La politique et le sport ne doivent pas être mêlés. C’est pourquoi les instances internationales du sport ont, dans leurs textes de lois, soigneusement écarté les États dans la gestion du sport. Pourtant, des hommes d’État férus de populisme ont toujours tenté de s’immiscer dans la gestion du sport pour des fins de propagande de leurs idéaux. Les jeux olympiques de 1936 organisées par l’Allemagne ont été une occasion idoine pour Hitler de faire la propagande du nazisme. Le Ministre des sports serait-il tenté de faire la même chose ?
A l’occasion de la tenue des deux matches dans le cadre de la phase éliminatoire de la coupe du monde de football 2026, opposant le Mali au Tchad et à la Centrafrique, le Ministre des Sports a publié sur la page facebook de son département un communiqué qui sort de l’ordinaire. Abdoul Kassim Ibrahim Fomba indique dans ce communiqué que le tarif des billets au premier prix sera divisé par deux pour les rencontres prévues vendredi 17 novembre à Bamako contre le Tchad, et lundi 20 novembre contre la République centrafricaine. Le billet sera vendu à 1 000 francs CFA au lieu de 2 000. Il s’agit d’après le communiqué de “permettre au public sportif malien de fêter la victoire héroïque des FAMa (Forces armées maliennes) en communion avec les Aigles“. Le ministère “invite le public sportif et la jeunesse malienne à une grande mobilisation (à l’occasion de ces deux matches) au Stade du 26 Mars de Bamako pour fêter cette victoire historique des forces armées et de sécurité avec les Aigles du Mali”.
Autrement dit, les autorités entendent mettre à profit ces deux matches de qualifications pour la Coupe du monde 2026 de l’équipe nationale de foot, afin de fêter la récente victoire militaire de l’armée à Kidal.
Pour sa part, la Fédération malienne de football, dans un communiqué, s’est contentée d’annoncer la baisse des prix pour “permettre aux Aigles d’effectuer une belle entrée en lice” dans la campagne des qualifications, sans référence à Kidal.
A rappeler que l’armée malienne a pris, mardi 14 novembre, aux rebelles touareg la ville de Kidal, foyer de la revendication indépendantiste d’où l’État central et l’armée avaient été absents depuis 2014. Ce succès militaire, le plus incontestable remporté par les autorités à la tête, depuis 2020, de ce pays plongé dans une crise sécuritaire et multidimensionnelle grave, a été largement salué et a donné lieu à des manifestations de joie aux accents patriotiques.