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Audit des Institutions, Directions nationales et Projets : L’arme fatale de Cheick Modibo contre les politiques ?
Publié le mardi 3 juillet 2012   |  Le challenger


Le
© AFP par AHMED OUOBA
Le Premier ministre par intérim Cheikh Modibo Diarra, reçu par le président burkinabè et médiateur Blaise Compaoré


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Lors du dernier conseil des ministres tenu le mercredi 27 juin 2012, Cheick Modibo Diarra a informé les membres du gouvernement de sa volonté de procéder très prochainement à l’audit des institutions de la République, des directions nationales et des projets. Le 25 juin dernier, 48 heures à peine avant cette décision du Premier ministre, le Réseau des parlementaires maliens sur la gouvernance et la lutte contre la corruption (APNAC-Mali) a exigé au cours d’une conférence de presse un audit financier des institutions. Quelle heureuse coïncidence.

Pourquoi une telle initiative qui, au demeurant, n’est pas une nouveauté dans notre pays, est devenue subitement un impératif ? Pourquoi précisément maintenant ? En attendant que les uns et les autres finissent d’épiloguer sur son opportunité ou sa pertinence, la question qui revient sur les lèvres depuis la fameuse annonce est la suivante : Cheick Modibo Diarra veut-il faire taire certains politiques qui dérangent son gouvernement ?

Reste que le risque que court le Premier ministre est bel et bien celui de prêcher dans le désert. Pour la raison que voici : quels résultats fiables espère-t-il atteindre après le passage des ‘’criquets pèlerins’’ (pour reprendre l’expression de ce secrétaire du ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale) dans les départements ministériels lors des événements du 22 mars ?

La première institution, qui est la Présidence de la République, a été pillée dès les premières heures du coup de force militaire. Ici, tout a été emporté : ordinateurs, documents, effets personnels, téléviseurs, frigos etc. Par qui ? Les mutins ? A Koulouba, le plus petit bureau a été visité. A la Cité administrative, le Premier ministre sait les conditions dans lesquelles se trouvait le bureau primatorial lorsqu’il prenait fonction. Tout y a été dévasté. Même le ministère de la Défense et des anciens combattants, que l’on croyait à l’abri de pillages, n’a pas été épargné. Des documents ultra-sensibles y auraient disparu. Que sont devenus les fonds collectés auprès de la population afin de soutenir l’effort de guerre ? Personne ne sait. Et personne n’en parle !

Pendant plusieurs semaines, les vendeuses d’arachides ont emballé leurs marchandises avec de documents ultra-sensibles qui n’auraient jamais dû se retrouver entre les mains de tierce personne. En absence des ordinateurs, des disques durs, les documents censés confondre, quel audit peut-on mener ? Les auditeurs vont-ils interroger les murs ?

Quelle est la responsabilité de ceux-là qui se sont précipités dans les ministères et autres institutions pour dévaster ou faire disparaître les traces de cette délinquance financière dont le Mali souffre tant ? Les disques durs et autres documents auraient permis peut-être de confondre bien de cadres civils ou militaires ou d’hommes politiques qui se sont servis de l’argent public pour financer des activités de leurs partis.

L’autre vérité est que le Premier ministre devrait veiller à ce que l’audit ne soit une occasion pour régler des comptes personnels. Le risque est d’autant plus élevé que Sidi Sosso Diarra, son aîné et non moins ancien vérificateur général, est actuellement conseiller spécial à la Primature. Ce dernier aurait des dents contre de nombreux cadres incriminés dans ses différents rapports classés sans suite par la justice. Il ne faut pas non plus que ledit audit soit une occasion pour son initiateur de récompenser des proches en leur octroyant le marché dont la facture sera certainement salée pour le contribuable malien. Malheur à ceux qui volent, trahissent leur peuple !

Par Chiaka Doumbia

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