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Tribune de Dramane Dembelé Ingénieur Géologue, homme politique : Reprenons l’initiative de la prospective au Nord du Mali pour conjurer le cycle des rebellions !!!?
Publié le mercredi 29 novembre 2023  |  Mali Tribune
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© aBamako.com par Momo
Lancement des festivités du centenaire du Président Modibo Keita
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Le Nord du Mali : un enjeu mondial, régional et local

Enjeu mondial :

L’espace étant un enjeu, le Nord du Mali est une vaste zone stable géologiquement donc une région propice pour faire des essais nucléaires et stocker des déchets nucléaires. Aujourd’hui, les espaces offshores, pour stocker les déchets nucléaires, se sont révélés comme une menace globale pour l’humanité avec un potentiel de risque exponentiel par les tsunamis. Et les prospectives s’orientent sur les zones non mobiles stable comme le Nord du Mali.

En termes de ressources minières : Au nord du Mali, il a été mis en évidence sur plus un cumul de 4000 km linéaires d’anomalies uranifères. Alors que le plus grand gisement d’uranium au monde en date était sur 300 km2 environ. Il se trouve que la Chine veut diversifier sa source d’approvisionnement pour garantir sa sécurité énergétique et du coup il est posé la problématique de ressources indépendante d’une autre puissance nucléaire.

De même, nous avons un potentiel en terres rares. Cette matière est indispensable dans la fabrication de composantes électroniques de haute portée technologique. Par ailleurs, il se trouve que la Chine est le premier fournisseur mondial à plus de 90 % de terres rares. Et aujourd’hui elle est en conflit avec l’Organisation mondiale du commerce (OMC) parce que voulant livrer un produit semi-fini de cette matière. Dans ce conflit mondial latent de matière stratégique, le Mali peut être un facteur d’équilibre.

Du reste en terme de curiosités géo scientifiques : le Nord du Mali est un laboratoire à ciel ouvert. L’ouverture de l’océan Atlantique s’est opérée quelque part dans le Tilemsi, il y a 630 millions années (il y a 20 ans j’avais voulu faire une publication sur les traces de l’océan perdu au Mali avec le Pr. Renaud Caby de l’Université de Montpellier).

Aussi, il y a une possibilité de traçabilité de l’inversion du pôle magnétique (domaine d’application militaire) avec l’analyse des inclusions fluides dans les dolérites affleurants dans le Tilemsi (à l’époque le chercheur Tahar Aïfa m’avait suggéré une thèse dans son labo à Rennes avec une possibilité de financement de l’Otan).

Enjeu régional

Aujourd’hui avec le méga projet de gazoduc transafricain qui prendra racine au Nigeria et débouchant sur la Méditerranée via le Niger, l’Algérie… pour aller chauffer l’Europe, le Mali peut et doit prendre sa part à moins que ça soit l’éternel rhétorique : le Mali pays des occasions ratées.

Au Nord du Mali si nous n’avons rien nous aurions du gaz dont les ressources inférées sont estimées à quelques milliards de mètres cubes. Malgré tous les indices probants de maturité en gaz pourquoi le Mali n’arrive-t-il pas à forer ? Certainement en interrogeant les stratèges en reconstitution des réserves stratégiques, nous aurions un début de réponse.

Il se trouve que l’Algérie serait en difficulté économique avec la baisse accélérée de sa production d’hydrocarbures amorcée depuis 2006 (- 20 %). Alors que ce secteur représente 30 % de son PIB, 97 % de ses exportations et près 70 % de ses recettes fiscales. En même temps la pression de sa consommation nationale doublerait à l’horizon 2030 dans 7 ans au plus.

A horizon 2040, sa production gazière serait de 100 milliards de m3 alors que sa consommation nationale pour produire de l’énergie pour ses 60 millions d’habitants va brûler 60 milliards de m3. Cela impactera fortement ses recettes d’exportations. Son alternative en gaz de schiste est énorme dont l’exploitation aura des impacts environnementaux néfastes incommensurables.

