Le district de Bamako est loin d’être une capitale assainie. En Commune IV, les ordures occasionnent des conflits et la mairie travaille sur un projet d’assainissement, après le départ de OZONE, chargée d’assainir la capitale.
Cette Commune IV du district lutte contre les déchets de tout genre, à l’instar des autres Communes de la capitale. Si son dépôt de transit surnommé mont Kilimandjaro de Lafiabougou été évacué, le défi de l’assainissement demeure.
Comment s’y opère la gestion des ordures ? Elle « se fait en chaîne », résume AlKassoum Ahmadou Maïga, maire chargé de l’Assainissement de la localité. Les Groupements d’Intérêts Économiques (GIE) enlèvent les déchets ménagers pour un dépôt de transit, puis la mairie du district les achemine vers les décharges finales.
« La gestion, qui est donnée aux Communes dans le district de Bamako, est le ramassage dans les concessions vers un dépôt de transit, raison pour laquelle nous avons organisé les différents GIE qui font ce travail en une coopérative », a confié à « Nouvelle Afrique » l’édile.
Dans ce processus, la mairie de la Commune se heurte à des difficultés. Il s’agit de la non-adhésion des populations à la collecte des GIE car « certaines concessions ne se sont pas abonnées » pour des raisons financières. Ce qui, selon le maire, justifie le fait que certains déversent leurs déchets ou ordures dans les petits coins de la rue.
Délocaliser le mont Kilimandjaro
Ces GIE travaillent également avec des moyens très archaïques et dérisoires. La majorité d’entre eux utilisent toujours les charrettes tirées par les ânes comme moyen de transport des ordures. Une méthode très lente et peu « efficace pour évacuer les déchets ménagers vers les dépôts de transit ». Ces derniers dont le mont Kilimandjaro, censés être desservis chaque 72 heure, peuvent faire « six ou huit mois sans être déchargés ».
Cette situation provoque des désagréments chez les riverains. En plus des odeurs nauséabondes, l’infiltration de l’eau pendant l’hivernage endommage des puits dans les familles voisines.
Un collectif de ces familles réclame sans l’obtenir la délocalisation de ce dépôt de transit pour des raisons de santé. Il relève que ce lieu ne respecte pas le critère d’un dépôt de transit depuis 14 ans. « Il nous rend malades avec toute sorte de maladies. Il a fait des familles sans puits, des boutiques sans clients, des bailleurs sans locataires », confie l’un de ses responsables.
Ce groupe se plaint de sa proximité avec le cimetière dont l’accès est parfois bloqué. Il y voit aussi « un nid de grands bandits », qui accroît l’insécurité dans le quartier et dans la Commune.
La mairie estime que le collectif est dans son droit. Elle a, selon son deuxième adjoint au maire, mis en place « un comité de veille dans le dépôt ». L’édile dévoile qu’un autre comité a vu le jour à la suite des conflits ayant opposé les agents des GIE et les riverains lors de l’opération d’évacuation initiée par le mouvement « Anbi ko ».
Ce nouveau comité « exige de la mairie de trouver un autre endroit pour le dépôt des déchets ». « Ce qui n’est pas de notre responsabilité et selon les lois maliennes sur l’assainissement, les collectivités sont limitées. Il y a des actes à ne pas dépasser », réplique le maire, appelant « les riverains à savoir raison garder » et soulignant qu’« il faut un lieu de stockage temporaire ». Il demande au gouvernement de plutôt « construire une usine de transformation de déchets ».
Des alternatives à OZONE
Sa municipalité tente de s’inspirer de l’expérience du Niger, du Burkina Faso et du Cameroun en expérimentant « un projet de construction des chambres de transformation des déchets bio et organiques en engrais ». Une initiative appuyée par l’Institut d’Économie Rurale (IER). « Pour départ nous allons acheter les déchets à 15 FCA le kilo. Nous allons aussi offrir des tricycles aux jeunes pour ramasser les matières organiques dans les marchés », détaille-t-il.
Ce projet arrive après la résiliation du contrat de OZONE, une société marocaine qui avait signé sous le régime IBK une convention de 9 milliards FCFA pour assainir Bamako, une capitale peu assainie. La société affirme avoir plus de 15 milliards d’impayés avec l’Etat. Ce qui justifierait, selon l’un de ses responsables, le retard dans le paiement des salaires des employés.
L’alternative trouvée par la Commission de l’Assainissement de Bamako est de réhabiliter et doter de la voirie de 780 millions de FCFA. Il est également envisagé la construction de deux nouvelles décharges à Noumoubougou et à Mountougoula et une décharge de transit à Médine.