la France allait passer le relai à ses services secrets de la DGSE, pour maintenir une présence sur place aux fins de s’assurer de l’impossibilité d’instaurer la paix dans ce pays convoité du Sahel et de garder la mèche de la guerre allumée indéfiniment. Preuve de l’implication directe de la France dans les troubles dans ce pays subsaharien, une interview de Bilal Ag Acherif à Jeune Afrique, proche des services français et marocains, qui fait porter l’entière responsabilité de l’échec des accords d’Alger au seul pouvoir malien et, indirectement, à la Russie.
«La responsabilité de la situation à laquelle nous sommes confrontés est très clairement celle du gouvernement de Bamako et de Wagner. Le gouvernement n’a jamais eu l’intention d’appliquer les accords d’Alger. Mais la différence entre Ibrahim Boubacar Keïta [président renversé, ndlr] et ceux qui dirigent aujourd’hui le pays, c’est que Keïta au moins a tenté de créer les conditions pour un minimum de confiance entre les parties», a affirmé le chef de la rébellion targuie. Et d’ajouter : «Depuis son arrivée au pouvoir, la junte d’Assimi Goïta a eu pour seul objectif de reprendre les combats et nous détruire». En clair, le MNLA, infiltré par la DGSE, tente de faire porter le chapeau de l’échec de cet accord, signé en 2015 à Bamako, après des négociations menées à Alger, à ceux qui ont bouté la France hors du Mali.
Mais il n’y a pas que les agents des services français de l’action extérieure qui infestent le Nord-Mali. Selon des médias africains, l’armée malienne détient les preuves de l’implication de mercenaires américains agissant sous le contrôle de la CIA. L’armée a, en effet, mis la main sur des équipements militaires et du matériel de communication appartenant à la «firme» Unity Resources Group, après la prise d’une base militaire à Anefis, une commune du cercle de Kidal, considérée comme l’axe central de la guerre civile au Mali. Unity Resources Group se définit comme une «société privée américaine de conseil en matière militaire et de sécurité».
Les médias maliens ont réagi à cette découverte en exigeant le départ de toutes ces officines occidentales qui empêchent le retour à la paix et la construction d’un nouvel Etat malien affranchi du joug néocolonial français et prémuni contre les ingérences étrangères.