Alors, pourquoi ne pas consolider nos gisements transfrontaliers ? Cela permettra du coup une mutualisation de nos efforts de sécurisation de la mobilité des personnes et des biens.

En 2001, durant 2 ans j’ai assuré le rôle de chef géologue de la mission de cartographie et d’inventaires miniers dans l’Adrar des Ifoghas. Aujourd’hui, il est établi que la zone de Tessalit et Bouréïssa sont des points géostratégiques pour observer tout le bassin méditerranéen.

Alors allez-y comprendre pourquoi Américains et Français convoitaient tant cet espace géostratégique dans un environnement international belliqueux ?

En revanche les puissances mondiales doivent intérioriser que nous sommes adultes et cernons les enjeux de l’espace.

Enjeu local

Quatre ans durant j’ai été en contact profond avec les régions nord du Mali dans le cadre d’un projet de cartographie et d’inventaires miniers.

J’ai constaté que l’horizon de cette partie du Mali est orienté vers l’Algérie. Tous les produits de bases essentiels pour vivre venaient d’Algérie. Je garde encore en moi le traumatisme des enfants aux abords du Markouba juste après Almoustarat en allant à Tessalit via Aguelhok et entre Abeïbara-Tinzawatin, me mendiaient de l’eau, ne voulant ni pain ni sucre. Cela été ma forte interpellation, comment sédentariser les ressources du Nord ?

A l’époque jeune (33 ans) politique engagé, j’ai essayé de partager mon traumatisme, très révolté j’ai dit que tout est entretenu pour un cycle de rébellion au nord. En intériorisant qu’une Nation est mieux qu’une fédération, la fusion des harmonies et des différences. La nouvelle gouvernance devra créer les conditions de l’appropriation, par tous les Maliens, du sentiment d’appartenance à une même Nation.

La République est interpellée dans sa capacité à formuler et à mettre en œuvre des réponses. La République doit se réconcilier avec ses exclus. Notre société devra s’enrichir de la capacité des uns à soulager la solitude des autres.

Lorsque j’évoquais mes préoccupations sur le nord on m’opposait la réponse décentralisation comme si ce modèle fétiche suffisait à lui-même. J’ai vu des fractions dotées de quelques mètres de grillages et des arrosoirs par des projets et cela était synonyme de développement. En même temps pendant mes géo-traverses je croissais souvent des colonnes de véhicules tous terrains hyper armée on me disait des contrebandes de cigarettes.

A l’époque je me suis évertué à expliquer que pour anticiper sur une autre rébellion éventuelle, nous devrions sédentariser les ressources au nord par exemple en sur-creusant les mares dans : le Tilemsi surtout aux abords d’Aguelhok, à Amalaoulaou, à Sorori et Tina-hama, entre autres.

De même en aménageant les bassins versants des oueds avec leur micro climat propice à la culture de pâturages ne serait-ce que pour fixer les animaux ? Sinon le foyer sera toujours latent, nous étions en 2001. Le béton comme symbole de la présence de l’Etat n’était pas une solution dans un tel environnement socio-économique. Le Mali est un et son destin sera unique dans la pluralité des opinions, des origines et des obédiences.

Je voudrais rendre ici un hommage à la mémoire d’un de mes techniciens géologues émérite en la personne du jeune Sidi Yaya Touré froidement abattu en plein Kidal vers 18 h pour lui arracher mon véhicule de chef de mission. J’en resterai marqué à vie.

Bien que j’avais recruté les ex-combattants dans mes équipes, malgré ma diplomatie de méchoui avec Ibrahim Ag Bahanga, j’ai perdu un jeune à peine âgé de 26 ans. A l’époque je me suis fortement interrogé : est-ce que le monopole de la violence doit être du domaine de l’Etat ou des groupes armés ? Sur l’autre versant du Tamesna comment notre voisin du Niger appréhendait cette question ?

A suivre la gouvernance de l’abondance : Est-ce le Mali échappera au syndrome polonais ou s’inspirera-t-il du modèle des Emirats arabes-unis (Dubaï) ?

Dramane Dembélé

Ingénieur géologue, consultant Indépendant secteur minier

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